Postface : Elucubration fantaisiste

2 minutes de lecture

La technique du "set-up, pay-off" consiste à utiliser dans l'histoire un élément que l'on a préparé beaucoup plus tôt au cours du récit et qui, alors, n'avait pas réellement d'utilité directe.

L'Histoire est la meilleure des scénaristes.

Ne me juge pas… Nous ne pouvions pas. Cet été 1894, je peux enfin te le dire maintenant, ça a été mon plus bel été. J'étais amoureuse. Et tu m'aimais.

Nous étions fous, nous étions insouciants. Et heureux. Heureuse comme je ne l'ai plus jamais été après.

Nous ne pouvions pas. C'était impossible. Tu m'avais promis de trouver une solution, que tu ne me laisserais pas me débrouiller seule avec le bébé. C'est toi qui en a parlé à Augustin.

Le colosse allait assumer. C'est fait pour ça un colosse, ça porte le monde, ça soutient sa famille. Jusqu'au bout….

Ne me juge pas. Tu sais, j'ai fini par l’apprécier, l’Augustin. Il a attendu, patiemment. Six ans avant d'avoir Gabrielle. Il a attendu que je sois prête. Il a été si gentil.

Ne me juge pas. Et ne te juge pas non plus. Tu ne pouvais pas te marier, tu ne pouvais pas te marier avec moi. Mais tu m'avais juré ton cœur. Et tu as tenu parole, longtemps. Jusqu’à ce que tu me vois avec mes bébés, les bébés d'Augustin, ma Gabrielle, et la petite Marcelle, alors tu as cédé. Toi aussi tu voulais fonder une famille. Tu t'es marié, avec cette fille beaucoup plus jeune que toi.

Oh ça m'a fait mal.. Si tu savais comme je l’ai enviée.

Avec elle, tu as eu un fils. Moi qui n'ai eu que des filles ! J'en rêvais d'avoir ce fils avec toi.

Alors quand Isabelle a eu son bébé, j'imaginais que c'était le tien. Isabelle n’a pas su pourquoi je voulais qu’elle le baptise Félicien. C’était ton prénom de naissance. Dire que c’est pour te faire plaisir qu'elle l'a surnommé du prénom de ton fils, Jean.

Et quand Isabelle a succombé à la tuberculose, j'ai juré qu'il ne manquerait de rien, ce bébé. Et toi aussi, à ta façon, tu l'as pris sous ton aile, tu lui as appris un métier. Tu lui a donné un travail. Je sais que tu l'aimais beaucoup Petit Jean, ton petit-fils, le fils de notre Isabelle.

Repose en paix, mon aimé. Repose près de moi et près de ta fille. Repose en paix, Paul.

- Marie -

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