Au pied du volcan
Depuis ce matin, Sapienta et sa mère, Domitia, se sont employées sans répit à apaiser les maux des pompéiens. La fatigue se lit sur leurs visages. En fin de journée, elles retrouvent le calme de la campagne après des heures à écouter, soigner, soulager les pompéiens. Leurs réserves de plantes médicinales s’épuisent jour après jour.
- Ma fille, essaie de trouver du pavot, je n’en ai plus. La plupart du temps j'arrive à en réduire son usage, mais de nombreuses femmes se plaignent du ventre.
- Mère, la saison est heureusement propice à une telle cueillette, sois rassurée, nous en trouverons.
- Ton père voudrait que tu restes davantage avec moi, ne t'éloigne pas trop, veux-tu, j’ai besoin de toi.
- Tu sais que j'aime par-dessus tout apprendre les secrets des plantes auprès de toi, mais mon père n'apprécie pas de me voir grandir. Il souhaite surtout surveiller mesée et venues.
- J'en conviens, il t’aime tellement.
Munies de leur panier d’osier, elles retournent à leur quête, armées de leur petit couteau, pour couper délicatement les tiges.
Face à elle, l'immensité des champs incultes, les parcelles qui n'appartiennent encore à aucun pompéien.
Partout des millepertuis, des myrtes, toutes ces merveilleuses plantes sans lesquelles le peuple ne pourrait vivre sereinement.
La montagne Vésuve, la prestigieuse élévation qui domine la ville offre un bel environnement et surtout une terre fertile propice à de nombreuses cultures. Rien ne manque aux pompéiens : vignes, oliviers, figuiers produisent en abondance de beaux fruits. Le commerce est florissant. Les productions locales sont envoyées par bateaux entiers au-delà de la Méditerranée.
Les habitants sont fiers de leur habileté à faire pousser toutes choses. Les conduits amenant l'eau depuis le fleuve Sarno jusqu’aux rues de la ville améliorent grandement leur quotidien.
À chaque croisement de rue on peut voir une fontaine dont l’eau est utilisée quotidiennement par les teinturiers, les boulangers, les forgerons.
La ville fourmille d'activités. Chacun apporte sa contribution à son embellissement.
La journée tire à sa fin. Les couleurs changeantes du ciel s’assombrissent peu à peu. Il est temps de rentrer.
Leurs paniers remplis de fleurs sauvages ( marjolaine, fenouil, fleurs de grenadier) portés au creux du bras, les deux femmes, unies par une belle complicité, se dirigent, le sourire aux lèvres, vers leur foyer, La Maison aux anges dorés.
Pendant des heures, installées tranquillement dans l’atrium de leur villa, elles vont trier les fleurs et les classer selon leur usage pour se préparer à prodiguer à nouveau leurs soins le lendemain.
Elles se concentrent sur leur tâche sous le regard innocent des petits personnages ailés peints sur les murs.
Aujourd'hui encore, elles ont fait honneur au dieu guérisseur Serapis.
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