Scéne 03 : Dixième plaie

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    C’est la première fois qu’il adopte une forme humaine. Enfin si une entité avec quatre bras prolongés par d’interminables griffes, trois yeux exorbités, des canines acérées de 25 centimètres de long, des pattes de boucs et deux paires de cornes dépassant de chaque côté de sa tête, peut être considérée comme étant les attributs d’un homme. Pourtant au moment où il revêt ces contours vaguement humanoïde le démon a l’impression de naître à la vie.

    Ce n’est pas la première fois qu’il est invoqué sur terre. Mais c’était sous une forme élémentaire. Il était l’eau, le vent, le feu ou la terre. Il ne possédait qu’une conscience fractionnée, assemblée et animée par la volonté d’une force supérieure. Chaque particule de son être était créée pour être au service de l’éternel, au service de sa grandeur, au service du projet qu’il caresse pour ses enfants.  

    Mais aujourd’hui, sa nature est bien plus complexe. De multiples éléments et processus lui permettent de respirer, de se mouvoir, de percevoir son environnement de diverses manières. Même calmes et immobiles, les molécules qui le composent ne cessent de bouger et s’entrechoquer. Elles répondent à diverses nécessités sur lesquelles il ne semble avoir aucun contrôle. Il sent le sang qui court dans ses veines, l’air qui traverse ses poumons, la lumière qui frappe ses rétines, le vent qui caresse sa peau et bien d’autres choses. Autant de messages qui l’assaillent violemment pour lui permettre de percevoir les conditions de la vie qui aujourd’hui l’anime. Mais ce mélange de douleur et de bonheur n’est pas ce qui est le plus difficile à assimiler. Cette conscience matérielle de son existence est accompagnée d’informations complexes à qualifier. Il ne sait pas, ce qu’il doit en penser.

    Penser, mais qu’est-ce que cela veut dire ?

    Le démon se rend compte que lorsqu’il recherche la force supérieure qui d’habitude le contrôle, il ne la trouve pas. Levant la tête vers le ciel à la recherche du Tout-Puissant il s’aperçoit avec stupeur que ce geste il l’a fait seul. Il dirige alors son front vers le sol et plie ses bras vers son visage pour regarder ses mains.

    Je peux décider de bouger seul. Je respire comme les humains et comme eux je peux déterminer mes mouvements. Mais pourquoi l’éternel m’a offert autant de liberté ?

    Sa mission, habituelle, c’est d’imposer la mort aux hommes. De la leur donner de la façon la plus spectaculaire possible. De marquer au fer rouge leurs âmes. De leur rappeler qu’ils doivent à leur créateur une foi et une obéissance inconditionnelle. Quand le démon descend sur terre, c’est pour éduquer l’humanité.

    Il se souvenait vaguement du moment où Dieu l’avait invoqué pour la première fois. C’était une époque sombre où les hommes avaient détruit tout ce qui était beau et juste. Tout ce qui faisait la grandeur de l’œuvre du créateur. L’éternel était resté sans voix devant tant de désobéissance et de violence. Il avait douté bien des années, plusieurs siècles en fait, avant de se décider à intervenir. Mais alors qu’il hésitait sur la marche à suivre, la colère envahissait peu à peu son esprit. À chaque crime commis par les hommes elle grandissait, prenait du poids. Elle faisait pencher la balance de la justice vers un jugement à la hauteur des dépravations subies par l’œuvre divine. Une décision à la mesure du manque de foi de l’humanité. C’est ainsi que le démon était né.

    Si les hommes avaient étés créés à l’image de leur seigneur. Le démon, lui, a été créé à l’image de sa colère.  

    De l’eau était venue la vie. C’est d’elle que devait venir la mort. La première forme élémentaire du démon fut liquide. Il envahit le monde, descendant du ciel ou remontant des sources souterraines. Submergeant les terres afin de noyer, en son sein, hommes et animaux. Pendant quarante jours et quarante nuits, il avait œuvré à l’extinction de la vie. Berçant dans ses bras aquatiques l’arche de Noé. Préservant ainsi le cœur d’une croyance renforcée. Protégeant les graines d’un nouveau départ pour le règne animal et l’humanité.

    Malgré sa forme élémentaire, le démon possédait l’amour du travail bien fait. Quelle ne fut pas sa gloire, lorsque les eaux reprenant leur place en faisant de nouveau émerger les terres, la foi des survivants, et leur respect pour la beauté de la création, furent plus fortes que jamais ! Il fut rappelé au ciel, au sein de la félicité divine, avec l’impression d’avoir contribué pour toujours à la grandeur de son créateur.

