Partie 6 : Pertes et engagement

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Ses parents ont été malchanceux. Le sera-t-il aussi ? Nous nous assurerons que non. Le couple rapporta l’orphelin dans leur demeure et devint officiellement ses parents adoptifs. Il serait difficile de lui révéler la vérité en temps voulu, mais en attendant, elles se focalisèrent sur leur rôle de mère. C’est moi qui ai désiré un enfant. Il sera notre fils. Et nous prendrons soin de lui.

Une telle responsabilité obligea Fherini et Aldenia à se requestionner sur leur parcours. Elles résidaient déjà dans une habitation idéale pour le développement de leur enfant. Il leur restait à décider comment concilier leurs engagements professionnels et familiaux.

Une idée trotta alors dans la tête de Fherini, bien qu’elle tentât de la chasser envers et contre tout. Chacun des villageois connaissait sa réputation. Autrefois héritière de la famille Laefdra, des regards d’admiration l’assiégeaient pourtant chaque fois qu’elle se baguenaudait dans les rues. Parfois elle s’en empourprait, toutefois elle demeurait souriante et la tête haute, surtout lorsqu’elle était en compagnie de son épouse. Ce pourquoi elle décida de se présenter à l’élection de cheffe d’Amenil. Ce fut une victoire éclatante, même si elle laissa un goût amer à la candidate.

Je comprends son scepticisme. Elle a peur d’être aussi mauvaise que ses parents. Prouvons que ses craintes sont infondées ! Hémon, ainsi avaient-elle prénommé leur fils adoptif, constitua leur centre d’attention pour les années à venir. Fherini comme Aldenia parvinrent à allier leur éducation avec sa carrière politique pour la première et ses missions pour la deuxième. La citadine raréfia néanmoins ses sorties du village afin de seconder son épouse dans ses tâches ardues. Jamais elles n’y rechignaient, et malgré leurs disputes occasionnelles, leurs réconciliations leur faisaient vite oublier leurs problèmes. Si Fherini continuait de douter sur ses capacités, au moins voyait-elle rarement sa popularité baisser. Ne pas s’engager dans une multitude de promesses était la clé pour ne jamais décevoir personne, sinon elle-même.

Au-delà des décisions ardues, au-delà des rares pauses, ce qui enchantait surtout Fherini et Aldenia était de voir leur enfant grandir. Hémon perçait de ses yeux azurs duquel contrastait la pâleur de son visage couronné de cheveux châtains. Une telle bouille ravissait le cœur de ses parents adoptifs qui s’évertuèrent à lui rendre autant d’affection en retour.

Et ce jeune garçon ouvrit la porte lors d’une venue importante. Se présenta Ismold Edel, un jeune homme avenant, de bonne allure et aux courtes mèches rousses. Aldenia et Fherini l’accueillirent autour d’une table au bois de chêne et lui offrirent une infusion aux herbes sucrées locales. Sitôt installés, sitôt les politesses établies, Ismold entra dans le vif du sujet :

— Votre réputation n’est plus à faire, complimenta-t-il. Mais je n’ai pas accompli ce voyage pour vous servir de louanges. En fait, Cysele et Theren Ramar m’envoient. Je ne suis que leur apprenti pour le moment, trop jeune pour appartenir au Conseil Régent.

Eux ? Ce couple illustre d’Orocède ? Ce n’est pas banal ! Aldenia se crispa face à une telle annonce, avant de se détendre au doux toucher de sa femme.

— Que nous veulent-ils ? questionna Fherini.

— Que vous participiez aux réunions du Conseil Régent. Pas en tant que membres officiels, vous habitez trop loin, mais en tant qu’invitées.

Le cœur des deux mères fit un grand bond dans leur poitrine. Non qu’elles tremblassent ou sursautassent, elles ne manifestèrent de fait aucun signe physique. Mais leur esprit tourbillonnait de perspectives quant à la proposition. Moi qui croyais que tout serait tranquille, à présent… D’un autre côté, c’est assez intéressant ! La citadine consulta sa compagne afin d’avoir son avis. Analyser ses rictus lui suffisait à décoder ses pensées.

— Une offre alléchante, commenta Aldenia. Mais est-ce que nous la méritons ?

— Évidemment ! renchérit Ismold. Vos talents de politiciennes et de magiciennes ne sont plus à prouver. Même votre jeune âge ne pose aucun problème : Hagran et Gardis eux-mêmes vous ont recommandé ! Ils ont le bras long, il faut avouer. Dans le bon sens du terme.

— Et en quoi serions-nous utiles ? demanda Fherini. Ne vous méprisez pas, nous sommes très intéressées, mais nous aimerions savoir si notre participation en vaudra la peine.

Ismold se renfrogna quelque peu. Il essaya de dissimuler sa moue, ce dont Aldenia s’aperçut aussitôt. D’autres problèmes ? Nous les combattrons !

— Deux voix supplémentaires nous feront du bien, expliqua-t-il. Le Conseil Régent est censé représenter tout le Ridilan, c’est pour cette raison que ses membres ont été élus. Mais, parfois, à force de se réunir dans la capitale et les grandes villes, ils admettent s’éloigner sans le vouloir du peuple. Vous, en revanche, vous en êtes proches.

— Vraiment ? fit Aldenia, dubitative. D’un certain point de vue, nous nous sommes isolées pour diriger un village et nous occuper d’un enfant, aussi charmants soient-ils.

— Ne soyez pas modestes. Ils savent ce que vous valez, sinon ils n’auraient pas pensé à vous. Vous êtes l’un des couples les plus célèbres du Ridilan, après tout ! Et votre expertise apporterait de la lumière à quelques zones sombres.

— Avouez-nous, exigea Fherini. Quel est le problème ?

— Il est plutôt flou. Pour résumer, les tensions entre l’ouest et l’est du pays sont de plus en plus nombreuses. Des croyances traitées différemment, du partage douteux de territoire… Tout est prétexte à des débats houleux. Avec un peu de chance, on évitera peut-être de trop les regards extérieurs.

Ni Fherini, ni Aldenia ne tressaillèrent. Elles hochèrent la tête, plus sérieuses que jamais, face à la gravité des propos.

— Alors nous devons nous engager, affirma Fherini. Pour le Ridilan. Pour notre peuple. Pour tous ceux qui souffrent.

Et dans leur propos s’inscrivit leur résolution gravée dans le marbre. C’est ce pourquoi nous nous sommes engagées. Pourvu que notre investissement donne des résultats probants.

Elles redécouvrirent la capitale moins d’un moins plus tard. Ce fut l’occasion de faire connaissance avec les membres du Conseil Régent. D’où qu’ils vinssent, quelles que fussent leurs opinions politiques, tous accueillirent triomphalement les recrues partielles. Ainsi s’intégrèrent-elles aussitôt au sein de ce milieu. Nous ne passerons plus jamais inaperçues. Autant endosser ce rôle jusqu’au bout.

Autour de la noire table ronde furent débattues les craintes quant à l’avenir du Ridilan. Ismold avait été fidèle à son propos, aussi Aldenia et Fherini s’impliquèrent dans chacune des discussions. Pour sûr les avis divergeaient : la frustration s’accumulait en elles chaque fois que des membres s’éternisaient en futiles questions. Au moins ces réunions aboutissaient-elles à des décisions, fussent-elles minimes. Parfois ils envoyaient des négociateurs modérer des escarmouches, parfois ils engageaient des enquêteurs pour se renseigner sur les zones sensibles.

De telles conclusions se répétèrent à chaque réunion. Après quelques mois toutefois, au moment d’entrer dans la réunion, une mauvaise surprise leur fit front. Filder les interpella. Il était blême. Des larmes coulaient d’abondance. Et chacun de ses mots se coinçait dans sa gorge.

— C’est Gardis…, articula-t-il péniblement. Elle… Elle est en train de mourir !

Le temps paraissait se figer autour du couple. Leur sang se glaça tandis que de la sueur perla sur leur front. Quoi ? Non ! Pas après toutes ces années ! Fherini et Aldenia, toutes secouées, se précipitèrent vers l’établissement. Elles avaient rarement revu Hargan et Gardis depuis leur mariage, elles ne désiraient pas que leur relation s’achevât ainsi.

Tel était le choc à admettre. Dans le sombre mutisme s’illuminait la lividité d’une femme vieillissante. Drapée de soie immaculée, ses yeux plissées comme ses rides, transie de multiples spasmes, Gardis suffoquait davantage qu’elle ne respirait. Elle était allongée sous des couvertures blanchâtres, entourée de ses plus proches collègues. À ses côtés se tenait son mari ravagé de sanglots.

— Merci à vous d’être venues…, murmura-t-il.

