4.12

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Le matin, je me réveille dans une literie agitée ! Pierri est vautré dans sa beauté. J’admire. Clarisse n’est plus là, mais j’entends des bruits lointain, fondu sur une radio à bas volume. Je me douche et viens rejoindre Clarisse. Mon tonitruant bonjour, en phase avec l’intensité de la nuit, ne rencontre que le silence. Elle est de dos, dans un peignoir, mais je devine un malaise. Je m’approche pour la prendre doucement par les épaules. Elle se défait et s’éloigne de deux pas, le dos tourné. Je ne comprends pas. Décidément, la psychologie féminine m’est hermétique. Nous avons pris du plaisir, tous les trois. Ça épuise et ça contente ! Qu’est-ce qui ne va pas ? Je reste comme un ballot.

La cafetière est sur la table, au milieu des tasses et du petit déjeuner. Je m’en sers une. Sans doute réveillé par les effluves, Pierri nous rejoint dans sa blondeur intégrale. Quel beau lever de soleil ! Je souris à son approche, il me le rend. Il pose sa main sur mon épaule et va se placer derrière Clarisse.

— Bonjour ma chérie ! Merci pour cette préparation. On a besoin de reprendre des forces !

Son ton enjoué ne provoquant rien, il pose à son tour ses mains sur ses épaules, essayant de lui placer un baiser affectueux. Clarisse se retourne, la tête baissée et dit, en se retenant de crier :

— C’est fini ! Plus jamais ! Il faut que cela cesse.

Je vois que toute discussion est impossible. Que faire ? Répondre ? Me taire et abandonner Pierri à ces problèmes ? Je crois que c’est la meilleure solution.

— Je comprends, Clarisse, je m’en vais. Je suis désolé si cette nuit a été désagréable pour toi. Je voulais juste…

— Clarisse, on ne jette pas les gens ainsi ! Que se passe-t-il ? Tout allait bien, tout va bien…

— Quand je dis : c’est fini, c’est qu’il faut arrêter.

— Très bien ma chérie. Usem va partir immédiatement.

— Ce n’est pas ça ! Quand c’est fini, il faut terminer ! Je ne veux plus que vous vous voyiez, que vous travailliez ensemble, que vous partiez en mission ensemble. Fini !

Pierri est anéanti, ne comprenant pas cette volte-face. Je mets ma main sur son épaule, la serre. Je me lève, m’habille rapidement et sors en refermant doucement la porte.

La rue est déserte, le ciel bas et sombre. Je marche jusqu’à chez nous, cinq kilomètres dans le froid et l’humidité, comme mes yeux, comme mon cœur. Mon esprit claquète, tourne en rond sur ces mots : « C’est fini ! ».

Heureusement, Doron est là. Vu mon état, il essaie de me faire parler. Je n’arrive pas à reconstituer ces dernières heures, à expliquer ce qui s’est passé, même ce que nous avons fait. Il me serre dans ses bras. Je m’endors.

Il fait nuit quand je reviens à moi. J’entends le cliquètement du clavier dans le salon à côté. Je me rends compte que Doron m’a porté dans la chambre, bordé.

Je viens me placer derrière lui, je lui embrasse la tête, le serre dans mes bras.

— Ça va mieux ?

— Oui !

Je lui raconte cette nuit, ce rapprochement avec Clarisse, comment elle a découvert nos pratiques préférées, comment elle a aimé. Doron ne répond pas, ne s’exclame pas, car il sait que la suite est mauvaise.

— Tu sais, les femmes sont incompréhensibles ! Elle a eu une réaction de peur, de rejet ce matin. Elle va se calmer. Mets-toi à sa place ! Tu te rends compte de ce qu’elle a vécu et découvert cette nuit ? Elle était comme vous, comme nous ! Il y a de quoi perdre les pédales ! Laisse reposer ! Cela va s’arranger.

Quelle chance j'ai de partager la vie du mec le plus extraordinaire. Toute la soirée, il est aux petits soins, mélangeant attentions et gestes tendres. Nous ne parlons plus de l'affaire. Je m’apaise dans cette bienveillance. De toute façon, demain, nous devons faire un point complet. Nous aurons bien l'occasion d'échanger sur notre vie intime. Je n'arrête pas de me répéter que le projet est engagé fermement et repose sur nos deux épaules. Clarisse ne peut pas intervenir. Tout va s'arranger.

Avec Doron, nous faisons l'amour avec une rare douceur, très attentifs à l'autre. Ça nous change de nos rodéos, tout aussi plaisants.

Nous nous relâchons. Je suis contre Doron, heureux. Tout va bien.

— Usem, de toute façon, il fallait que nous en parlions. Vos gamineries, ça ne pouvait pas durer.

Le coup est insupportable et me cloue. Quand je vais lui répondre, il dort du sommeil des gens heureux.

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