Max fixait encore le cube noir. Il avait reculé, par instinct plus que par peur, mais ses yeux restaient accrochés à l’inscription comme s’ils cherchaient à en déchiffrer une seconde couche invisible.
"Tu avances seul maintenant. Mais étais-tu vraiment accompagné ?"
Ces mots résonnaient en lui. Comme un écho à ses doutes les plus enfouis.

« Bien sûr que j’étais accompagné… » murmura-t-il pour lui-même. « Il était là. Je l’ai… je l’ai presque tué… » Sa voix se brisa.

Il se détourna enfin du cube, la mâchoire serrée, le cœur plus lourd que jamais. L’inconnu… il espérait qu’il avait survécu à la chute. Il n’en savait rien. Cette plaine semblait détachée de toute logique. Peut-être qu’ils n’étaient plus dans le même monde. Peut-être que rien ici n’obéissait aux règles.

Il marcha, lentement, à travers les brins d’herbe qui se pliaient sous ses pas sans jamais se froisser. C'était comme marcher dans une peinture animée. À un moment, il crut même que le sol se répétait, comme une boucle infinie. Chaque pas semblait le ramener à un autre coin de la même image.

Puis… quelque chose changea. Un bruit. Léger. Comme un rire enfantin, très lointain, porté par le vent. Max s’arrêta. Tendu. « C’est toi ? » lança-t-il.

Pas de réponse. Mais un nouveau rire, plus proche. Il fit un pas en arrière… et la plaine se tordit. Littéralement. L’herbe se recourba, le ciel pâlit, et le sol sembla se plier à une volonté invisible. La gravité chancela un instant. Max eut le vertige. Il tomba à genoux.

Puis tout redevint normal.

Max se releva, le souffle court. Il n’avait pas rêvé. Quelque chose jouait encore. Ce monde… était un terrain d’expérimentation. Un jeu.

Il se mit à courir, sans but précis, juste pour fuir cette sensation d’être observé, manipulé, piégé. Ses pas martelaient l’herbe trop parfaite. Puis, soudain… il tomba.

Encore. Pas un piège. Pas une faille. Juste… un trou. Un simple trou dans le sol, parfaitement rond, parfaitement sombre.

Il se redressa, grognant. Et là… il le vit. Une forme, allongée, au fond du trou. Il crut d’abord à un mirage. Puis il reconnut les vêtements. La silhouette. Le corps.

L’inconnu.

Il était là. Inconscient, ou presque. Étendu dans cette obscurité, comme s’il n’avait jamais quitté sa chute. Max hésita. Était-ce un piège ? Une illusion ? Encore une farce de cette entité ?

Mais il n’avait pas le choix. Il descendit.

Le sol du fond était doux, comme du sable. L’inconnu ouvrit les yeux, à peine. Max se pencha, haletant.

« Hé… c’est moi. C’est Max. Tu… tu vas bien ? »

Un sourire moqueur se dessina lentement sur les lèvres de l’inconnu.
« Tu cours toujours après les ombres… ou t’as enfin appris à viser juste ? »

Max soupira. Il était vivant. Et toujours aussi agaçant. Mais cette fois… il n’était plus seul.