XXII. Une relation épistolaire insoupçonnée
En 2021, après 7 ans d'enquête suite à la cousinade, la surprise fut de taille quand on a découvert que des femmes de la famille avaient conservé durant toutes ces années les lettres d’un amoureux d’Isabelle, un personnage jamais évoqué durant la réunion de famille et qui donne une toute autre couleur à la tragédie d’Isabelle... Ce personnage resté dans l’ombre du passé, ce prétendant oublié pourrait bien nous révéler une histoire toute autre. L’existence de ce Marius Jean, sergent-major dans les colonies, nous a été révélée lors d’entretiens avec Andrée et Janine.
Encore une fois, ce sont des femmes qui détiennent les clés, et préservent ainsi les détails du secret pour que l’histoire ne s’efface pas complètement.
Les courriers se partagent en deux périodes. Deux lots ont été conservés, l’un par par Nicole Rat, l’autre par par Janine Canat.
Nicole était la fille de Marcelle et Célestin. Après le décès de Nicole, en 1995, ses héritiers ont trié ses affaires pour désencombrer la ferme de Torcy. Ils y ont découvert le premier lot de lettres dans un petit bureau saturé de choses et d’autres, au fond d’une pièce encombrée de souvenirs . En prenant connaissance de leur contenu et en particulier de certains passages qui parlent de Petit Jean, ils ont décidé de les confier à Andrée, sa veuve.
Janine Canat est la fille de Gabrielle et François. Elle habite à Forléans, juste à côté de Torcy. Une visite, à l’occasion des recherches entamées pour l’écriture de ce livre lui avait permis de se replonger dans les reliques de l'époque et ses souvenirs. Il était question d’une vieille photo de famille, représentant Augustin et Marie, peut-être même les parents d’Augustin et Paul. Cette photo était censée être en possession de Janine, mais elle ne réussit pas à la retrouver. A la place, elle apporta une enveloppe jaunie, contenant un lot de lettres manuscrites.
Ses lettres prouvent sans équivoque que ce Marius avait entretenu une relation épistolaire brûlante avec la belle Isabelle. Nous n’avons naturellement retrouvé aucune lettre écrite par Isabelle (elles se trouvent peut-être chez un descendant de Marius ?). Mais dans ces écrits, Marius fait de nombreuses références aux courriers qu'il reçoit de la part d’Isabelle... Il s'agit donc bien d'échanges réciproques. Il y parle de la tendresse et de l’amitié qu’elle lui témoigne. Jolis mots de l’époque pour désigner le feu qui les dévore, l’un comme l’autre.
Ce qui a de quoi surprendre, en revanche, c’est que ces lettres de Marius aient été conservées jusqu’à aujourd’hui. C’est un véritable trésor qui se dévoile subitement. Comme s’il suffisait de creuser un peu, de gratter la surface, pour voir ressurgir des éléments du passé, comme s’ils avaient été là, à dessein, pour qu’Isabelle ne tombe pas complètement dans l’oubli. Une sorte de pied de nez à la face du secret.
On peut supposer que, dès le départ, les courriers ont été gardés précieusement par deux des sœurs d’Isabelle, telle des reliques à la mémoire de notre Effacée. Elles ont dû les récupérer une fois leur aînée disparue et ont été, pendant tout le XXème siècle, les dépositaires de ce trésor.
Le contenu de ces lettres sonne comme la promesse d’une vie meilleure.
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