Extrait/ air de la dérive Midraël
Rien du tout. Il n'avait rien trouvé. C'était le cinquième atterrissage sur la lune. Il n'avait trouvé aucun débris. Pas la moindre trace de la tour Macma d'Europe. A peine quelques émetteurs secondaires. Quelques autres pièces étaient retrouvées de ci de la dans l'orbite du satellite. Mais la tour et ses habitants restaient introuvables. L'espoir de Midraël était incassable. Ils n'étaient pas morts. Il avait la foi. Son esprit restait néanmoins inquiet pour un autre de ses amis. Le contact avec la tour jumelle du Japon avait été perdu une minute avant de perdre la tour d'Europe. L'infection pouvait en être la cause. Si elle les avait suivis. Mais Midraël refusait cette idée. Elle avait quitté les radars des autres tours et demeurait introuvable dans l'espace qu'elles balisaient.
Deux ans plus tard, Midraël était agenouillé, priant dans une chapelle, implorant le seigneur de porter son regard divin, sa bénédiction et sa protection à sa famille, à son ami Samir, et à tous les habitants. Ils étaient toujours en vie. Il le sentait quelque part en lui. Une lumière artificielle renvoyait les reflets et les couleurs des vitraux sur le visage de l'occidental. Ça faisait deux longues années qu'il avait perdu la trace de Melinda et Leïla. Depuis il priait tout les jours. Matin, midi, et soir, dans chaque moment où il n'était pas occupé à chercher des solutions pour retrouver la trace de la tour jumelle. Les choses se passaient bien dans la tour. Les passagers mangeaient à leur faim et pouvaient y travailler. Ils n'avaient atterri nul part jusque là. Les recherches pour retrouver la tour perdue avait prit fin après huit mois de recherches. Un prêtre entra dans la pièce ou priait Midraël et s'approcha de lui.
" Bonjour mon fils ! Il reconnut la voix du prêtre, s'étant confessé une semaine plus tôt.
- Bonjour mon père. Répondit-il en se levant.
- Je suis désolé de vous déranger. Mais je vous observais, et je réfléchissais. Voyez-vous, je repensais à ce que vous me disiez la semaine dernière. Alors, je me demandais pour qui vous pouvez bien prier. Pour vous, où alors pour votre famille ? Demanda le père responsable.
- Je ne penserais pas à moi tant que je n'aurais pas retrouvé ma famille, mon père."
Sur ces mots il prit sa veste posée sur un banc et s'en alla. Une réunion importante l'attendait deux heures plus tard. Des progrès scientifiques soulevaient de nouveau des questions d'éthique. Vu le virage que l'espèce humaine avait pris depuis la perte de la Terre. Les savants exigeaient que chaque décision importante soit discutée au plus haut sommet de la tour. Si le sujet de recherche était approuvé, son résultat circulerait bientôt dans la tour. Comme il aurait circulé sur terre. Midraël était abasourdi par la vitesse à laquelle le peuple avait trouvé ses habitudes. Comment les premières échoppes de trocs, les premiers divertissements avaient pris forme tout au long de la tour. Un cirque passa même à côté de lui alors qu'il montait vers la salle de réunion. Il faillit même rentrer dans un clown, habillé pour se confondre avec le décor. On entendait déjà les premiers poètes de la nouvelle aire scander leurs mots dans les couloirs. Il arriva le premier dans la salle. Le sujet à l'ordre du jour concernait la bio-mécanique. L'effectif avait été réuni pour produire des greffes de membres mécaniques en masse. Des membres plus réactifs, plus forts et plus résistants que ceux dont le corps humain était naturellement doté. Le docteur Kemder assurait la fiabilité des opérations, ainsi que l'authenticité des sondages effectués dans la tour. Les mentalités avaient changé, alors le directeur vota pour la mise en distribution des membres Kemder. Néanmoins, en ces temps, les décisions et les jugements de Midraël étaient troublés par ses pensées obscures. Il observa sans bouger cette vitesse à laquelle le corps des habitants changea après cela. Comment bon nombre d'entre eux avaient choisi d'échanger leur membre contre ceux créés par la fabrique Kemder. Les nouvelles marques et les nouvelles enseignes prenaient place en haut d'appartements. Les premiers étages où le troc se centralisait étaient définitifs dans la quatrième année de la dérive du peuple humain. Où pouvaient-ils bien aller? Il n'y avait pas de terres connues aptes à accueillir un peuple qui avait cru pendant si longtemps, être seul dans l'univers. Sous cette pensée, Midraël se rendit de nouveau à la grande paroisse de la tour. Et de nouveau, le père responsable vint l'interroger.
