Chapitre 3 : Arrestation et interrogation
Pendant une vingtaine de minutes, nous volons en direction de la Baye de Saint-Paul. Sur la voie des pétrels, nous croisons une dizaine de voitures volantes. La route des tamarins et la route du littoral avaient disparu depuis longtemps. Pour laisser place à un réseau routier aérien.
Récemment,certains de la classe moyenne et riche ont fait une manifestation contre la guilde d'Astharoth. Le kérosène pour leur véhicule leur coûte trop cher. Mon père et moi, nous n'avons pas les moyens de nous offrir une voiture aéronef. J'espère qu'avec ma première paye, je pourrais enfin économiser pour en acheter une.Pour rien au monde, je ne troquerais mes chevaux contre une automobile volante. À présent, nous passons devant un panneau holographique. Celui-ci nous indique les dix kilomètres restants à parcourir.
En chemin, une voiture de la sécurité vole derrière nous. Elle nous double et se met en travers de la route pour nous stopper. Deux hommes de la sécurité descendent de celle-ci sur des petites plates-formes flottantes. Ils nous arrêtent pour nous demander nos papiers. Je reconnus l'un d'entre eux. Le premier à venir vers nous est plutôt gringalet à la peau blanche couverte de taches de rousseur. Il a de courts cheveux roux et des yeux bleus océan. Sa mâchoire est saillante et lui donne un côté de dur à cuir. C'est mon oncle, John Pitayas, le frère de mon père. Quant au deuxième,il est de taille imposante, à la peau marron et au crâne rasé. Tous les deux portent une combinaison noire en latex, gravé dessus en lettre dorée au niveau de leurs pectoraux, le mot " Sécurité".
Mon oncle s'approche de Yohan :
— Bonjour, monsieur, puis-je voir le certificat de votre scooter aéronef ? Lui demanda-t-il d'un ton ferme.
— Je vous le donne tout de suite.Répondit-il.
Je le vois fouiller dans sa boite à gant. Puis, il sort le document pour le lui montrer. Mon oncle lui prend des mains.Il jette un rapide coup d'œil et lui redonne son papier.
—Votre certificat est en règle. Il est au nom de Olivier Lepasseur.Puis-je avoir vos empreintes pour vérifier votre identité ?
— Non, je suis désolé. Refusa le jeune homme à ma grande surprise.
— Je suis dans l'obligation de vous les demander. C'est mon travail de contrôler les identités des personnes et de faire respecter la loi.Insista-t-il en prenant l'appareil biométrique.
Il le montre à Yohan. Je le sens trembler contre moi.
— Non, je refuse de vous les donner ! lui répliqua le jeune coursier.
Après cette contestation, mon oncle fait signe à son camarade de le rejoindre. Celui-ci lui attrape son poignet de force. Il plaque l'un de ses doigts contre l'objet. Une fois son empreinte scannée, un minuscule écran transparent se manifeste au-dessus du boitier.
— Yohan Hoareau âgé de trente-cinq ans. Habitant dans les hauts de Laleu. Fais partie de la classe des pauvres. Recherché par la guilde d'Astharoth pour vol et contrebande. Fais partie du gang de la Buse. Je vais vous demander de descendre de votre scooter et de m'accompagner. Lui ordonna-t-il.
— Non. Je ne descendrais pas de ma moto. J'ai promis d'emmener cette jeune femme à son premier emploi. Elle a rendez-vous chez monsieur Turpin.
— C'est un ordre. Veuillez descendre de votre moto, vous êtes en état d'arrestation ! s'énerva mon oncle.
—Vous ne pouvez pas l'arrêter ! Vous n'avez pas le droit ! Il n'a rien fait ! Il vous faut une preuve !M'écriai-je
— Comment oses-tu prendre la défense de ce voyou ? Vous êtes en état d'arrestation tous les deux !
— Mon oncle, vous ne pouvez pas faire ça ! Je suis votre nièce !
—Vous enfreignez la loi. C'est mon devoir de vous arrêter ! Descendez de la moto sur-le-champ !
Sur ces derniers mots prononcés, la peur m'envahit. Soudain, inconsciemment, je rentre dans son esprit.
— Laissez-nous partir. Yohan Hoareau n'est pas un hors la loi. Il s'appelle Yohan Dijoux. Il fait partie de la classe moyenne. Il est coursier pour le gouvernement.
Deux secondes après, mon oncle regarde à nouveau sur son écran.
— Yohan Dijoux. Trente-cinq ans. Fais partie de la classe moyenne. Coursier pour le gouvernement. Répète-t-il en ajoutant : je vous laisse partir. C'est bon pour moi, j'ai tout ce qu'il me faut. Il regagne son véhicule en compagnie de son acolyte. On attend quelques minutes avant de reprendre notre route. Yohan me demande stupéfié :
— Comment as-tu fait ?
— Je ne sais pas. Une force inconnu a pris possession de moi. Lui répliquai-je abasourdie. — Je te remercie. Je te dois une fière chandelle. Tu m'as sauvé la vie. — Tu fais partie du gang de la Buse. De quoi il s'agit ? Le questionnais-je avec curiosité.
— Je te répondrais quand le moment sera venu. Pour l'instant, je t'emmène à la villa de monsieur Turpin. Me répondit-il en changeant de sujet.
— Comme tu voudras.
De nombreuses questions me trottent dans la tête.
— Qui est-il en réalité ? D'où vient-il ? Quelle est la fonction de ce gang ? D'où vient mon pouvoir ? Suis-jeune Flamboyante ? pensais-je.
En réalité, j'ai peur.Peur de ce qu'il va se produire. Peur de l'avenir. Une choseest sûre. Je découvrirais les réponses à mes questions.
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