Épilogue et fin
Une douce torpeur montait quand mon téléphone sonna.
— Usem ! Salaud ! Qu’as-tu fait à Pierri ? Il n’est pas revenu. Passe-le-moi !
Mes neurones étaient débranchés par les somnifères. Je mis du temps à comprendre qu’un espoir revenait avec l’appel de sa salope.
Je raccrochai. Une seule issue. Son numéro ne répondait pas. Le téléphone m’échappa des mains. Je replongeais.
Nouvelle sonnerie, automatisme.
— Usem, tu m’as appelée ?
— Manon ! Pierri, pas rentré. Vais mourir. Ne veux plus. Manon…
Nouvelle sonnerie.
— Usem ,tu es où ?
— Maison , vivre…
Je me suis réveillé dans un lit. Émergeant, replongeant. Jusqu’à ce que j’aperçoive son doux regard.
— Usem ! Quel idiot ! Ce que tu m’as fait peur ! Doron est là dans une heure…
Elle éclate en sanglots. Je ne comprends rien. Je me rendors. Il fait jour quand j’ouvre les yeux sur cette chambre d’hôpital. Personne.
Petit à petit, les souvenirs remontent. Pierri, les médicaments. J’ai donc tout raté…
Un coup de vent ouvre la porte et ma tornade de mère pénètre dans la pièce. Des jérémiades, mais aucun reproche. Papa est derrière, silencieux et soucieux. Puis arrivent Manon et Doron. J’ai besoin de savoir. Je demande à mes parents de nous laisser.
Manon raconte sa soirée de sauvetage sur le mode burlesque. Jamais elle ne le racontera autrement. Pauvre Manon que j’ai conduite au bord du désespoir, incapable de revivre ses angoisses. Une seule question brule mes lèvres, un seul mot. Un seul nom. Doron me comprend.
— Il est à la maison ! Il a erré toute la nuit dans Paris. Au petit matin, quand il a voulu sonner, il a trouvé porte close. Il a pensé que tu ne voulais plus le voir. Il est reparti. Deux jours de perdition, de soulerie. La police l'a ramassé. Clarisse a refusé de venir le chercher. C’est Guillaume qui est allé le récupérer. Quand il a appris pour toi, il a rappliqué immédiatement. Il se sent tellement responsable qu’il ne veut pas te voir !
Je n’avais rien à dire, à leur dire, qu’ils ne sachent déjà. Je voulais juste les avoir près de moi. Sentir leur chaleur et leur énergie. Je pleurais doucement avant de me rendormir.
Devant la porte, j'eus un moment de frayeur. Il était au fond du couloir, n’osant s’approcher. J’ouvris les bras.
Le reste est maintenant sans importance. Je vous aime.
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