Jacob et l'étrange dame du parc
Jacob se promenait tranquillement dans le zoo, admirant les animaux, s’attristant quelque peu de les voir en cage. Il passa en flânant devant l’enclos des ours blanc, et s’arrêta, perplexe. Il y avait aux côtés de la bête une étrange personne. Ses cheveux verts relevés en chignon fouillis, agenouillée à même le sol dur, la femme manipulait avec aisance une énorme outre. Elle semblait traire l’ours, qui n’opposait pas de résistance.
Au bout d’un moment, elle se releva et sorti tranquillement. Le garçon se précipita vers la partie du zoo réservée aux employés pour essayer d’apercevoir l’étrange femme. Alors qu’il courait, pressé, il heurta une personne. Le choc l’envoya au sol, et il se releva, rouge de confusion, pour s’excuser. En levant les yeux, il vit la femme de l’enclos. Elle était très impressionnante de près. Sa petite taille, combinée à sa largeur d’épaule, lui conférait un air de lutteuse miniature.
-Je suis confus, Madame, je ne voulais pas vous bousculer.
Son interlocutrice éclata de rire.
-Ne t’en fais pas mon poussin, je n’ai rien senti.
Jacob se demanda un instant comment il devait prendre cette remarque, puis abandonna l’idée.
-Je vous ai vue dans l’enclos de l’ours, vous êtes vétérinaire ?
-Non mon lapin, mais mon appétit commence à se réveiller alors il me fallait récupérer mes ingrédients.
-Vos ingrédients madame ?
-Oui mon canari. D’ailleurs, comme tu m’as l'air d’être un gentil garçon, j’aimerais te demander de l’aide. Vois-tu, je compte faire de la pâte d’épeautre, mais la fabriquer demande de l’énergie et je me suis fatiguée à traire cette charmante créature.
Le garçon ne sut que faire. Sa mère lui avait toujours répété de ne jamais suivre des inconnus mais cette dame semblait gentille. Et puis, il était curieux de découvrir le goût du lait d’ours. Alors il accepta.
La femme tapa dans ses mains comme une enfant et sautilla sur place. Elle semblait vraiment heureuse d’avoir un coup de main.
Ils s’engagèrent dans un petit chemin s’éloignant dans les profondeurs du parc, et débouchèrent sur une charmante clairière entourée de grands arbres. Au centre était blottie une chaumière de pierre et de chaume. Ils entrèrent et la femme mélangea les ingrédients. Elle mit d’abord la farine d’épeautre, et elle ajouta des œufs et le lait d’ours. Elle lui indiqua ensuite de pétrir la pâte.
Le garçon obtempéra. Après une dizaine de minutes, Jacob sentit ses bras commencer à le lancer. La femme s’approcha et hocha la tête.
-Ça ira comme ça.
Il poussa un soupir de soulagement et la laissa s’emparer de son œuvre.
-Vois-tu, charmant garçon, cette pâte me permet de faire des petites tartes aux fruits. Et ces tartelettes permettent de lutter contre l’urate. C’est un acide gastrique qui peut faire des dégâts sur la santé. Au fait, je suis guérisseuse.
Jacob sentit son estomac faire du yoyo. Il commençait à se sentir mal.
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