    Mais malheureusement, Dieu devait de nouveau faire appel au produit de sa colère, pour asséner de nouvelles leçons nécessaires à l’éducation d’une humanité bien trop turbulente. Le démon sait combien l’amour paternel et la patience de son seigneur ont été mis à l’épreuve. Après plusieurs interventions mineures au cours de ces derniers siècles, le démon était redescendu sur terre il y a quelques jours pour punir les Atlantes.


    Les Atlantes étaient une nation qui avait décidé que le progrès scientifique devait primer sur toutes choses. Ils étaient fiers de montrer aux peuples qu’ils considéraient comme inférieurs que leur maîtrise de la science les couvre de bienfaits. Combien l’utilisation belliciste d’inventions interdites par le Tout-Puissant leur donne sur les autres un avantage stratégique incomparable. Ils avaient oublié les enseignements transmis par leur foi païenne qui auraient dû leur montrer les limites à ne pas dépasser. Mais les temples étaient abandonnés et personne ne venait plus s’y recueillir pour écouter les conseils des dieux.

    Plus que toute chose, les Atlantes avaient poussé l’affront jusqu’à se croire l’égal du créateur. Leurs scientifiques dans le secret de leur laboratoire faisaient naître de nouvelles formes de vie totalement inédites. Des bêtes croisées avec des hommes, des créatures se nourrissant d’énergie vitale, des monstres maîtrisant des pouvoirs interdits ou rassemblant diverses pièces du règne animal entremêlées de façon disparate. Des créations grotesques et dangereuses faisant offense par leur seule existence à la beauté de l’ouvrage divin.

    Le châtiment devait être exemplaire. Il devait oblitérer définitivement l’existence de ces incroyants, de leurs maudites inventions, mais surtout, des abominations qu’ils avaient osés enfanter.

    Par chance, les Atlantes habitaient une grande île située, au sud de la mer Égée. La mentalité de ce peuple reposait sur une forte appartenance à leurs terres et sur une méfiance envers le continent. Cet esprit îlien avait contenu leur dispersion. Il suffisait donc à l’éternel de détruire leur foyer, pour effacer toute trace de leur existence.

    Le démon dans une forme élémentaire faite de terre et de rochers avait compressé le magma sous l’île pour créer un volcan monstrueux. Un Béhémoth de lave en fusion dont l’explosion cataclysmique allait rayer l’Atlantide de la carte. Une catastrophe tellement remarquable qu’elle deviendrait une légende. Un événement dont on parlerait encore des millénaires plus tard sous le nom d’éruption minoenne. Une juste rétribution à la hauteur de l’orgueil démesuré des Atlantes.  

    L’explosion du volcan avait créé un large cratère à la place de l’Atlantide. Elle fut entendue par tous les peuples habitant autour de la méditerranée, y compris au Sud, par une peuplade, qui ne tint aucun compte d’un avertissement divin, qui pourtant lui était directement adressé. Car le démon n’était pas descendu sur terre que pour punir les Atlantes, il devait aussi s’occuper des Égyptiens.


    Les Égyptiens sont nés dans le désert autour du Nil il y a plus de 1 600 ans. Contrairement aux Atlantes ils croient fermement aux enseignements dispensés par leurs dieux et respectent leurs commandements avec ferveur. S’ils ne croient pas au Tout-Puissant, ils reconnaissent l’existence de l’âme et la nécessité pour chacun d'adopter des règles de vie saines de leur vivant, pour accéder après leur mort à la vie éternelle.

    Bref, même si leurs dieux et rituels diffèrent de ceux du peuple élu. Il n’y a rien dans leur croyance qui pourrait vraiment déplaire au créateur de toute chose.

    Tout s’était très bien passé lorsque les juifs étaient arrivés sur les terres d’Égypte. Akenathon le Pharaon en exercice avait même élevé Joseph, leur patriarche, à la distinction de Premier ministre et ami personnel. Mais à sa mort, son successeur « Ramsès II » avait décidé de dénoncer les accords passés entre les juifs et son prédécesseur. Il décida de mettre les juifs en esclavage. Il avait besoin de main d’oeuvre pour travailler sur les nombreux chantiers qui devaient consacrer sa postérité.

    Le père de l’humanité avait envoyé Moïse et Aaron, deux patriarches du peuple élu, convaincre Pharaon de laisser partir leur peuple. Pour appuyer leur requête, Aaron avait réalisé quelques tours pour démontrer que leur dieu pouvait réaliser des miracles pour les siens. Mais habitué à être considéré comme l’égal d’un dieu, Ramsès II ne fut pas très impressionné par la démonstration qui lui avait été faite. Le démon devait donc apporter la preuve que le dieu des juifs n’est pas un adversaire à sous-estimer.

