Un jour de grand froid, je me promenai dans Dijon vers le palais des duc, dans mon grand manteau noir délavé. La ville était couverte ci et là de zones de brouillard, des zones où le temps semblait ne plus avoir cours, remplis de petites formes cristallines scintillantes. Le brouillard se tenait comme un petit nuage que l'on avait fait descendre et fixé et ne bougeait que par les mouvements de gel en son sein.

Curieux, je demande à un de mes collègues : "C'est donc ça le fameux brouillard givrant de la région ? " il ria, et ajouta que c'était la spécialité du coin, des cristalonimbus. Le sol était gelé, et de nombreuses personnes ce faisaient avoir, glissant et tombant sur mon chemin pavé jusqu'à l'église Notre-Dame. Au détour de cette dernière, je me rendis voir la chouette, une toute petite statue, et fit un vœu, avant de reprendre mon chemin.

En descendant vers les halles, toujours dans cette atmosphère blanche et secrète, la rue pleine de bars et de restaurants est presque vide, j'apercevais des passants en terrasses, se réchauffant vers de petits appareil à raclette, mais se faisaient happer par les nuages en suspens. Une fois à la pharmacie d'angle, le brouillard voilait toutes les directions possibles, mais je devais encore entrer. Dans un premier temps, la peur d'entrer dans la masse blanche me saisissait, et rapidement la peur se transforma en excitation, et je m'y jetai à corps perdu.

Je ne savais pas où j'allais, tout ce que je savais c'est que j'avançais dans le froid, je sentais mon nez, mes doigts et mes pieds perdre la chaleur, je me sentais déraper sur le sol marbré, j'ai cru apercevoir un carrousel, je marchais, encore et encore, sans m'arrêter, jusqu'à la grand arche de Darcy.

A peine ai-je mis le pied après la porte, que le temps vira au ciel chaud et dégagé de l'été. Ma mémoire me rappela alors que nous étions en juin, et la ville de dévoila entièrement sous mes yeux. Tous ses usagers et touristes, habillé légèrement, riant de bon cœur et profitant du beau temps.