Agaliam

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Leurs armes ayant retrouvées leur fourreaux, la marche vers Jimar, petite escale dans leur périple, reprit parmi les plaines colorée. Après deux heures à mettre un pied devant l’autre, sans que rien ne vienne les perturber, le village était en vue.

Hasrabel proposa au groupe de se restaurer à l’auberge, un bâtiment svelte bordant la route menant au centre du lieu. A l’intérieur de la vétuste bâtisse, construite à base d’un mélange fait de terre, d’eau et d’un minéral inconnu des Eraiens, Vallia continua ses questions :

« Quel était le mode de vie des Raeiens avant l’arrivée des Axems ?

— Chaque terre n’adoptait pas de fonctionnement propre, commença Hasrabel. Aucune d’entre elles n’avaient d’organisation centralisée. Les cités et villages ont un doyen, un Raeien choisi parmi les plus sages, pour en être le leader. Malgré ce mode de vie décentralisé, les Raeiens formaient une communauté partageant toutes ses connaissances et ses ressources par le commerce de grand chemin.»

Les paroles d’Hasrabel accompagnèrent le repas, avec entrain pour Hellie et sans intérêt pour Guidomex. Rapidement, la route les appela de nouveau et Agaliam était devenu leur prochain objectif.

En chemin, des sabers toujours aussi agressifs, des guilio à la tête ridiculement petite et aux gigantesques pattes jonchées de griffes, des folicus volants aux serres acérées, et des haurian à huit pattes avec des crochets en guise de gueule, leur rappela qu’ils n’étaient pas sur Era. Malgré leur férocité, chaque assaillant fut défait à force d’estocs, de taillades et de hud.

Les deux premiers Solars commençaient à disparaitre dans un ballet de feu brulant lorsqu’ils arrivèrent à Agaliam. Enfin ils allaient pouvoir se reposer de ce voyage fastidieux, Hasrabel les conduisant vers la première auberge pour la nuit.

« Comment se passe le règne de la communauté de Ryva ? demanda Vallia en s’installant autour de leur diner à peine servit.

— Comme sur Era après la Grande Exécution. Le respect des règles, les exécutions à leur transgression, la mise à l’arrêt du commerce de grand chemin, c’est ce qui régit la vie ici. Mais Ryva est beaucoup plus réfléchie et calculatrice que Skyva. Le temps n’a pas d’emprise sur ses ambitions.

— Era risque un jour de subir son invasion, coupa Guidomex songeur.

— C’est inévitable. Elle, et les vingt Magisterius composant l’élite de se combattants, collecteront la Via de Rae et se tourneront ensuite vers sa jumelle.

— Ces Magisterius, sont-ils puissants ?

— Bien plus que les Executors Primas ne l’étaient. Ils sont répartis sur les terres de Rae : Huit sur Akmmar, les terres chaudes de l’ura, Huit sur Anayanei, les douces terres centrales, et trois sur Raylia, les terres continentale de l’ira. Le dernier, lui, régit Emerala, les sombres terres de l’ara d’où vous clamez venir. »

Toujours au rythme des explications d’Hasrabel, le repas se déroula dans une quiétude presque chaleureuse. Seule Vallia ne pouvait chasser son objectif de son esprit attristé : Ashron. Tandis que ses compagnons gagnaient leur chambre pour un repos salvateur, l’idée d’une balade nocturne lui vint.

Dehors, l’allure des bâtiments, proche de ce qu’elle avait pu voir sur Esgard, la frappa. Aucune forme géométrique Eraienne ne dessinait les courbes des lieux. La technologie présente ne l’impressionnait guère mais les formes n’épousaient aucune courbe logique à ses yeux. Chaque immeuble, relié en hauteur par des ponts courbés et voutés, défiait les lois des forces qu’elle connaissait. Jamais il ne devrait tenir debout ainsi conçue.

Au gré des pas qui la portaient, L’Eraienne arpentait maintenant une rue bordée d’échoppes. Voulant se libérer l’esprit du fardeau de son amant perdu, elle traina devant certaines d’entre elles. Son esprit ne parvenait pas à saisir toutes l’utilité des objets que ces yeux observaient.

« Et dire qu’Ashron vit ici depuis si longtemps » se laissa-t-elle à penser.

Soudain, une voix raisonna derrière elle.

« Et toi la ! »

Au son qui l’interpellait, Vallia se retourna pour dévisager le Raeien qui en était à l’origine.

« Oui ? lui répondit-t-elle, calmement.

— Que fais-tu seule ? Dans les rues désertes ?

— Ça se voit non ? Je marche, répondit-elle non sans une certaine ironie.

— Ne te moque pas de moi. Que fais-tu dans nos rues, Emeralienne ?! »

Bien qu’ayant compris la méfiance que suscitait les habitants d’Emerala, Vallia continua le mensonge pour éviter toutes interminables explications.

« Je me balade. Mais il se fait tard et je vais rentrer.

— Je déteste les Emeraliens! s’exclama un autre Raeien. Pour qui te prends-tu à marcher ici, toute seule ?! »

Le souvenir des paroles d’Hasrabel se rappela à Vallia. Leur origine risquait de poser problème et elle en faisait les frais à cet instant précis.

« Au revoir, dit-elle en se retournant, toujours avec calme.

— Tu ne vas nulle part ! répondit l’un des Raeiens, en haussant le ton.

— Ma famille vit ici. On ne veut pas de toi chez nous ! s’écria l’autre, les mains tremblants d’envie d’en découdre.»

L’un des Raeiens se rua vers Vallia pour lui agripper l’épaule. D’un gracieux geste martiale, elle le repoussa avec force, au point de le projeter contre un mur derrière lui. L’autre décida de s’en mêler et se jeta alors sur elle sans savoir que cela ne servait à rien. Vallia, toujours avec cette célérité qui caractérisait son style, esquiva aisément l’assaut, saisit ses deux épées et les pointa vers lui et l’autre qui peinait à se relever au loin.

« Si vous cherche à vous battre, pas de problème, menaça-t-elle en lançant son regard électrique sur les deux assaillants.

— Saleté d’Emeraliens ! s’écria le Raeien encore debout.

— Laisse tomber, ils ne sont pas normaux ceux-là. Partons prévenir le doyen, il saura quoi faire. » ajouta l’autre qui s’était enfin relevé.

Son compagnon vint l’aider à se relever et tous deux partirent sans adresser un regard à Vallia. Cette dernière, agacée, décida d’en faire de même et de rentrer. Etant donné l’accueil réservé aux Emeraliens, le périple nocturne était fini.

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