    Mais, provoquer un cataclysme comme un déluge ou une éruption volcanique n’est pas possible cette fois-ci. Les deux peuples, Juifs et Égyptiens sont entremêlés. Il est impossible de déclencher une catastrophe qui frapperait l’un sans impacter l’autre. C’est pour cette raison qu’en œuvrant souterrainement à la destruction de l’Atlantide, le créateur avait prévu également une suite d’événements destinée à atteindre une cible situé 3 000 kilomètres plus au Sud.

    Sous une forme élémentaire mêlant la terre et le feu, le démon avait dû préparer un « feu d’artifice », créé en l’honneur du Pharaon. Composé de roches volcaniques brûlantes, de soufre et de sulfure, il s’est élevé vers le ciel pour retomber sous la forme d'une pluie embrasée sur les terres du Nil.

    Les pierres volcaniques s'abattaient sur le pays. Les roches toujours incandescentes en leur cœur incendièrent les greniers où étaient entassées les récoltes. Tombant dans le Nil elles transformèrent les eaux en sang. La réaction chimique qui fit rougir les eaux déstabilisa l’écosystème nécessaire à la vie des créatures aquatique. Les poissons moururent en masse. Pourrissant par milliers, dans des eaux devenues impropre à la vie. Leurs corps boursouflés contaminent les eaux du fleuve devenues putrides. Les grenouilles se mettent à fuir cet environnement fatal, mais trop tard, pour ne pas trépasser à leur tour un peu plus loin dans les terres.

    Leur population n’étant plus régulée par les batraciens, les insectes en tout genre se mirent à pulluler.  Ils commencèrent par ravager les cultures. Se reproduisant dans les eaux nauséabondes et se nourrissant de cadavres ils se mirent à transporter des maladies. Les animaux alentour en furent victime transmettant celles-ci au bout de la chaîne alimentaire aux Hommes.

    Ces événements concentrés sur seulement quelques jours donnaient l’impression à la population que chaque matin apportait sa catastrophe. Encore une fois, comme lors du déluge, la mort est apportée par les eaux. Pour une population aussi dépendante du Nil, sachant qu’elle est leur principal moyen de subsistance en ces terres désertiques, c’était logique.

    Après avoir envoyé ses pierres incandescentes en direction du Nil, le démon prend la forme du vent. Il doit conduire les lourds nuages de fumée noire produits par l’explosion volcanique vers les terres d’Égypte. Lorsque les nuages noirs, apparurent au-dessus de l’Égypte en assombrissant le ciel pendant plusieurs jours, la population avait payé un lourd tribut à l’éternel.

    Mais malheureusement, cela ne devait pas suffire pour convaincre Pharaon. Sa stupidité, n’avait d’égale que son entêtement. Tous les hommes sains d’esprit auraient cédé ne voulant pas attirer sur leur population plus de malheur. Ne voulant pas perdre l’influence qu’il possède sur les prêtres et notables qui appuient son règne. Il aurait évité une décision susceptible de le rendre définitivement impopulaire. Lorsque Moise et Aaron, se présentèrent, pour la neuvième fois consécutive devant lui pour négocier la libération de leur peuple, malgré toutes les preuves démontrant la puissance et la grandeur du dieu des juifs, Pharaon répondit qu’il ne céderait pas. Qu’il refusait de négocier avec quelqu’un qui ne savait que semer la terreur* et le chaos !

    Mis en face de cette fin de non-recevoir, le créateur savait qu’il allait devoir augmenter au-delà du raisonnable le prix que devrait payer l’Égypte. Tout cela pour arracher à Pharaon son consentement.


    C’est pour cette raison qu’aujourd’hui, le démon s’est éveillé à la vie. Tel un nouveau-né, il respire pour la première fois, découvre la beauté du monde avec un regard plein d’innocence, plonge avec une certaine appréhension dans ses premières pensées conscientes et découvre ses premiers sentiments.

    Lorsqu’il s’interroge sur sa mission du jour, celle-ci lui apparaît comme évidente. Il doit, cette nuit, tuer tous les premiers-nés d’Égypte, humains ou animaux. Son seigneur veut décimer une génération entière de zéro à vingt ans.

    Cette mission aurait paru inhumaine et hors de proportion à n’importe qui, y compris pour le plus pieux des fidèles. Mais le démon vient juste de naître. Il n’a pas eu le temps de s’interroger sur des valeurs ou une éthique qui lui seraient propres. Il ne sait même pas que des concepts aussi abstraits existent.

    Encore baigné dans la lumière du créateur par le miracle qui l’a éveillé à la vie, il découvre au fond de lui, les raisons qui lui ont été transmises par dieu pour justifier ce massacre. Les premiers-nés sont importants pour les prêtres égyptiens. Dans les grandes familles, ils sont habituellement destinés à la prêtrise. Les premiers-nés des animaux sont de leur côté collecté comme impôts par les temples. Ils servent aux sacrifices. En supprimant tous les premiers-nés, l’éternel veut détruire Pharaon sur le plan politique. Une fois désavoué par la prêtrise, son règne de droit divin risque de s’achever bien vite. Le prochain maître de l’Égypte ne fera sûrement pas la même erreur.