"-Vous semblez vous remettre un peu sur pied Midraël.
- Bonjour mon père. Oui, je l'espère.
- Votre maladie vous aurait-elle quittée?
- Pas selon le docteur.
-Je me suis toujours demandé pourquoi vous ne choisissez pas la greffe d'organe.
- Cela ne m'intéresse pas. Ça ne me semble pas naturel vous savez, de guérir ainsi. Répondit Midraël en se tournant vers une statue du Christ.
- Cela fait quatre années que nous avons perdu la trace de la tour d'Europe, reprit le prêtre.
- L'espoir n'est pas mort, je sens que ces gens sont encore en vie. C'est étrange je sais. Nous n'avons pas retrouvé le moindre débris sur la lune. Mais malgré cela, je ne peux m'empêcher d'y croire.
- Sans vous mentir. Je ne trouve pas cela étrange du tout. Je le sens également. Et sachez, que nous ne sommes pas les seuls. Bon nombre des habitants avaient des proches dans la tour disparue.
- Vous savez mon père, ça me fait plaisir de voir quelqu'un qui n'ait pas "Kemder" écrit sur lui
-Ça aurait été étonnant autrement, vous ne pensez pas ? Je me dois de porter l'image de certains idéaux après tout. Je n'ai jamais été fan des choix sur lesquels on ne peut revenir. Je serai même incapable de me soigner si ce n'est par les herbes, alors ça !"
Le mouvement du graffiti renaissait dans la tour. Éteint depuis longtemps, il reprenait un sens et en donnait, à ce sentiment d'enfermement constant qui envahissait la tour. Midraël en observait lorsque le docteur Kemder vint lui taper sur l'épaule.
"- J'ai souhaité venir vous voir directement en vue de ce que nous venons de découvrir.
- Vous avez trouvé un autre moyen de modifier l'espèce humaine ? Demanda Midraël avec un ton méfiant d'où l'on discernait néanmoins une pointe d'ironie.
- Ne vous êtes vous jamais dis que vous ne reverriez jamais une terre fertile de votre vivant monsieur le directeur ? Demanda le docteur pensif.
- Vous ne comptez pas répondre à ma question avant de continuer ? Rétorqua sèchement l'Occidental.
- J'ai peut-être trouvé ça, j'ai peut-être trouvé plus. Peut-être n'avons-nous rien trouvé. Quoi qu'il en soit, les données recueillies sont capitales, pour l'avenir de l'humanité.
- Alors je veux bien écouter votre histoire. Répondit humblement Midraël .
- De toutes ces années où nous avons étudié le ciel et l'espace, nous n'avons jamais trouvé quoique se soit qui soit semblable à la terre. Toujours un problème d'atmosphère, une histoire de pluie acide, ou encore une connerie de froid. Alors, à la vitesse où se déplace la tour, ne pensez-vous pas que nous mourrons avant de voir un quelconque changement ? Combien de temps l'espèce humaine devra-t-elle vivre recroquevillée dans ces tours ?
- L'histoire se construit bien plus avec du temps qu'avec des hommes docteur, lança sagement l'homme attentif.
- L'histoire à peut-être besoin d'un témoin qui l'accompagne, afin d'éviter les erreurs du passé et il est peut-être temps de décider d'être témoins. Répondit mystérieusement le scientifique.
- Qu'avez-vous trouvez docteur ? Dit l'ex-soldat en se tournant vers l'homme de science.
- Les données et les informations sur le sujet étaient déjà quasiment complètes. Les mystères du cerveau étaient presque percés avant que les tours décollent de la planète. Alors, accompagné de mes assistants, nous pensons avoir conclu sur les dernières questions, pour ensuite aller plus loin.
- Plus loin ?
- Nous pouvons désormais totalement recréer un cerveau artificiellement. Ou plutôt, ce que nous sommes capables de faire, est une armure. Une gélatine qui entoure le cerveau. Elle le copie. Remplaçant peu à peu les parties manquantes ou qui vieillissent. Autant qu'un membre où qu'un organe, ce filtre peut être fabriqué en grande masse. Ce savoir est pour l'instant encore rare. Mais je pense qu'il est juste d'accepter qu'il se répande. Pour ce qui est du savoir, il doit être transmis monsieur Beethoven.
