Semaine 51 (16 au 22 septembre 2019):
Il y a cinq ans, Jean-Jacques avait arrêté de manger de la chair animale, puis progressivement, il avait stoppé la consommation de laitage, d’œufs, de miel. Afin de terminer sa transformation, il s’était débarrassé de ses vêtements fait à partir d’animaux. Plus de cuir, de laine, de soie…
Désormais, Jean-Jacques était végan. Un vrai, un pur, un dur. Il n’oubliait pas de se complémenter en vitamine B12. Quand, il retournait voir ses parents, à la campagne, il les mettait au régime. Dernièrement, il leur avait fait la morale en découvrant un rôti de bœuf caché au fond du frigo. Pas question pour eux de manger un steak ou un œuf en sa présence.
Par peur de perdre leur fils unique, ses parents n’osaient pas s’opposer. Ils évitaient la confrontation, acceptaient son ton moralisateur et continuaient à l’aimer malgré ses penchants extrémistes.
Aujourd’hui, au milieu de la foule, avec ses amis végans, Jean-Jacques était comblé. Ensemble, en en défilant dans Lyon, ils hurlaient des slogans chocs. En brandissant des pancartes (derrière chaque morceau de viande, il y a un être sensible), ils réclamaient la fermeture des abattoirs et dénonçaient la dictature de la viande.
Le cortège s’arrêta à proximité d’une boucherie. Via une sono, pour faire réagir les passants, les leaders de la manifestation diffusèrent des cris d’animaux en provenance d’abattoirs. La souffrance, la détresse, le désespoir se ressentaient dans cette succession de plaintes déchirantes. Désormais, les végans arboraient un visage fermé. Émues, certaines femmes pleuraient.
Des clients qui sortirent de la boucherie avec des sacs remplis de viande furent hués, et tête baissés, ils filèrent. Avant que la foule ne se remette en marche pour atteindre la Place Des Terreaux, des végans radicaux aspergèrent d’un liquide rouge, la vitrine de l’enseigne.
Au côté de ses semblables, déterminé, Jean-Jacques continuait de gueuler :
— Assez, assez, assez de sang versé.
***
Afin d’éviter tout débordement Place Des Terreaux, un important dispositif avait été déployé. Les hurlements des manifestants se rapprochaient. À proximité de leur car de CRS, avec leur bouclier à la main, Maurice et Paul étaient tendus. En cas de débordement, ils seraient en première ligne. Malgré leurs musculatures impressionnantes, ils craignaient la présence de militants antispécistes. En nombre, ces types pouvaient saccager des restaurants, des boucheries, des magasins.
Non loin de là, fusil d’assaut à la main, deux jeunes militaires observaient le ciel. Leur mission était simple : défendre les citoyens en cas d’attaque de canards.
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