2.15
L’hôtel est vide, la ville est vide, la plage est vide. Nous parlons à peine, mais nous sommes toujours en contact physique. Dès que la rupture dure plus d’une minute, je suis en transe. Dès qu’il me retrouve, il a besoin d’un apaisement. Le temps est infini, la durée a disparu et la semaine s’achève alors qu’elle n’a pas commencé.
Notre fusion est permanente et nos rapports ne sont qu’une façon de la renforcer. Étrange période où le monde n’existe plus.
Nous pourrions rester ainsi en lévitation une deuxième semaine, sans doute une troisième. La réalité nous en empêche. Nous savons que nous devons redescendre, quitter ce paradis, que nous nous reverrons. Nos décidons de rentrer. Il n’y a pas de mots échangés. En fait, depuis le début, nous avons très peu parlé entre nous de notre relation. Pas de mots doux, car inutiles. En revanche, des gestes, les regards exprimaient la force de ce lien.
Penser à l’avenir est impossible, alors autant ne pas le faire.
La voiture est rendue. Nous sommes devant le siège, comme deux ballots. Soit nous tombons dans les bras l’un de l’autre et partons vivre notre amour loin de tout, soit nous descendons dans le métro rejoindre notre vie normale.
Quel déchirement et en même temps quel contentement ! Tu comprends que cette dualité me rendait fou ?
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