- En avez-vous construit un monsieur? Dites-moi la vérité Aziz.
- Pas pour le moment. Mais nous avons fait une demande pour une réunion au dernier étage. Je vous demande de réfléchir longuement avant de faire part de votre vote. Je suis également allé voir bon nombre de membres qui doivent voter. N'entendez aucune tentative pour vous convaincre dans mes paroles. Je vous fais part de mes pensées, car, autant scientifique que je suis, je n'ai pas de réponse à cette question.
- Je comprends vos troubles. Mais vous ne m'avez pas dit ce que vous vouliez dire par "plus loin."
- Les organes créés artificiellement ont une longévité plus grande que ceux du corps humain. Alors nous pensons pouvoir faire en sorte que le cerveau humain puisse durer sans aucun problème pendant près de deux cents ans.
- Deux cents ans ?
- Le scientifique aurait cru créer plus de surprises chez le directeur. Il ne prit pas compte de cette étrange attitude un peu trop calme à son goût et continua: Peut-être plus... Conclut Kemder, les yeux posés sur les couleurs du graffiti posées au mur."
Cette discussion laissa Midraël dans un état des plus perplexes. Il se remit d'abord à penser à la tour jumelle. Peut-être l'infection avait-elle vraiment repris et décimé le peuple de Musashi. Sinon pourquoi n'aurait-il pas rétabli le contact ? Pour chasser ces mauvaises ondes, il se remit à s'interroger sur les mots du docteur Kemder. Il communiqua les informations aux autres responsables. Les avis divergèrent déjà au sujet de ces recherches.
Un an plus tard la décision fut tranchée. Les cerveaux artificiels circuleraient dans les tours. Une nouvelle qui fut annonciatrice de grands changements. Une époque évolutive pour les mentalités, qui se retrouvèrent marquées également par la perte des tours de Russie, due à une pluie de météorites.
Midraël toussait face à son miroir. Sa maladie s'aggravait. Il n'avait jamais vraiment pris au sérieux le cancer que lui avait annoncé le docteur trois ans plus tôt. Les vertiges et la douleur lui semblaient si petits. Sa peine et son inquiétude semblaient assez fortes pour le protéger et l'empêcher d'y penser. Mais il fut bien obligé de changer d'avis face aux gouttes de sang qui s'écoulaient sur la vitre. Une visite chez le médecin le fit changer de mentalité sur un autre sujet. Son cancer pourrait bientôt causer la mort de son corps. Il n'avait toujours pas revu sa famille. Et sa foi en Dieu ne semblait pas pouvoir le faire vivre jusqu'à ce qu'il ait retrouvé ceux qui comptaient tant pour lui. La greffe d'organes allait entrer dans sa vie. Un nouveau poumon et un nouveau cœur pour son entêtement à ne pas écouter son corps. Une fois la greffe réussie, il sentait autre chose qui battait à la place de son cœur. Deux artefacts qui aspiraient et distribuaient le sang et l'air dans ses veines.
Lorsqu'il commençait à s'habituer, un événement vint lui faire comprendre que ce cœur artificiel était réellement semblable à un vrai: La douleur. Cette sensation tordante lorsque son cœur se serra après avoir apprit la mort de Pablo Pedro. Le directeur de la tour d'Amérique du Sud. Mort de vieillesse à 75 ans.
Cela faisait cinq ans qu'il priait. Dieu ne lui avait rien apporté ; ni sa famille, ni des nouvelles de son ami Myamoto, ni même la guérison. Seuls les progrès humains avaient pu quelque chose pour lui au fond. Alors, il finit par accepter l'idée du gel du docteur Kemder qui logerait dans son crâne. Les pensées, la logique, les souvenirs, tout était sauvegardé. Le docteur Kemder assurait désormais trois cents ans avec un cerveau infaillible. Alors Midraël ne fut même pas sceptique sur la table d'opération. Et il se réveilla, voyant le monde comme avant. L'effet des calmants le fit douter au début. Mais dès la première semaine il commençait déjà à s'y habituer. Il lui semblait même être plus performant. Il dormait moins, réfléchissait plus vite et ses réflexes ne semblaient jamais lui faire défaut. La technologie humaine l'avait soigné et fait de lui un être plus puissant. L'évolution avait changé les choses. Le peuple humain était l'un des principaux acteurs de ce changement se dit-il. En à peine quelques milliers d'années, l'Homme était allé plus loin que l'univers en des millions. Il fut obligé de conclure que sa foi en dieu faillait.