    Du sommet d’une colline située à l’ouest de Thèbes, le démon, observe les mouvements dans le paysage créés par l’astre du jour. La douce chaleur du soleil réchauffant son dos, il voit son ombre planer au-dessus des « demeures d’éternité » en s’allongeant lentement. Les tombes des anciens rois et le nouveau projet monumental de Ramsès s’étalent devant lui tandis que la luminosité décline. Derrière ces tumulus aux formes géométriques parfaites se trouvent les abords de Thèbes où sont parquées les familles juives qui travaillent au chantier. Un peu plus loin, bordant le Nil à l’Est, la ville et ses terrasses fleuries respirent l’opulence.

    Le démon attend, avec une légère impatience, la tombée de la nuit qui marquera le moment ou il doit agir. Si cette attente se prolonge trop longtemps, son esprit qui tourne en boucle risque la surchauffe. Il représente, plus qu’un assemblage de matière ou un nexus de pouvoirs. Il découvre un intellect qui lui ouvre des portes multiples vers de nouvelles perceptions. Bien qu’il essaye de rester immobile, le monde lui apparaît chargé d’informations croisées, recoupées ou contradictoires toujours changeantes. Mais cet intellect aiguisé ne fonctionne pas totalement de manière efficace. Quand il pense à diverses choses qu’il a faites, ou à celles qu’il va faire et il ressent dans un coin de son esprit un léger dysfonctionnement. Un doute qui pourrait transformer sa mission en échec s’il décidait d’y prêter attention.

    Pour éviter un tel fiasco, le démon décide de clôturer mentalement les limites de ce dysfonctionnement et de ne plus aller rôder dans ses alentours. La seule chose qu’il a besoin de savoir c’est ce que Dieu veut qu’il fasse.

    Cette nuit, il va tuer tous les premiers-nés d’Égypte. Il sera le bras armé de la colère divine. L’éternel lui a offert le pouvoir de reconnaître les premiers-nés d’un seul coup d’œil et de se déplacer plus vite que le temps et l’espace. La seule chose qui doit le stopper dans sa mission, c’est un signe sur les portes des habitations ou des étables du peuple élu. Seuls les Égyptiens doivent mourir cette nuit.


    Voyant le dernier éclair jeté par le soleil à l’horizon avant la nuit, le démon s’élance vers sa mission. Il se téléporte en un instant dans l’une des maisons carrées recouvertes de boue claire du centre-ville. Sur le côté de la pièce auprès d’un petit foyer aux flammes immobiles, un homme et une femme sont figés comme des statues dans leurs gestes du quotidien. La femme remue une jatte pleine de soupe, la réchauffant près du feu. L’homme est en train de s’asseoir sur un tabouret près de l’âtre. Au fond de la pièce, sous une petite fenêtre le dernier rayon de soleil éclaire doucement un couffin. Le démon s’approche du berceau pour voir une petite créature emmaillotée. Gelé dans le temps, il tend une de ses petites mains pour tenter de saisir la poussière suspendue devant lui qui brille dans la dernière lueur de l’astre du jour. Comme le démon, c’est un nouveau-né.

    Le démon s’arrête quelques instants puis compare sa main, aux griffes aiguisées de quarante centimètres de long, avec celle potelée du nouveau-né tendue vers le ciel. Il reste ainsi pendant quelques secondes, puis il plonge violemment ses griffes dans le corps de l’enfant avant de s’évaporer.


    Quelques instants plus tard, la vie reprenant son cours, la femme après avoir servi le repas de son mari se tourne vers le berceau baissant l’une des bretelles de sa tunique afin de nourrir son enfant. Devant le regard figé du nourrisson, la femme se met à crier alertant son mari. L’homme s’approche, secoue le couffin doucement, puis plus brusquement avant de se pencher vers le visage du poupon pour essayer de voir s’il respire. Devant l’absence de signe de vie, il s’effondre à côté de sa femme tous deux pleurant leur désespoir.

    Comme en écho à cette scène les cris et les pleurs envahissent le quartier puis la ville et enfin tout le pays.


    Avant de remonter au ciel pour retrouver l’éternel, en écoutant le désespoir des Égyptiens porté par le vent du matin, le démon, bien qu’il éprouve la douce quiétude d’un travail bien fait, se rend compte que dans son esprit, le périmètre de ses doutes s’est agrandi.

    Est-ce cela qu’on appelle le libre arbitre ?         

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