Semaine 45 :(5 août au 11 août 2019)

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 Mélissa était envoyée spéciale pour une grande chaîne de télévision. Sur le parking du parc des oiseaux non loin d’autres journalistes, elle enchaînait les directs. Le soleil tapait fort. Après avoir bu quelques gorgées d’eau, en se recoiffant, elle échangea quelques mots avec son cameraman, puis en tenant fermement son micro entre ses mains, d’un ton solennel, elle déclara :

 — Si vous venez d’allumer votre poste de télévision, je vous rappelle qu’en fin de matinée, au parc des oiseaux de Villars-les-Dombes, quatre oiseaux géants ont attaqué des visiteurs. D’après les spécialistes, il s’agirait d’individus d’une espèce inconnue. Depuis plusieurs heures, juste derrière moi, il y a un ballet incessant d’ambulances et de camions de pompiers. Face à l’afflux des riverains et des curieux, des gendarmes sont également présents pour sécuriser la zone. Le bilan humain est terrible : vingt morts, quinze blessés en urgence absolue, et 8 blessés légers.

***

 Assise en tailleur sur son vieux fauteuil, mère-grand regardait la télé depuis une bonne demi-heure.

 L’Impensable venait de commencer de la plus belle des manières, et les canards géants que l’on voyait en boucle sur toutes les chaînes, c’étaient les plus fidèles compagnons de ce vieux roublard de Jean-Armand.

 Lorsque la journaliste présenta d’une voix enjouée un survivant couvert de bandages, la vieille dame grimaça.

 — Jérôme, expliquez-nous ! Pourquoi certains vous surnomment le "héros du snack de la Roselière"? Racontez-nous, qu’est-ce qu’il s’est passé ?

 — Quand les canards géants sont arrivés dans l’aire de spectacle, mon fils s’est mis à pleurer. Il avait peur. On est parti en direction du snack. Au bout de plusieurs minutes, on a réussi à le calmer. Et là, on a vu des personnes arriver en courant. Ils hurlaient « sauvez-vous ». Un canard a fait son apparition. Il a rattrapé un des types et l’a décapité. Horrible le truc !

 L’homme continua à parler en faisant de grands gestes :

 — J’ai crié à ma femme « va te réfugier au snack », mais elle est restée immobile, complètement choquée. Quand le canard nous a chargé, j’ai gueulé « cours ». Avec le gosse dans les bras, elle a sprinté et j’ai soulevé une table pour me protéger. Il y a eu un choc terrible, je me suis retrouvé au sol. J’étais sonné à deux doigts de me faire dévorer. D’un coup le canard est parti et quelques minutes après les pompiers sont arrivés.

 D’une voix grave la journaliste demanda :

 — Pour nos téléspectateurs, vous avez quelques choses à ajouter ?

 — Ouais ! Si vous voyez ces canards géants, protégez votre famille, vos proches, vos amis. Ne vous laissez pas bouffer et battez-vous !

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