Chapitre 1 : Rencontres
Lorsqu'une faible lueur caresse mon visage, je me réveille dans un lit chaud, doux et confortable. Je me lève en sursaut, le souffle rapide et je suis surprise par une vive douleur qui irradie de mes côtes et de mes poumons. Je me retiens d'échapper un cri de douleur, ne sachant pas où je suis. Je ferme les yeux en m'étirant et tente de me lever. Immédiatement, une douleur me lance terriblement dans le dos et dans les côtes Je serre les dents et masse mes muscles tendus. Après plusieurs tentatives, je réussis enfin à sortir du lit en essayant de me souvenir de ce qu'il s'est passé, mes souvenirs sont flous. Je mets quelques minutes à retracer ma fuite ainsi que tous les événements. Je me suis évanouie et on m'a trouvée. Ma tête tourne, je prends appui sur le mur pour éviter de tomber. Je vais ouvrir les volets pour laisser entrer la lumière dans la pièce en faisant attention à ne pas faire de bruit, grimaçant lorsque la douleur est trop forte. J'ai terriblement mal aux côtes quand je respire et j'ai des courbatures horribles dans tout le corps. Des vêtements sont pliés sur mon lit, comme s'ils m'attendaient.J'enfile un pantalon ainsi qu'un t-shirt et un gilet pour cacher les cicatrices qui sont sur mes bras. Je passe plusieurs minutes à me batailler pour enfiler mes vêtements, mais je parviens finalement à y arriver. J'aperçois une bouteille d'eau en verre ainsi qu'un verre sur la table de chevet, j'en profite pour boire un peu, complètement déshydratée. Une fois prête, j'ouvre doucement la porte de ma chambre et me retrouve dans un petit couloir. Je m'avance lentement dans ce dernier et observe ce qui m'entoure. Il y a quelques meubles, les murs sont gris clair et il y a aussi quelques portes menant à d'autres pièces. Je n'ose pas les ouvrir de peur de tomber sur quelqu'un. Ma curiosité m'appelle à aller voir mais je me retiens. Soudain, j'entends deux personnes discuter au-rez-de-chaussée. Cette fois, je décide de m'approcher pour les observer. Lorsque je m'approche des escaliers, le parquet craque, je sursaute de surprise et les deux jeunes hommes qui parlaient se retournent vers moi. J'hésite un instant à adopter une position de combat mais je sais que je n'arriverai pas à les battre, je suis trop faible pour faire quoi que ce soit. Je dois leur faire confiance et espérer qu'ils soient gentils. Moi qui voulais être discrète, c'est raté...
— Bien dormi ? me demande l'un deux en se levant avec un sourire timide.
Je ne peux pas nier que ce garçon m'impressionne. Il est grand, très grand même, atteignant facilement les un mètre quatre-vingt. Ses yeux noisette, profonds et envoûtants, se détachent sur sa peau mate, leur couleur semblant changer en fonction de la lumière ambiante. Sa carrure massive et musclée attire inévitablement le regard, et il dégage une assurance et une force tranquilles. Ses cheveux châtain foncé, épais et soyeux, tombent en une cascade délicate sur son front.
Je hoche la tête, timide. Je n'ai pas l'habitude de discuter avec des gens, je n'en ai jamais vraiment eu l'occasion. Les seules personnes que j'ai pu côtoyer sont peu nombreuses : mon géniteur, Martine, ma gouvernante et des soldats. Ces derniers évitaient de me parler, ils me répondaient seulement lorsque je posais certaines questions. Certains se montraient plus aimables et empathiques. Je me souviens encore de cet homme qui avait ouvert la porte de ma chambre pour m'emmener à mon bourreau. Il m'avait dit de rester forte, que je pouvais lui résister. J'avais hoché la tête en retenant mes larmes parce qu'elles montraient ma faiblesse.
— Tu as besoin d'aide pour descendre ? me demande le garçon en me sortant de mes pensées et en se levant pour s'approcher.
Je secoue la tête à nouveau, cette fois négativement. Mon regard se pose alors sur la deuxième personne, également un garçon. Il est un peu plus grand que le premier. Ses cheveux bruns en bataille, lui donnent un air décontracté et indomptable à la fois. Sa bouche est étirée dans un sourire taquin, révélant des dents blanches et régulières, ajoutant à son charme. Ses yeux, d'un bleu électrique éclatant, captivent mon attention et me laissent sans voix. Je me sens hypnotisée par leur profondeur et leur clarté, comme si je pouvais y voir mon propre reflet. Cet homme dégage une aura de mystère et de confiance en soi qui attire instantanément le regard et suscite la curiosité. Je peux ressentir une force qui nous relie, une connexion inexplicable qui me pousse à m'approcher de lui. