Chapitre 6C
L'American Diner est un restaurant vintage nous ramenant à l'Amérique des années cinquante, fréquenté par des motards et autres individus au code vestimentaire hors du commun. L'établissement est sympathique, original, avec de bonnes ondes. Il y a des comptoirs pour y manger son repas, mais aussi des voitures anciennes, réaménagées en tables. Le toit et le tableau de bord ont été retiré et les sièges avant sont retournés, de sorte à faire face à l'arrière. Entre les deux banquettes une plaque est fixée pour faire office de table. Il y en a une dizaine en tout. De la musique rock se fait timidement entendre en fond. Au mur sont accrochés toutes sortes d'objets : guitares, panneaux de signalisation, plaques d'immatriculation, des posters de femmes peu vêtues et tellement d'autres bibelots. En entrant Learth, Ekin, Mano et Heinesy saluent quelques clients ainsi que la barmaid. Hely fait les yeux doux à la moitié des hommes de l'établissement. Je ne lâche plus Nesta qui, comme souvent, a son bras sous le mien.
Nous suivons Heinesy et les garçons jusqu'au fond de la salle pour nous asseoir dans une grande voiture d'un vert pâle métallisé. Nesta entre la première pour être au fond de la banquette, je la suis et Hely se met en face de nous pendant que les autres discutent avec les clients d'une autre table. Quand ils reviennent Mano se met à coté de Hely suivit de Learth, Heinesy se met à coté de moi puis Ekin tente de s'encastrer sur notre banquette.
- On est serré sa mère. dit-il.
- Arrête de te plaindre, change de table si t'es pas content. rétorque Nesta.
- Ou il peut prendre une chaise et arrêter de m'écraser, aussi. propose avec dérision Heinesy.
Nesta ne le regarde pas. Il se lève pour prendre une chaise de bar et s'installe en bout de table. Learth fait signe à un homme qui vient vers nous. Il est grand et sculpté comme une armoire, un peu corpulent. Il a une barbe fournit et parfaitement taillée tirant sur le châtain, des cheveux mi-longs bruns retenus par un bandana rouge. La seule partie de son visage que l'on voit nettement, ce sont ses yeux marrons. Il est habillé comme un bûcheron. Heinesy se lève et lui tape l'épaule.
- Salut Redah !
- Salut beauté. Les gars.
Redah fait un signe de la main à tout le monde et sort un calepin de la poche de sa chemise à carreaux avec un stylo. Il tique une seconde, regarde autour de lui, puis fixe Learth.
- Elle est où Cruella ?
- Je sais pas. P't'être dans une voiture à faire une gâterie à un inconnu, ou dans sa chambre à chialer.
- Wouha, t'as l'air effondré ! répond le serveur son un ton sarcastique.
- Elle m'a fait une scène, encore. Ça m'a saoulé.
- On se demande pourquoi.
Nous sommes bien d'accord. Le seul mot qui vient en les voyant, lui et Zakia, c'est « pourquoi ». Learth hausse les épaules. C'est dingue le peu d'intérêt qu'il porte pour son couple. Redah nous sourit.
- Une bière pour les gars ? Et Heinesy, bien sûr.
Elle lui répond d'un sourire enfantin. Après la commande de Hely et Nesta, je suis la seule à ne pas prendre un alcool. Je demande de l'eau, ce qui me vaut des oeillades exprimant tant d'émotions pour chacun, sauf de la part de Nesta et Redah.
Le manque de réaction excessive de ma colocataire ne m'étonne plus, mais celui de Redah me réconforte, me faisant me sentir moins étrange. Notre serveur a un regard bienveillant. À première vue il figure comme une brute épaisse, un grand musclé sans cervelle. Cependant il a un je-ne-sais-quoi qui met en confiance, très bonne qualité pour son métier. En revanche, il ne demande pas les pièces d'identité de mes camarades après leur commande d'alcool. Il n'est pas très professionnel.
Il nous ramène, quelques minutes plus tard, quatre chopes de bière, un verre de martini et un de whisky. Je n'ose rien dire, je ne veux pas passer pour la rabat-joie en précisant que Nesta et Hely sont mineures. Nous attendons qu'il soit vingt heure pour prendre commande, en attendant mes amis consomment leur apéritif, Nesta me fait blanchir à la vue de sa consommation.
Quand l'heure arrive, tout le monde commande un hamburger, moi y compris. C'est la troisième fois que l'occasion d'en goûter un se présente, ce doit être le destin. L'univers tout entier se ligue pour me faire manger un cheeseburger, alors soit, je mangerai ce cheeseburger ! D'après Heinesy ce sont les meilleurs de la ville, autant en profiter. En attendant nos plats, nous parlons des vacances d'été, surtout les autres. Tout ce que j'ai à raconter ce sont mes petits boulots à la librairie, à la mairie, au super-marché et de la collecte de fond de l'église que j'ai aidé à organiser. Rien de passionnant.
Nous parlons aussi de nos cours respectifs, mais très peu. Alors que la plupart du groupe se plaint du travail intensif à venir – surtout nos deux redoublants –, Mano ricane.
- Pourquoi tu rigoles, c'est pas drôle ! s'offusque Hely.
- Pauvres petits Terminales surchargés de travail.
- Ferme ta gueule, t'es en Première. réplique Ekin.
- Petit con. soutient Learth.
- Attendez...
Hely lève les mains et les agite en clignant une centaine de fois les yeux en moins de dix secondes. Ses bras tombent sur la table et ses yeux s'arrondissent.
- T'es en Première ? T'es si nul que ça pour avoir redoublé deux fois ? s'esclaffe Hely.
Il se penche sur la table et rétorque d'une voix caverneuse :
- Mais qui te dit que j'ai redoublé deux fois ?
- Bah t'as dix-huit ou dix-neuf ans, nan ?
Elle se penche elle aussi sur la table. On dirait deux araignées qui se chamaillent, avec leurs mains plaquées à la table et leurs coudes en l'air. Mano sourit, amusé par la situation de toute évidence.
- Je vais sur mes seize ans. J'ai sauté une classe en primaire.
Il se redresse et lui tapote la joue en émettant un son entre le ricanement et le gloussement. Hely reste interdite, puis laisse pendre sa mâchoire, faisant rire tout le monde. Elle cherche ses mots.
- Mais... c'est pas possible ! Je... tu... t'es plein de beuh et t'as réussi à sauter une classe !
- J'espère qu'il était pas plein de beuh en primaire.
Nesta et moi crachons notre boisson dans nos verres en même temps à la remarque de Learth, hilares. Le pire, c'est que j'ai du mal à l'imaginer sobre, même enfant. Nesta laisse tomber sa tête sur mon épaule en se tordant. Hely gigote dans tous les sens.
- Nan mais attendez, y'a un problème ! Il arrive à être une tête en étant tout le temps défoncé ! Je pensais que c'était l'aîné !
- J'accepte le compliment. réagit Mano.
- En plus les asiatiques font hyper jeune d'habitude... pourquoi toi non !?
- Eh mais c'est vrai, ça ! Il est chinois avec un bouc merdique sur le menton parce qu'il arrive pas à avoir une vraie barbe, en plus de ses cheveux de bimbo et il a l'air plus vieux que nous ! Ça t'énerve pas ? demande Ekin à Learth.
- J'en ai surtout rien à foutre.
- Faut que tu te fasse pousser la barbe, t'auras l'air d'être le plus vieux et on aura gagné.
- Oh non, j'ai une gueule de hipster avec la barbe ! En plus je suis déjà le plus âgé.
- Peuh, d'à peine deux jours. peste Heinesy.
- Ces deux jours te cassent bien les noix, hein ? Depuis la primaire j'te les brise. C'est tellement kiffant.
- Cet enfoiré me piquait tous les copains pendant les fêtes d'anniversaire !
- Tu déconnes ? T'es pétée de thunes, c'est toujours chez toi qu'ils allaient. Ma mère a fini par négocier avec la tienne pour faire nos annoches groupés !
Ils continuent de débattre dans leur coin durant un long moment. Ekin, de son coté, ne lâche plus Mano.
- Sérieux, comment tu fais pour avoir l'air adulte alors que t'es une petite merde chinoise de quinze ans avec les cheveux de Nicki Minaj ?
- Pour commencer, je suis Hongkongais du coté de mon père, ma mère est caucasienne.
- Ouais, bah déjà je connais pas ce mot.
- Elle est blanche ! explique Nesta, lasse.
- Han, ok.
- Et t'es juste jaloux parce que mes cheveux sont, naturellement ou pas, mieux que les tiens.
- C'est pas parce que c'est vrai que c'est la vérité.
- Quoi ? s'exclame Hely.
- Et puis pourquoi t'as l'air aussi intelligent, d'un coup ?
- J'ai pas fumé de pétard depuis plusieurs heures.
- Faut que tu règles ça, t'es trop bizarre en mode normal.
- Ouais, ben j'y vais tout de suite. clame-t-il avant de se lever et de sortir avec son sac.
Je les regarde d'un oeil plus qu'amusé. Ils sont tous fous dans ce groupe.
Pour ce qui est de l'âge de Mano, je comprends la réaction de Hely. Malgré ses yeux lubriques, il semble avoir largement la majorité. Il a une barbe – pleine de trous – de trois jours, des traits fins mais durs, il est très grand et sa voix est très grave. Il est loin des adolescents de quinze ans.
Redah arrive avec nos plats, au même moment Mano revient avec les yeux rougis. Il se gratte la tête.
- Ah, ça va mieux. Ouh la bouffe ! C'est le destin et je vais le manger !
- Oh putain, il m'a fait peur ce con. C'est bon, il est comme avant. dit Ekin.
Je vois Nesta, cachant son visage, rougir et retenant son rire. Après l'alcool qu'elle a bu, elle a du mal à être froide avec Ekin. Tout le monde se fait servir son hamburger, sauf Mano qui est végétarien et qui a uniquement pris des frites.
- Mano, tu sais qu'on cuit tout dans de la graisse animal...
- Ouais Redah.
- Même tes frites.
- … ouais mais j'ai trop faim !
- Tu dis ça à chaque fois. proteste Heinesy.
Redah lève les yeux et part en riant dans sa barbe. Hely lui colle une claque derrière la tête en le traitant de tous les noms et d'imposteur, mais ça ne semble pas le perturber.
Tout le monde commence à manger. J'ai toujours une petite hésitation peureuse avant une première fois, là j'hésite à mordre dans mon cheeseburger. Nesta me donne un léger coup de coude d'encouragement, il ne m'en faut pas plus. Je prends mes couverts, découpe un morceau et le déguste. Ce n'est pas mauvais, tout se mari bien ensemble. Heinesy dépose son hamburger dans son assiette et les coudes sur la table. J'entends les roulements de tambours vibrer dans sa tête, elle qui aime tant ce met.
- Alors ?
- Alors... Je n'ai rien à dire. C'est excellent !
Hely grimace presque tellement elle sourit.
- Ça va, il te grignote pas de l'intérieur ?
Learth et Ekin la regarde en faisant les gros yeux. Évidemment, ils ne savent pas de quoi elle parle. Je ris doucement et secoue la tête.
- Pas pour l'instant. On verra cette nuit.
- Ce serait quand même con qu'elle meurt à cause de son premier burger.
Les yeux de Learth et Ekin sortent de leurs orbites. Ce dernier explose de rire, se penche en arrière et tombe de sa chaise, poussant un petit cri de douleur avant de se remettre à rire. Learth libère ses mains et se redresse.
- Ça mérite des applaudissements. C'est une première fois, merde !
Ils applaudissent tous quelques secondes. Mano sourit.
- Ça mérite un gâteau. J'vais demander un gâteau d'anniversaire à Redah pour toi.
Il commence à se lever, mais Hely le retient par les épaules et lui tend son assiette.
- Finis tes frites, on en reparle plus tard. Genre dans quelques mois quand ce sera son anniversaire.
- Ok, on fait ça.
Heinesy m'adoube avec une frite, les prunelles de Learth sont toujours déployées.
- T'es sûre que tu viens pas d'une autre planète ?
- Possible. Je demanderai à ma mère à l'occasion.
- Mais non, c'est sa mère qui vient d'une autre planète ! répond Heinesy.
- Ah ouais, ça colle mieux. commente Ekin, après s'être relevé.
J'essaie de cacher ma honte, chose aisé avec Mornefia pour mère. Je sens, malgré des années de pratique, le rouge me monter dangereusement aux joues. Heinesy me pince délicatement la joue.
- Regardez comme elle est mignonne. Elle grandit si vite, déjà son premier burger !
Le groupe pousse un « Oh » attendri général. Je ris de nervosité. Ils sont gentils, alors qu'ils me connaissent à peine.
Pour dessert je prends un milk-shake vanille qui s'avère délicieux. Au moment de l'addition, Mano insiste pour payer « Au nom de notre amitié ». Personne n'insiste, et quand je veux le faire Nesta m'en empêche. Apparemment si on proteste il se lance dans un monologue interminable et finit toujours par payer.
À peine le nez dehors, les garçons et Heinesy allument chacun une cigarette Hely veut faire la grande.
- Mano, tu me laisses tirer une taffe ?
- Naaaaan, c'est pas pour les fillettes ce que je fume.
- Mais je suis plus âgée que toi ! Aller, sois cool !
- T'as déjà tiré sur un joint ?
- Il faut bien commencer un jour.
- Une autre fois, quand tu sera en condition de gérer une chiasse ou un bad.
- C'est pas à toi de me ménager, tu devrais m'appeler grande soeur !
- J'ai pas de soeur.
- Maintenant t'en as une.
Nesta s'éloigne du groupe, l'air pensive, je la suis. Elle s'arrête non loin et fixe le soleil qui a presque disparu. Elle expire un grand coup.
- Tout va bien ?
- Hein ? Oh oui, ça va.
Elle shoote dans une petite pierre.
- Je pensais à quelque chose. C'est pas important.
- Tu veux en parler ?
- Je sais pas. Je me sens un peu perdue.
Elle jette un oeil au groupe. Elle s'arrête sur son ex petit ami.
- J'ai repensé à ce que tu m'as dit, par rapport à Ekin. Je ne sais pas quoi faire. Il fait des efforts, je peux pas le nier.
- Il faut dire qu'il met du coeur à l'ouvrage.
- Oui ! dit-elle en gémissant un rire. Mais j'arrive à le voir que comme... un traître.
Des larmes naissent sous ses prunelles humides. Elle ravale un sanglot et me regarde, gênée.
- Pardon. J'arrête pas de pleurer. Tu dois me prendre pour une cruche ou une hystérique.
- Non, au contraire. Ça témoigne de ton immense sensibilité.
- Et c'est une bonne chose ?
- Sachant que Zakia est insensible, ça devrait même te rassurer.
Elle tourne le dos aux autres pour que personne d'autre que moi ne la voit pleurer. Je la prends dans mes bras. Elle se blottit contre moi et la sentir si mal me serre le coeur. Après un peu plus d'une minute elle se redresse et essuie ses yeux. Son maquillage n'a presque pas coulé. Elle renifle, me sourit et prend mes mains dans les siennes en me remerciant. Je lui rends son sourire.
