4.2
Le soir, nous dinons à quatre. Alex est descendu dans une robe de sa mère. Son ambiguïté me trouble, surtout qu'il s'est légèrement maquillé. Un laconique : « Tiens ! Tu as remis ça ! » de son père le laisse froid. C'est pour moi qu'il s'est habillé. Pourquoi ? Ce garçon me déroute. Je ne peux m'empêcher de le complimenter, ce qu'il attendait, ce qui le fait rougir. Craquant !
Mabula admire, simplement.
— Je croyais que tu avais arrêté.
— Complètement ! Mais ce soir, en pensant à toi, j'ai eu envie, encore une fois. J'avais oublié comme c'est agréable ! C'est vrai que cela te plait ?
— Tu es beau, ou belle…
— Tu peux dire les deux, je me sens les deux !
— Sarah et Lucas t'ont déjà vu ainsi ?
— Non ! Je n'y ai jamais pensé ! Tu crois qu'ils aimeraient ?
— Vu leur ambiguïté et leur flou, je crois qu'ils vont adorer ! Au fait, pourquoi tu n'es pas avec eux ce soir ?
— Mais parce que je savais que tu venais ! C'est si rare maintenant !
— Désolé ! C'est vrai que je vous ai un peu laissé tomber.
— Heureusement que je pouvais suivre tes aventures sur Scribay !
Bing ! Nous y revoilà. Et puis merde, autant foncer dans le tas, une bonne fois pour toutes.
— Tu as tout lu ?
— Et comment ! Plusieurs fois !
— Et il n'y a rien qui t'a choqué ?
— Non ! Je trouve ton histoire d’amour, tes histoires d’amour, trop touchantes ! Je connais Doron, un peu, mais j’ai envie de connaitre Pierri ! Il a l’air tellement lumineux, d’après de ce que tu racontes !
— Lumineux ? Oui, je n’avais jamais pensé à ce mot…
— Tu parles aussi de moi et de l'affection que tu as. Je le sentais, mais le voir écrire comme tu l'as fait m'a fait pleurer.
— Tu l'as montré à tes deux amoureux ?
— Non, pas encore. C'est ton histoire. Je suis dedans, mais c'est nous deux.
Charles et Mabula ont l'air de s'en contreficher complètement. Je continue.
— Tu es trop mignon. Tu sais, je n'aurais jamais dû parler de toi. J'ai exposé ta vie sur un réseau social. Tu es mineur. Je vais le retirer. Tout effacer…
— Non ! S'il te plait ! Cela ne me dérange pas. Je suis comme je suis.
Il s'arrête, me fixe dans les yeux et murmure :
— Et j’en suis fier ! Grâce à toi !
— Mouais ! Merci pour ton compliment, mais ce n'est pas ce que j'ai fait de mieux ! Heureusement que j'ai changé les noms !
— Mais non, Usem…
— Tais-toi ! Tout le monde va le lire !
— Je comprends, me lance-t-il avec un clin d'œil inaudible.
— Dis-moi, Alex, rien d'autre ne t'a… disons… interrogé ?
— Non ! Je ne vois pas… Ah, je suis sûr que tu es inquiet à cause de notre soirée tous ensemble…
Ne pas réagir ! Du reste, quoi dire ? Quoi lui dire ?
— Au début, je n'ai rien compris. Par contre, je savais qu'il y avait quelque chose. Alors j'ai imprimé et j'ai montré à ma psy.
— Tu as une psy ?
— Ben oui ! Tu en as parlé la dernière fois ! Tu ne t'en souviens pas ? Ça s'est fait facilement et je suis content, car elle m'aide beaucoup !
— Je suis content ! Je voyais bien des changements profonds en toi. Je voulais bien croire que tes deux amis sont des sorciers, ou des fées plutôt, mais c'était pas raccord dans ma tête. Donc ta psy…
— Nous avons beaucoup travaillé dessus, car elle m'a expliqué la perversité de la chose. Elle voulait même déposer une plainte. Là, je me suis fâché. Tu te rends compte : envoyer son père en prison !
Charles entend et se met à nous écouter.
— Mais toi, de quoi te souviens-tu ?
— De rien ! Absolument de rien ! Même pas, comme tu le dis, d’avoir eu mal aux fesses !
— C’est vrai que vous aviez tous pris n’importe quoi ! Charles, la fameuse soirée, tu te souviens ?
— Mouais, vaguement…
— Tu avais apporté des comprimés, ça, tu te souviens ? Bon ! c’était quoi ?
— Je ne sais même pas ! On me les avait donnés en me disant que ça faisait un effet super, sans laisser de traces…
— Quel imbécile ! je ne peux m’empêcher de marmonner. Et donc…
— Ma psy a bien vérifié : il n’y a pas de souvenir, rien. Le mieux est donc de ne pas en parler et d’effacer tout ça ! Ça n’a jamais existé !
— Si tu le dis ! Bon, moi, je vais aller me coucher, car le weekend va être long !
Avoue que je fais de mon mieux ! Entre le père et le fils, il y a de quoi devenir fou !
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