II. En route vers Torcy
Certains venaient de loin. Sur le trajet vers la Bourgogne, chacun tentait de recomposer le puzzle avec les quelques pièces qu'il avait à sa disposition.
Cinq familles étaient mentionnées sur l’invitation :
- Les Massé, ceux que l’on connaissait. C'était les descendants de l'oncle Paul, le frère d’Augustin. Ils étaient de toutes les fêtes de famille. Une fête Massé sans eux, ce n’était pas une fête Massé !
- Il y avait aussi les familles qui descendaient de chacune des trois sœurs Massé. Elles avaient perdu le nom en se mariant ; la première avait épousé un Berthaut, la seconde un Guéniat, la dernière un Arbault. Ces noms-là, pas de souci, on les connaissait bien, ils nous étaient familiers. On les entendait souvent à chaque réunion de famille.
- Mais seraient là aussi, ceux qui descendaient de la quatrième sœur, une certaine Isabelle.
D’où venait cette énigmatique Isabelle ? Qui donc était-elle ? Qui étaient ceux qui descendaient de cette branche ? Pourquoi s’appelaient-ils Massé ? Isabelle ne s’était-elle donc pas mariée ?
Et surtout, pourquoi n’en parlait-on jamais ?
— Mais alors… ce sont nos cousins ! Et tu dis que ces Massé vivent à quelques kilomètres de Torcy ? Pourquoi est-ce qu’on ne les voit jamais ?
Les plus curieux d'entre nous avaient interrogé l'arbre familial reconstitué pour l’occasion sur un site web, Geneanet (un site étonnant pour qui cherche des informations sur ses ancêtres). En substance, voici ce que nous avions appris sur cette famille Massé :
Il nous faut remonter jusqu'au XIXème siècle, pour pouvoir ensuite reconstituer les différentes branches en aval de la famille. À cette époque, les parents d’Augustin vivent à Torcy, petite commune rurale de Côte d’Or, située près de Montbard. Quelques 300 habitants, à peine. Le père, Louis, Philippe, Antoine Massé (1842-1924) est marié à Léonie (1842-1914). Ils ont plusieurs enfants : Augustin le Colosse (1869-1926) ; son frère Paul (1871-1964) qui s’appelle en réalité Louis, Félicien, et qui s’est marié à Louise (1880-1970) ; il y a aussi le jeune Léon (1873-?) qui serait entré au séminaire, et dont la trace se perd après ses quinze ans. Il y aurait d’autres enfants, des soeurs, mais les indications généalogiques diffèrent à ce sujet et semblent peu fiables…
Augustin rencontre Marie et ils se marient en 1895. Ils vivent à la ferme de Torcy. Évidemment, il doit bien y avoir plusieurs fermes dans ce village. Mais pour nous, il n’y avait qu’une ferme de Torcy, comme si cette dernière était l’unique de Torcy. Dans notre vocabulaire elle formait une entité un peu particulière, un lieu à part, La-Ferme-de-Torcy.
La ferme de Torcy, on se rappelait vaguement y être allé quand on était enfants. Seulement à cette époque, elle était habitée par le Tintin et la Tintine. Le Tintin, pour Célestin Guéniat, la Tintine, le surnom donné logiquement à sa femme Marcelle, la cadette Massé. On était petits. C’était noir, ça sentait la ferme. Et puis, il fallait boire la poire, ça brûlait le gosier. On se souvient du chien. Noir aussi. Il faisait un peu peur. Et ça riait beaucoup, ça parlait fort. Il y avait de la vie à Torcy. Cela reste confus, niché dans les plis de la mémoire. On n’y allait pas souvent, chez la Tintine, à la ferme de Torcy…
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