Chapitre 19 – Moment de sororité

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Le lendemain soir, Emma sonne à dix-neuf heures, pizzas en main. Après avoir déposé un plateau dans la chambre parentale, le trio s’installe dans le canapé.

— On a fait une sélection de trois films romantiques, tu choisis lequel ? demande Maéline.

— Mmmh, je n’ai pas vu N’oublie jamais, ça me tente bien !

— Adjugé vendu ! conclut Chloé.

Les deux plus jeunes s’installent pendant que l’aînée lance le Blue-Ray.

— Au fait, Zoé m’a envoyé une invit’ tout à l’heure, je sors en boîte après, ajoute cette dernière.

— Entre copines, lance Maéline en lançant un clin d’œil à son amie. T’auras qu’à dormir dans la chambre de Pralinette vu qu’on a de la place.

— Vous touchez pas à mes affaires, ok, Chouquette ? prévient Chloé en appuyant sur le surnom affectif.

— Tu nous connais, de vrais anges ! rétorque Maéline.

Les deux amies pouffent alors que Chloé appuie sur la touche démarrer. Pendant que le générique défile, chacune attrape une part posée hâtivement dans l’assiette avant de se laisser porter par l’histoire. Personne n’émet le moindre bruit, hormis quelques exclamations de contentement lors de la dégustation d’une nouvelle pizza, jusqu’à la conclusion de l’histoire.

La scène de fin à peine terminée, Chloé se lève.

— J’y vais les bichettes. Bonne soirée ! Maé je passe voir maman pour ses médicaments et pour ranger ses affaires.

— Ok, je m’occupe de son petit-déj’ demain.

— Bonne soirée, termine Emma.

Les deux amies éteignent l’écran avant de se réinstaller l’une en face de l’autre, le coude posé sur l’appuie-tête.

— Alors, t’as revu ton Romain ?

Maéline hoche la tête, une tiédeur sur les joues. Elle est tiraillée entre l’envie de partager la grande nouvelle avec son amie et la peur du jugement qui franchira probablement ses lèvres.

— Alors ? insiste son amie en attrapant doucement son poignet.

— Il est… Il est super ! Et on…

— Vous ? s’impatiente Emma devant l’interminable hésitation de son amie.

— J’appréhende ta réaction, finit par articuler Maéline, en plaçant ses mains sur ses joues.

— T’en as trop ou pas assez dit ! Allez ! Il embrasse comme un dieu, c’est ça ? Vous êtes allés plus loin ?

— …Oui… On… a fait l’amour.

Cette fois, le visage de la rousse est en feu, ses mains moites et son palpitant affolé.

— C’était comment ?

— Tu me fais pas la moral ?

— Si tu as estimé que c’était le bon moment, je te fais confiance.

— Merci, t’es la meilleure ! dit Maéline soulagée en enlaçant son amie.

— T’as eu mal ? T’as eu du plaisir ?

— Mmmh, un peu au début. Oui, je crois.

— Comment ça tu crois ?

— Je…

— Bon, raconte depuis le début, s’emballe Emma à bout de patience.

— La première fois…

— Parce qu’il y en a eu plusieurs ?! l’interrompt son amie.

Silence.

— T’aurais pu m’appeler pour le partager. Bon, en même temps je sais pas si je le dirais par téléphone, c’est trop… intime. J’arrête. Je t’écoute.

— Vendredi, y’a une semaine, il m’a invitée chez lui pour mater Avatar. On s’est embrassés un moment, puis il s’est mis à caresser mon dos puis mes seins tout en me déshabillant. Il avait ce qu’il faut dans sa table de chevet alors la suite s’est imposée d’elle-même. C’était… une belle fusion !

— T’étais d’accord ?

— Comment ça ? demande Maéline, prise d’un mouvement de recul, les sourcils froncés.

— Ben, il t’a mise à poil. Il t’a demandé ?

— Y’a pas eu besoin, c’était… évident.

— Ok.

— C’était quoi ce « ok » ? s’enquiert la rousse sur la défensive.

— Disons que c’est pas l’image que je m’en fais. Après, j’ai jamais été plus loin que le frensh kiss, alors je suis pas bien placée pour savoir. J’peux te poser une question ? dévie Emma.

— J’t’écoute.

— Vous… Vous l’avez fait combien de fois ?

— Deux.

Devant les yeux pétillants de curiosité de son amie, elle cède rapidement en détaillant leur deuxième fois.

— Il m’a, comment dire. Il m’a stimulée avec sa main, c’était trop excitant. Après, il m’a demandé de faire pareil. C’est trop bizarre, j’ai pas eu d’appréhension. C’était… trop bien de le voir prendre son pied comme ça. Il m’a fait pleins de compliments, comme à chaque fois. Une vraie princesse ! Il m’a allongée avec tendresse et on a fait l’amour… dans différentes positions. J’adore admirer son orgasme, et après venir me coller tout contre lui !

Un slience s'étire. Maéline commence à se sentir mal à l'aise. Son amie va-t-elle finalement lui servir un discours moralisateur ? 

— Fais attention.

— T’es rabat-joie tout à coup ! s’agace Maéline.

— … Désolée, je tiens trop à toi. Je dois être surprotectrice, mais fais attention tu veux bien ?

— Ok, concède la rousse pour avoir la paix.

— Je suis contente pour toi que tu aies une bulle de bonheur dans cette période de merde, conclut Emma.

L'esprit allégé, Maéline met aussitôt de côté la pointe de jalousie ou de surprotection de son amie, pour se laisser bercer par la bienveillance d'Emma et le souvenir de la chaleur de Romain.

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