Fherini et Aldenia s’affairèrent bon gré mal gré auprès de la souffrante. Un faible sourire jaillit alors sur la figure de Gardis.

— Pourquoi ne pas nous avoir prévenus plus tôt ? s’affola Fherini. Il faut la sauver ! Notre magie de guérison n’est-elle pas puissante ?

— Tout a déjà été essayé, désespéra Hargan. Les médecins sont formels : cette infection d’origine floue s’attaque à tous les organes. Ce n’est plus qu’une question de jour avant que… avant que…

Le mécène faillit s’effondrer. Seul le soutien de son épouse, serrant fort sa main, lui permit de résister. Aldenia, pétrifiée, assistait impuissante à la scène.

— Tout ira bien, réconforta Gardis. Deibomon me guide.

— Pourquoi ? sanglota Hargan. Toi qui as secouru des centaines, voire des milliers de vies, ne devrait-il pas être miséricordieux avec toi ?

— Les intentions du prophète sont difficiles à interpréter. Peut-être souhaite-t-il me punir pour mes fautes…

— Que valent tes quelques meurtres nécessaires pour protéger autant de vies ? Gardis, je t’en supplie, reste avec moi ! Sans toi, je…

Le silence retomba. Toute voie semblait absente, pareille aux mots judicieux.. Ce monde est si injuste. La mort emporte toujours les bons en premiers… Les larmes versées n’étaient pas un mal pour Gardis qui fixa chacun de ses collègues avec bienveillance.

— Nos amis seront là pour toi, rassura-t-elle. J’ai quelques regrets, mais je partirai en paix.

— J’ai échoué, regretta Hagran. Encore ! À quoi bon sauver des vies si elles finissent quand même perdues ? Notre fille…

— Je vais la rejoindre. Toi aussi, Hagran, tu nous retrouveras en temps voulu. Mais tu dois encore vivre.

Hagran peina à se détacher du regard attendrissant de son épouse pour balayer ses collègues de ses yeux noyés de pleurs.

— Partez…, supplia-t-il. Laissez-moi seul avec Gardis. Que je puisse être totalement présent pour ses derniers instants…

Pourra-t-il tenir ? Pourra-t-il résister à cette vision ? Aldenia demeura immobile comme la vue d’un être suranné, courbé face à l’agonie, s’imprimait dans sa tête. Fherini dut l’entraîner à contrecœur : elles comme leurs collègues obéirent à la volonté de leur chef.

Hagran veilla toute la nuit au chevet de sa bien-aimée. Son décès fut annoncé le lendemain après-midi. Il fut difficile de séparer l’homme de celle qu’il avait aimé des décennies durant. Dans un mutisme de rigueur, la dépouille fut inhumée au crépuscule. Des centaines de personnes se réunirent, parmi lesquelles même Deirionne était présente, accompagnée de Sheela. Toutes deux fuyaient le regard d’Aldenia en accordant leurs prières à la dévouée Gardis. Mon passé ressurgit au pire moment. Enfin, je ne devrais pas y prêter attention. Elles sont là par respect. Reconnue comme fidèle de Deibomon, Gardis reçut tous les honneurs en conséquence, outre les louanges sur ses bonnes actions.

Beaucoup abandonnèrent le cimetière à la nuit tombée. Restait désespérément Hargan, qui n’arrivait pas à se détacher de la sépulture jonchée de fleurs. Fherini et Aldenia décidèrent de l’accompagner jusqu’au bout. C’est pour lui que c’est le plus difficile. Pourquoi le destin est-il si cruel ?

— Elle était toute ma vie, déplora le bienfaiteur à mi-voix. Je ne suis plus rien, désormais.

— Ne dites pas ça ! contredit Fherini. Gardis n’aurait jamais voulu que vous vous morfondiez sur votre sort !

— Elle n’est plus là pour me consoler. Elle incarne la preuve de mes échecs. Elle est une innocente que j’ai été incapable de sauver. Mon amour de toujours est parti, et tous mes espoirs avec elle.

— Hagran, souvenez-vous de tout ce que vous m’avez appris ! insista Aldenia. Vous affirmiez qu’il y avait un temps pour les larmes et un temps pour décider de son avenir. Laissez-nous vous aider, comme vous l’avez tant fait pour nous !

— À quoi bon ? Pour une personne que j’ai aidée, dix ont dû être englouties par les ténèbres. Malgré tout le respect que j’avais pour les convictions de ma Gardis, je me questionne encore sur les projets du prophète. A-t-il une quelconque volonté ou, comme beaucoup le croient, nous sommes juste les victimes d’un incontrôlable destin ? Nos actions individuelles ont peu d’impact positif pour soigner les plaies de ce monde. Je me suis évertué toute ma vie à préserver les enfants, incarnations de l’innocence, de ce mal. Aujourd’hui, combien encore sont affamés, maltraités, malheureux ? Beaucoup trop.

— Il y en aurait encore plus sans vous !

— Peut-être. Mais ça ne me soulage pas. Parce que je suis trop âgé, trop faible pour avoir une quelconque influence. L’errance sera mon unique rédemption. Pour trouver ma place dans ce monde. Mon rôle est terminé.

Hargan s’en fut dans ces sinistres adieux. D’une démarche trop assurée il disparut dans la nuit. Ni Aldenia, ni Fherini ne put le retenir dans la voie qu’il esquissait d’un pas vacillant.

Jamais elles ne le revirent.

D’autres séparations succédèrent. Sans la direction de Hargan, sans le soutien de Gardis, l’établissement comptait surtout sur ses nouveaux membres pour lui assurer un nouvel avenir. Beaucoup étaient d’anciens orphelins recueillis ici-bas, lesquels firent leurs adieux aux anciens qui se dispersèrent un peu partout dans le Ridilan. Filder s’engagea par exemple au nord du pays où il officia comme garde de la frontière. Les mois défilèrent, des liens se perdirent et le danger s’accrut.

Une réunion décisive eut lieu à l’aube de leur trentaine. Les membres proposèrent à Fherini de devenir protectrice d’Elodria, sa région natale, où elle siègerait sur le Trône de Cristal. Elle et son épouse restèrent bouche bée, tiraillées, indécises. Aucune réponse ne fut formulée, seulement la discrétion témoin des non-dits. Nous ne pouvions pas rester dans notre charmante campagne pour toujours. Il faut nous éloigner de notre confort, là où les risques sont présents. Mais Hémon doit rester en sécurité !

Aldenia et Fherini attendirent d’être rentrées chez elles avant d’en débattre, quitte à atermoyer la question des jours durant. L’idée était d’interpeller Hémon, fût-il trop jeune pour le réaliser, fût-il noyé de questions. De fait il était posé à l’écart, une moue hésitante suspendue sur son expression, fixant ses parents adoptifs avec innocence et incompréhension.

— Je dois y aller, décida Fherini. Fidèle à mes engagements, envers et contre tout !

— Alors laisse-nous t’accompagner ! insista Aldenia. Hors de question de nous séparer, c’est notre union qui nous renforce !

— Il ne vaut mieux pas. Cela mettrait Hémon en danger.

— Il ne sera pas plus en sécurité ici ! Notre fils a aussi besoin de toi ! Par pitié, ne nous abandonne pas !

Des murmures se dissipèrent au creux d’un long échange de regard. Pas toi, mon amour… Nous nous étions promises de rester ensemble. Fherini prit son épouse dans ses bras tout en enroulant délicatement ses mèches autour de ses doigts.

— Je ne vous abandonne pas, s’engagea-t-elle. Si je me bats en Elodria, je me bats pour chacun des citoyens du Ridilan.

Quelques sanglots s’éparpillèrent au milieu du salon baigné de lumière printanière. Dans cette absence de mélodie s’avança Hémon, regardant Fherini comme il ne l’avait jamais fait.

— Tu vas partir, maman ? s’inquiéta-t-il.

L’interpellée dut lutter contre son for intérieur pour éviter de pleur. D’un bras assuré, quoique tremblant, elle amena Hémon à sa hauteur et lui offrit son plus beau rictus.

— Mais je reviendrai, certifia-t-elle. Dès que la situation sera réglée.

Et le lendemain, Fherini ferma la porte, emportée par l’instabilité de son existence. Elle restera toujours auprès de nous. La contadine confia son titre de cheffe à des candidats motivés et appréciés. Elle confia sa responsabilité de mère à sa bien-aimée. Parente, politicienne, mage, elle s’estimait capable d’endosser chaque rôle tant qu’elle s’y investissait.

Qu’il en soit ainsi. Des temps difficiles exigent de faire des sacrifices.