De nouveaux mouvements sociaux naissaient. Difficile de discerner si ce n'est que le tapage d'une minorité lorsque tout le monde en parle. Notamment un mouvement qui se remettait à prôner la supériorité de l'homme sur toute chose. Se confrontant avec les fervents défenseurs des machines, qui clamaient fièrement que la biotechnologie était l'évolution logique de l'espèce humaine. Les premiers conflits sérieux éclatèrent lors de la sixième année de la dérive. Un étage entier qui avait été saccagé par des bagarres.
Midraël était devenu un grand ami du docteur Kemder à cette période. Il passait toujours cependant, la moitié de son temps à la paroisse. Cherchant un salut pour son peuple quelque part. Son coeur vacillant entre la foi et l'espoir. Entre le désespoir et l'impatience.
Le camp de ceux qui promouvaient la bio mécanique fut le premier à réutiliser les images de la destruction de la planète. Jusque-là, on ne les avait revues publiquement uniquement dans le but de commémorer l'événement. Eux, les utilisaient afin de convaincre le peuple de la ferveur de leurs propos, afin de briser les anciennes fois. La plupart des mythes perdaient leur solidité ou se devaient d'évoluer avec la destruction de la Terre. Dans leur spot, ils reconnaissaient que le progrès avait été la cause de cette explosion. Mais qu'il était aussi, ce qui ensuite les avait sauvés. Qu'il était par conséquent logique de continuer à avancer grâce à lui. "La biomécanique et la technologie nous ménerons vers la sortie." Disait leur slogan. Le docteur Kemder fut nommé digne représentant de ce mouvement spirituel et accepta d'endosser ce rôle. Ces relations avec Midraël commencèrent à se détériorer à ce moment-là. De plus, enfermé dans ses appartements, le directeur avait trouvé une nouvelle occupation. Dans ces temps libres, il s'était mis à écrire un livre. Un recueil de poèmes dédiés à Dieu, au dieu chrétien. Certains porteraient sur Jésus, d'autres sur Dieu le père, quelques uns sur l'esprit saint.
"Tu as créé le monde avec les couleurs pour qu'il soit beau.
Tu as créé l'Homme avec son libre-arbitre pour qu'il soit beau."
C'étaient ses premiers mots. Et son recueil avança, ajoutant jour après jour de nouvelles tournures de phrases, de nouvelles rimes. Il avait retrouvé une foi intacte. Le fait que son cœur et son cerveau soient artificiels n'avait rien changé aux croyances de son être. Plus que jamais, il s'était rapproché de Dieu. Son cœur brillait et ses écrits lui semblaient lumière. La dernière page de l'ouvrage fût remplie à la fin de la sixième année de la dérive des tours.
"Et de tout mon être, je ne souhaite qu'une chose.
Que je sente ton souffle qui guide mes gestes.
Que mes yeux voient tout ce que me montre ton monde.
Que ma pensée soit capable d'apprendre ne serait-ce qu'une seule de tes leçons jusqu'à la fin.
Que ma voix puisse porter tes mots.
Toujours, je dis refuser de rendre mon âme au doute et choisis de l'abandonner à ta volonté
A jamais, je dis refuser de vendre mon âme au diable pour te la donner."
Midraël avait trouvé un goût incomparable dans l'écriture. La recherche et le calcul de mots, c'était autre chose que ses recherches pour la tour, autre chose que le calcul de propagation d'ondes sonores, ou encore de la programmation de fréquence sourde. La logique semblait se confondre. Mais le plaisir des mots lui parut tellement plus attrayant. Il avait trouvé le rythme. Il avait trouvé la musique et la mélodie. L'idée d'en écrire un autre lui plut. Il gratta au hasard sur la première chose qui lui vint en tête
" Les sables du temps érodent mes ailes. Seule une pensée me permet encore de voir l'espoir et la vie dans les étoiles et l'espace, de rêver parfois loin de nos cauchemars. Ton soleil ne s'est pas éteint en moi Leïla, femme de ma vie, de mes rêves, muse qui porte ma force. Toi non plus Melinda. Tu es la plus belle des petites fleurs pour moi, la plus importante des choses qui vivent. J'imagine parfois que tu as grandi. Mais, même si le temps et nos erreurs furent cruels, je sais que lorsque je vous reverrai, rien n'aura changé. Comme je vous attends. Ah ! Comme je vous attends !"
