Titania
La Lune se dressait, haute dans le ciel étoilé. Je contemplais cet astre magnifique, avec mes pensées qui se dispersaient au gré du vent et disparaissaient en un soupir.
La solitude apaise les cœurs.
Je m’abandonnais à ma douce mélancolie.
Plus un bruit. Le vent semblait s’être arrêté. Le temps lui-même était suspendu. Plus un bruit, plus un bruissement de feuille, même pas le plus infime des sons.
L’atmosphère m’enlaçait malveillante, se resserrait autour de moi pour me piéger, elle m’étouffait.
Ma vue se brouillait de larmes, je me sentais si mal. L’air me manquait cruellement, mes idées se faisaient vastes et confuses tant ma tête me tournait. Etrangement, de magnifiques points dorés dansaient devant mes yeux et les battements de mon cœur semblables à des tambours résonnaient fortement dans mes oreilles.
Soudainement une lumière qui faisait jalouser la douce Lune accablait ma vision. Une folle impression que la Lune elle-même se rapprochait de moi, elle avançait royalement au rythme assourdissant des tambours, horrible mélodie qui nourrissait la souffrance de mon esprit.
Mon cœur battait de plus en plus vite, de plus en plus fort et cette musique incessante ! La Lune ! J’étouffais, ça tourne !
« Bonne nuit. »
Dans mon délire une voix m’était parvenue avant que je ne sombre dans le sommeil.
Une belle femme. Mon rêve me montrait une belle femme. Non, c’était une fée. Ses yeux voyaient au plus profond de mon âme, se l’appropriait pour mieux en saisir les nuances. Ses cheveux noir flottaient comme animés d’une vie propre et encadraient son beau visage. Elle était pâle, vêtue d’une magnifique robe blanche. Des ailes d’une finesse incomparable s’élevaient de son dos et quel éclat elle possédait. C’était la Lune, la fée de la Lune.
« Titania. »
Sa voix résonnait en moi, une voix spectrale, magnifique.
« Tu viens de mourir humain. »
Ce son m’entravait, je me sentais comme endormi, mort.
« Tu as soumis ton désir à la Lune, tu as souhaité les ténèbres éternelles. »
Un souhait. Je souhaite que cet instant dure toujours.
« Pauvre âme errant dans l’obscurité. Je suis la reine des fées. Titania. Humain, tu as juré fidélité à la Lune, les ténèbres éternelles. »
Je veux juste continuer à contempler la Lune, solitaire.
« Je suis la Lune et le soleil. Le bien et le mal. L’humain et la fée. Tu viens de me jurer fidélité devant moi-même, le commencement et la fin. »
Un tout. Un dieu. Une fée.
« Le peuple de la nuit accepte ton orgueil humain. Tu es condamné à m’épouser, tu ne seras dès lors, plus un humain. Tu seras le gardien de la Lune pour toujours et à jamais. »
« Je vous aimerai à jamais. »
Depuis le jour où elle m’est apparut en rêve, je viens à la nuit tombée contempler mon épouse et sa beauté. Je suis un esprit qui ne pouvait plus voir le soleil, jamais plus je ne reverrais la lumière du jour. Car je suis enchaîné à cette Lune si merveilleuse. La nuit est mon sanctuaire. Je suis le premier vampire, qui vouait son culte à la Lune toujours changeante.
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