Chimères, je vous ai souvent côtoyées, sans jamais me noyer, dans les eaux que vous chatouillez. Pourtant, à chaque mot que je couche, je pars voguer sur le terrain de vos escarmouches, jamais certain de ce vers quoi mes idées débouchent. J'aimais contempler vos chevelures endiablées, j'espérais parfois y mêler mes pensées, afin qu'ainsi naissent des rimes joliment embrassées.
Mais votre règle est simple : qui s'y abandonne s'y perd, cela va de pair. Sauf que je ne veux pas sombrer dans votre mer, je refuse d'abdiquer face à cette immense mère. Qui porte en son sein, le fruit de mes penchants les plus malsains, arborant alléchantes courbes et moelleux seins.
Aussi je prends garde aux endroits où je m'égare, car de vous je suis bien trop désireux et avare, somptueuses nymphes d'un océan blafard, barbottant dans cette infinie mare aux canards. Je ne souhaite pas être capturé par vos filets, auditive masturbation aux délicieux sonnets, notre amour se doit d'être enfant de l'égalité. Je conçois bien que dépourvues de pieds, vous ne puissiez entendre l'entièreté de ces quelques pieds, mais comprenez bien que dans mon désir je n'ai pas pied.
Peut-être un jour vous confierai-je les rênes, de ce que je tends à appeler ma raison-reine, glissant dans votre grand bain sans que cette dernière ne me freine, aussi serai-je à jamais votre roi Ô mes reines. Me pliant aux règles de votre délicieuse arène, pour qu'enfin librement de vous je m'éprenne, débarrassée de cette retenue qui me gangrène, je pourrais enfin onduler contre vous jolies sirènes.