Les premières semaines furent ardues malgré tout. Aldenia perdait sa partenaire de toujours au-delà de sa dévotion naturelle. Même si elles communiquaient chaque soir par télépathie, même si la citadine ne négligeait jamais Hémon, un manque se créa aux anfractuosités de son être. Bientôt elle écarta ses besoins personnels, tant les mauvaises nouvelles abondaient de plus en plus souvent. L’est du Ridilan n’était pas davantage protégé que le nord.

Une aube orangée dissimulait les présages d’un assombrissement imminent. Cela faisait plus d’une semaine qu’Aldenia n’avait reçu aucune communication de sa femme. À ses lourds battements se cumula d’incongrus sifflements. Ils s’intensifiaient dans sa proximité. Que se passe-t-il ? Je perçois des bruits étranges.

Une pierre fendit soudain sa vitre. Aldenia bondit hors de son lit, inondée de sueur, étriquée de sa robe de nuit anthracite. D’instinct elle attrapa Hémon dans ses bras. Si son fils adoptif somnolait encore, imperturbable, Aldenia le porta sans délicatesse. Elle se précipita vers les marches, devant lesquelles des grondements sourds se multipliaient. La réalité m’a donnée raison. Nous ne sommes en sécurité nulle part ! Elle descendit les escaliers à un rythme effréné, cherchant des meubles pour barricader les lieux, guettant des cachettes pour son fils adoptif. Mais elle n’avait pas le temps d’y gamberger outre mesure, ce pourquoi elle se dressa devant la porte, maîtresse de son domaine.

— N’approchez pas ! menaça-t-elle. Révélez qui vous êtes !

Par-devers une barrière de flux magique s’ébranla la porte.

— Si vous osez toucher à mon fils, vous le regretterez !

Des gonds explosèrent en dévoilant les assaillants. D’emblée Aldenia les repoussa d’un sort de projection, et ils se fracassèrent sur la terre humide. La protectrice les foudroya des yeux avant de se rétracter. Un coup d’œil plus détaillé lui permit en effet de mieux détailler ses agresseurs. Ils n’étaient pas des bandits. Ni même des guerriers. C’étaient des personnes aux vêtements loqueteux, d’une blancheur maladive, striées de lacérations tout juste cicatrisées. Veulent-ils m’attaquer ? Sont-ils désespérés ? Ou bien j’avais tort et j’ai laissé ma peur me guider.

Soudain une femme du groupe s’agrippa à ses genoux.

— Ils arrivent ! hurla-t-elle. Si vous êtes bien la célèbre Aldenia N’Hyor… Je vous en conjure, aidez-nous ! Ils ont brûlé notre foyer ! Nous avons erré depuis le nord du pays, mais personne ne nous a écoutés !

— Mais de qui vous parlez-vous ? s’affola Aldenia.

— Les Carôniens ! Ils nous massacreront jusqu’au dernier !

Les rumeurs disaient vraies ? Ni cette femme, ni aucun de ses compagnons ne semblait mentir. Alors que son cœur battait la chamade, alors que les pires craintes assaillaient son esprit, Aldenia porta ses doigts à ses tempes. Elle soupira de soulagement en entendant la voix si lointaine de son épouse.

Mon amour ! interpella-t-elle. Pitié, dis-moi que tu vas bien !

Moi, oui…, répondit Fherini avec une pointe d’inquiétude. Mais les nouvelles sont de pire en pire. Que s’est-il passé pour que tu sois alarmée ?

Des réfugiés se sont affairés autour de notre maison ! J’ai cru qu’ils cherchaient à nous faire du mal, ils souhaitent juste de l’aide.

Hémon n’a rien ? Toi non plus ?

Non, ça va…. Pour le moment.

Je ne peux pas être soulagée. C’est de pire en pire. Désolée de te l’annoncer ainsi, et désolée de ne pas t’avoir parlée tout ce temps, mais Filder est mort.

Quoi ? Sommes-nous condamnés à perdre tous nos amis ? Comment est-ce arrivé ?

Comment l’expliquer… Il a été décapité par une générale Carônienne en protégeant la frontière. Son fils était en train de brûler les villages, lui et ses amis l’ont piégé pour se débarrasser de lui, et elle n’a pas apprécié. Ses troupes se sont repliées, mais ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils ne reviennent.

Alors c’est bien vrai. Les Carôniens veulent nous envahir.

J’aurais dû t’écouter. Nous ne sommes plus en sécurité nulle part. Il ne reste plus qu’une chose à faire.

Quoi donc ?

Riposter. Ils souhaitent la guerre ? Ils l’auront.

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