C'était décidé, son prochain livre serait dédié à sa famille. Il s'était senti mieux après avoir écrit ce passage. Il sortit de son bureau, emportant son ouvrage. Il voulait le montrer au père responsable. Le père Assan le comprendrait sûrement et son avis serait des plus utile. Le dos tourné à sa porte d'entrée, il entendit une insulte à propos d'un croyant. Elles devenaient de plus en plus fréquentes dans les couloirs. Comme si l'athéisme commençait à persécuter toutes les religions. Lorsqu'il se retourna, il ne vit personne. En marchant un peu il croisa une femme, grimaçant de colère. Elle avait dû être à coup sur, la victime des insultes que Midraël avait entendues. En s'avançant, il vit des ombres se battre férocement sur le mur. Trois ombres se déformaient et assaillaient une quatrième, dansante telle l'ombre d'une flamme. Ce fut ce jour-là qu'il rencontra un homme qui deviendrait un autre de ses bons amis. Un guerrier du nom de Deïdam. Ils firent d'ailleurs connaissance en tant que combattants. Midraël avait longtemps étudié les arts martiaux auparavant. Il avait vu bien des adversaires. Mais aucun n'était aussi parfait dans ses gestes. Deïdam était né dans et pour le combat, le corps et le talent d'un prophète martial, le seul qui vainquit l'amiral de l'A.T.U. Une fois rendu au 62 ème étage, il croisa ce cher docteur Kemder qu'il ne portait plus dans son coeur depuis longtemps. Le docteur le savait, pourtant il vint quand même lui serrer la main. Il disait vouloir s'entretenir avec Midraël à propos d'un sujet important.
Ils s'assirent au bord de la fontaine lumineuse centrale. Une longue canalisation vitreuse, qui allait de la moitié de la tour jusqu'au globe du sommet. Le docteur avait cet air pensif, celui qu'il avait lorsqu'il était venu faire part de l'invention, de ce qui logeait en ce moment, dans la tête de Midraël. Une navette s'arrêta sur les rails face à eux. Midraël attendit que les personnes s'éparpillent dans l'étage et que la navette reparte pour engager la conversation.
" Alors, de quoi tu veux me parler Eric ?
- Les dernières étapes... C'est accompli.
- De quoi parlez-vous ?
- Nous pouvons greffer un cerveau totalement artificiellement, conserver la mémoire et la logique, nous pouvons conserver l'esprit. La colonne vertébrale, nous avons franchi le dernier obstacle. Le corps humain peut désormais être réparé et soigné, qu'importe la zone de la blessure. Pour peu qu'elle ne soit pas mortelle sur le coup.
- Beaucoup de gens ont choisi vos greffes plutôt que leurs membres naturels. Il est devenu rare de voir quelqu'un qui a refusé cette avancée. J'ai moi même cédé. Je ne dis pas être déçu. Mais ne faut-il pas craindre que quelqu'un souhaite se changer entièrement.
- Vous savez si la greffe de cerveau ne cause aucun problème. Je pense qu'il n'y a pas de question à se poser à ce sujet.
- Vous avez obtenu beaucoup d'influence auprès du peuple. Et votre parti a de nombreux défenseurs à travers l'ensemble des tours. Mais ça ne vous donne en rien le droit de tout faire. La colonne vertébrale est ce qui fait l'unité du corps. Elle est le récepteur le plus direct du cerveau, ce qui commande au corps.
- Nous avons pu conserver l'esprit Midraël. Les modifications apportées au cerveau soignent déjà l'Alzheimer et les troubles du comportement. Il n'y a eu une qu'un seul rejet jamais enregistré. Il a été démontré que c'était un cas irrécupérable. Un cerveau artificiel c'est la fin des inquiétudes pour les accidents vasculaire cérébral et des dernières maladies congénitales.
- As-tu demandé une réunion. Midraël ne put s'expliquer les raisons de ce tutoiement soudain.
- Je l'ai fait, répondit le docteur.
- Alors sache que je serai présent, que j'accepterais la greffe de colonne et du cerveau dans les cas les plus extrêmes. Mais je demanderai une interdiction en ce qui concerne le changement complet de son corps."
