Bercé par la voix et le souffle chaud, en redescendant de la Roche de Solutré, Augustin se sentait léger. Lorsqu’il repensa à sa chute, la marque sur son épaule devint brûlante et, pour le jeune homme, ce fut évident : ce miracle, c’était l’œuvre du Grand Canard.

 Ses jambes le portèrent sans effort jusqu’au parking et, béat, il s’installa sur son scooter.

 Lorsqu’il tourna la clé, le moteur ne démarra pas. Il pesta et s’acharna sur le kick, sans succès.

 La réalité le rattrapait, sa joie s’était estompée. Comment allait-il rentrer chez lui ?

 Augustin dégaina son téléphone portable, et, blasé, il constata une absence de réseau. Rentrer en poussant son scooter, quelle merde ! Pourtant son père l’avait prévenu en répétant : « Fais réviser ton 50, il va t’arriver des bricoles ».

 Son corps était redevenu lourd, la faim le tenaillait, le soleil déclinait, la nuit allait tomber.

 Désespéré, il hurla.

 En entendant un bruit au-dessus de lui, Augustin leva la tête, il vit passer dans le ciel plusieurs canards sauvages, et il prit conscience de sa bêtise.

 Le jeune homme respira profondément avant de prier le Grand Canard, puis, confiant, il tourna la clé de son scooter.

 Le moteur démarra.

 Augustin accéléra à peine, et comme poussé par une force invisible, son cinquante centimètres cube fila à toute vitesse sur les routes sinueuses du mâconnais.