la page blanche

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La voilà. Moi qui la redoutais tant. Elle devait bien arriver un jour. La page blanche. Elle hante tous les écrivains, les professionnels, comme les novices, semblable à l’épée de Damoclès qui pend au-dessus de la tête de toute personne voulant aligner ses pensées en quelques mots. Depuis mes débuts, elle ne m’avait jamais atteinte, ni quand j’écrivais des poèmes bidons à mes copines, ni quand j’ai écris le roman qui m’a fait connaitre « La niche d'outre-tombe ». Pas une seule fois je me suis retrouvée comme aujourd’hui. Je suis là, assise dans mon bureau, à attendre qu’une idée, rien qu’une, ne me vienne à l’esprit. Je le sais, si un mot me vient, il sera suivi d’un autre et encore d’un autre, et tous ensemble ils finiront par crée un texte, mais aujourd’hui ce premier mot ne veut pas sortir de mon esprit, il est comme bloquer dans ma boite crânienne et ne désire pas atteindre ma feuille. Est-ce la fatigue ? l’ennuie ? Ou suis-je tout simplement lassée d’aligner des mots. L’angoisse de mes débuts me submerge, mon poult s’accélère, les larmes me montent aux yeux, je passe par plein d’émotions en même temps, la peur, la colère, la tristesse. Est-ce que je suis trop émotive ? Après tous, je suis simplement seule, assise sur ma chaise de bureau devant mon PC, et cette maudite page Word perpétuellement blanche.

J’ai l’impression de devenir folle. J’ai fait le tour du monde pour promouvoir mon foutu livre, les gens me félicitaient et me confiaient d’être envieux de mon talent. Mais quel talent ? Je suis à deux doigts de péter un câble, parce que je n’arrive tout simplement pas à faire ce qui m’a permis de vivre ces derniers mois. C’était si simple, pourquoi maintenant je n’y arrive plus ? Voilà 4 heures que j’attends là. On ne peut même pas dire que je réfléchis, je me sens comme vide, mon esprit est vide, mon corps est vide. Quelque instant plus tôt j’étais remplis de plein de sentiments, plein d’émotions et maintenant plus rien je me sens comme hors de mon corps, assise sur ma chaise à fixer le coin supérieur gauche de mon écran.Pour me changer les idées, je me lève et décide d’aller me faire un thé. Un thé vert menthe avec deux sucres et un peu de lait comme d’habitude. Quand je reviens à mon poste, j’ai réussi à me bruler le doigt avec la bouilloire, mais j’ai un sentiment étrange, comme si la créativité venait enfin, je pose mon mug et m’assois en vitesse, tape quelque mot :

[-C’était un jour comme les autres dans la petite ville de]

Et là.

Plus rien. Je bloque. L’euphorie des 30 dernières secondes est repartit aussi vite qu’elle est arrivée. La ville de quoi ? Où pourrai bien se passer cette histoire, et que raconterait elle ? Là, je sens la colère me monter aux joues. C’est nul !

Sans trop réfléchir, ni calculer se que je fais, j’appuie longuement sur effacer jusqu’à ce que ma fiche redevienne complètement blanche. Je n’aurais jamais pensé que de me retrouver de nouveau face à cette page, qui contenait 11 mots il y a quelques secondes, mais qui était dorénavant blanche, m’abattrais à ce point. Ce n’était que 11 mots. Je peux les réécrire quand je veux, ils sont très simples à mémoriser. Mais au lieu de les remettres, cette page de nouveau blanche, vierge, dépourvu de mot, d’histoire, de vie m’accable d’une profonde tristesse.

Lors d’une réunion avec mon éditeur, il m’avait mis en garde sur le « toucher le fond » comme ils l’appellent, après la promotion du premier livre. Je passerais d’une vie rythmée par les interviews, les dédicaces, et les campagnes publicitaires, à un retour à la normal, une vie rythmée par aucun projet important. Est-ce se que je suis en train de le vivre en ce moment ? Est-ce que je « touche le fond » ? Je ne pense pas. Je n’espère pas. Certains peuvent facilement reprendre le « métro, boulot, dodo », mais moi, ayant tout quitter pour devenir écrivaine. Quelle idée !? je me suis encore emportée. Maintenant je suis devant cette page blanche à me dire que ma vie en dépend. Est-ce que ma vie en dépend ? Je suis épuisée, et vidée. Je décide d’aller me coucher, je verrai demain, il parait que la nuit porte conseil, ou pas.

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