Midraël partit sur ses mots et monta un étage plus haut, retrouver le père Assan. L'amiral de l'A.T.U lui laissa ses écrits, et le vit taper à sa porte six jours plus tard, enchanté de ce qu'il avait lu. Six jours plus tard. A la suite de la réunion demandée par le docteur, la greffe intégrale fut interdite. Mais l'esprit de Midraël fut occupé à autre chose. Le père Assan l'avait convoqué. Midraël le trouva allongé sur son lit, regardant par la fenêtre.
" Quelque chose ne va pas mon père ?
- Je me sens un peu fatigué à vrai dire, répondit-il avec un sourire. J'ai quelque chose à te demander. Mon cher Midraël
- Bien sûr. Ce que vous voulez. Répondit-il avec toute la sincérité que contenait son âme.
- Les conflits sont de plus en plus fréquents entre les habitants de la tour. A propos de changer son corps ou non. Toi, tu es un croyant qui a des greffes. N'est-ce pas ?
- J'ai la foi, oui.
- Alors, je ne dis pas qu'il va arriver quelque chose. Mais si jamais, il arrive quelque chose. Je voudrais, que tu prennes soin de la paroisse. Un homme tel que toi réconcilierais les deux camps.
- Vous entendre parler ainsi, et vous voir allongé. Vous m'inquiétez grandement mon pére.
- N'aie crainte Midraël. J'ai lu ton livre. J'ai vu la grandeur de ta foi, c'est pour cela que je te le demande. Je pense que c'est ton chemin. Dis-moi juste oui et nous parlerons d'autre chose.
- Je veux bien vous le promettre. Mais pourquoi maintenant ?
- Qui sait ? C'est sûrement la fatigue. Alors dis-moi, as-tu écris autre chose ?
- J'ai commencé un recueil sur ma famille..."
Le père Assan mourut de vieillesse dans la nuit. Son départ brisa le cœur de Midraël. Néanmoins, il tint sa promesse. Il choisit d'abandonner son poste de directeur pour se consacrer à l'église et à la prière. Les autres prêtes avaient été mis au courant des idées du père Assan. Ils attendaient Midraël, une soutane pliée tendue vers lui.
Deux mois plus tard Chad Kung l'assistant de Midraël fut nommé directeur. Les voix du peuple allaient au docteur Eric Kemder. Mais celui-ci refusa le rôle, afin de ne pas alimenter encore plus les conflits religieux grandissant dans la tour.
Pendant quatre ans Midraël pria et écrivit, laissant lire ses ouvrages à qui voulait. Le recueil sur sa famille faisait déjà la taille de son livre dédié à Dieu. Mais celui ci n'était pas encore finit. Cependant il touchait à sa fin.
Un événement survenu deux ans plus tôt l'avait poussé à commencer un troisième livre en parallèle. un recueil de textes concernant la paix. Le 23 mars de la huitième année de la dérive, il prenait tranquillement un café avec son ami Risco, lorsque tout à coup, le dortoir d'en face explosa. Les débris volèrent jusque dans la pièce où ils se trouvaient. Ils s'étaient levés tous les deux. Accompagnés d'autres personnes, afin d'aller aider ceux qui avaient été pris dans l'explosion. L'intérieur de la pièce était désolé. On ne retrouva pas une seule personne encore en vie ce jour-là. On dénombra vingt-neuf morts. En rentrant choqué dans ces appartements après ça. Midraël écrivit les lignes suivantes.
" La guerre est inscrite dans l'âme humaine autant que la facilité. Un cœur ne peut être libre et ouvert si l'esprit est enfermé dans des cases. Nous devons trouver la bonne voix mes amis, nous devons trouver la paix."
Quoiqu'il en soit le 4 juillet de la dixième année de ce qui avait officiellement pris le nom de; " l'air de la dérive". Midraël écrivait à la main son avant-dernier poème à sa femme et à sa fille.
"Je ne sais à combien de kilomètres vous êtes. Je ne sais combien je vous aime. Je ne peux rien compter moi-même. Je sais que mon amour est plus grand. Mais je ne peux pas entendre ce que vous me dites. Je ne peux pas entendre ce que vos doux regards veulent me dire. Vous me manquez tant, votre absence m'est insupportable. J'endurerais les tourments de mille dieux si cela me donnait ne serait-ce qu'une seule journée près de vous. J'aimerais sentir ton souffle Leïla, j'aimerais serrer Melinda dans mes bras. Vous êtes mon passé, mes pensées du présent, et je ne vois mon avenir qu'à vos côtés..."
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