- Parle-lui. Pas ce soir, mais trouve un moment pour lui parler, même si c'est pour l'insulter.
Elle rit dans un sanglot léger, je la sens déjà mieux. Elle souffle pour extérioriser son mal-être et hoche la tête.
Heinesy nous appelle. Le soleil a terminé sa course journalière, laissant une luminosité quasiment imperceptible, masquant les yeux rougis de Nesta. Pourtant, Ekin le remarque.
- Ça va Nesta ?
- Je suis fatiguée.
Elle monte dans la voiture sans dire au revoir aux garçons. Ekin est dépité, Learth le bouscule.
- C'est pas comme ça que tu vas réussir quelque chose avec elle.
- Oh, ta gueule.
- Tu critiques mon couple (Ekin pouffe) qui tient qu'à un putain de fil. Mais toi plus t'essaies d'arranger les choses plus t'as l'air d'un connard.
- Normal, j'en suis un.
- Non, t'es notre connard.
Learth attrape son ami par le cou avec son bras et lui fait un savon sur le dessus du crâne. Il fait un bisou sur le sommet de sa tête et le lâche. Nous nous saluons tous et, avec les filles, rentrons à l'internat. Les garçons prennent le direction opposée. Je ne sais pas où ils iront cette nuit.
***
Il est là, il m'observe. Je me retrouve encore ici. Cette colline si sombre et pourtant sous un ciel immaculé, celle que je n'arrive jamais à atteindre à temps. À son sommet il y a deux tours, une noire et l'autre blanche, comme à chaque fois, quelles que soient les circonstances. Le ciel est dégagé, bien qu'anormalement sombre. L'orage retenti derrière moi. Je dois lui échapper, je le sens. Je cours aussi vite que mes jambes le peuvent, en direction de la tour blanche. J'avance, mais le paysage me rattrape. Ma peau me picote, je devine les éclaires dans mon dos, frappant le sol boueux sous mes pied nus. Je n'arriverai pas à atteindre la tour blanche, je n'y arrive jamais. Je dois m'abriter, qu'importe où. Je m'élance vers la tour noire, elle vient à moi à une vitesse extraordinaire. Je fonce droit sur la porte, elle refuse de céder sous mon poids. J'insiste. Il faut que je rentre ! Je m'obstine jusqu'à ne plus sentir mon épaule, et au-delà. Luttant contre la peur et la douleur contre cette porte, qui finit pas céder. Je rentre sans regarder et ferme derrière moi. Malgré cela, j'entraperçois le ciel zébré par la fureur du ciel. J'attends, puis entends l'orage passer dehors, je suis sauve.
Je ferme les yeux et cale mon dos contre la porte pour me laisser glisser. Ma robe blanche ne l'est plus. Mon soulagement n'est que de courte durée, lorsque j'entends une seconde respiration. Un souffle, froid et fétide, fait voler une mèche de mes cheveux. Je ne remarque qu'à présent qu'il fait nuit noire. Pas une once de lumière. À moins que mes paupières ne soient closes. Je les ouvres. Des yeux, vides et sans iris, immenses et ronds. Terrifiants. Obscurs. Sans fond. Sans âme. L'être qui me fait face paraît humain. Il n'en est pas un. Ses yeux m'aspirent. Ma gorge ne laisse pas échapper mon cri d'effroi. Ils avalent mon énergie vitale. Sort de sa bouche sans lèvres et denté de lames de rasoirs une langue fine et longue, couverte de sang. Mon sang. La créature émet un gémissement suraigu à en faire éclater mes tympans. Mon corps tout entier est secoué de spasmes. Mes yeux se révulsent. C'est abominable. Mon âme est violée. Ce qu'il me fait est répugnant. Un liquide épais et brûlant sort de ma bouche et de mes oreilles. J'étouffe. Je prie.
J'ouvre les yeux sur le néant.
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Dernière mise à jour le 31/12/2019
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