A ma soeur!
Ces derniers mois ont été un calvaire, mais ce n'est rien comparé à la douleur que j'ai ressentie ce matin de septembre.
Papa franchit le seuil de la porte, le visage fermé, ses traits tirés et j'ai compris que tu nous avais quittés.
Ca fait maintenant plus de six mois que nous vivons entre parenthèses, depuis que nous avons appris ta terrible maladie. Je t'ai vue te battre, je t'ai vue sourire et pleurer. J'ai vu tes cheveux tomber, ton corps se transformer. Tu me paraissais si petite au fond de ton lit, toi qui autrefois était si grande, quand tu te tenais encore sur tes jambes.
Je fais ce que je peux, je te le jure, devant tout ce que j'ai de plus précieux. Je fais de mon mieux.
Mais je suis si jeune, je ne suis pas prête à te dire au revoir et encore moins à te laisser partir! Je ne suis pas prête à t'abandonner mais... Si seulement j'avais le choix.
J'ai promis, je le sais, alors je ravale mes larmes. Ne pas pleurer, être forte pour celle que tu viens de laisser. Cette petite fille de quatre ans, aux cheveux blonds, au sourire espiègle, qui ne comprend pas. Il ne lui reste plus que son papa. La chair de ta chair, celle que tu as tant désiré, ta fille, ce petit morceau de toi qui me rappellera tous les jours ce que j'ai perdu.
Puis vient la colère, je sais tout au fond de moi que je n'en ai pas le droit, mais c'est comme ça! Je suis en colère après toi d'avoir abandonné le combat, de n'avoir pensé qu'à toi. Je ne comprends pas, mais après tout, je n'ai que quatorze ans. Un âge où je ne devrais penser qu'à m'amuser alors que je viens de me faire catapulter dans un monde d'adulte.
La tristesse et l'impuissance, voilà ce que je ressens aujourd'hui. Tout autour de moi respire la mort, la perte, la douleur, le désarroi. Des regards tristes, il n'y a que ça.
Mais ce n'était pas toi. Tu étais la joie incarnée, la gentillesse née, le petit bout de paradis de ta fille et de ton mari. Compatissante et dévouée dans ton métier, prendre soin, voilà une définition faite pour toi. Vingt quatre ans, ce n'est certainement pas un âge pour disparaître et moi je ne suis pas en âge de te perdre!
Mais voilà, je n'ai pas le choix, je vais devoir vivre avec ça.
Relever la tête et continuer d'avancer pour tout ceux que tu as laissés. S'épauler les uns, les autres, que faire d'autre? Je ne garderai que les bons souvenirs et je vais enfouir les mauvais, parce que oui, il y en a quelques uns. Deux blondes aux yeux bleus, avec un sacré caractère, ça ne pouvait que faire quelques étincelles. Mais tu n'en restais pas moins ma sœur, celle qui m'a bercée quand j'étais petite, celle qui me consolait quand je faisais un cauchemar, celle qui se glissait dans mon lit pour me raconter des histoires.
J'ai quatorze ans et je viens de connaître la plus grande perte de ma courte vie, la première aussi!
Les années ont passé, mais nous ne t'avons jamais oubliée!
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