Cocon protecteur
Je revenais peu dans cet endroit qui avait vu basculer ma vie. La disparition de mon père aidant, j’avais recouvré la force d’arpenter de nouveau cette planète aride, réchauffée par un soleil assassin. On disait qu’il avait fui le système et qu’il avait élu refuge chez des amis malfrats. Bon débarras.
— Ryn, comme d’habitude ?
Je me tournai vers un immense Monaï, un être à deux têtes et aux trompes qui pendaient dangereusement au-dessus du bar.
— Double ration cette fois, Sten ! m’exclamai-je avec enthousiasme avant de me diriger vers notre table habituelle. J’ai soif !
— C’est envoyé ma belle, me répondit-il avec ce sourire mielleux dont il avait le secret.
Je lui envoyai un clin d’œil malicieux. Sa « cantina », comme il aimait l’appeler, se trouvait au pied du plus grand astroport de la planète et attirait tous les curieux de passage. Toujours au rendez-vous, l’ambiance festive, dont les notes de musique endiablées s’échappaient par tous les côtés, appelait à l’insouciance. La qualité des boissons proposées ne déméritait pas non plus.
J’allai rejoindre mes collègues de travail, attablés depuis longtemps et à la mine fatiguée. La journée n’avait pas été de tout repos. Nous avions pourchassé des trafiquants de Bentanëi, de jolies créatures longilignes à la chevelure délicate, appréciées pour les plaisirs de la chair. Leur tristesse m’avait touchée. Mon humeur maussade avait disparu au son des accords apaisants de l’orchestre et du brouhaha des conversations animées.
À suivre...
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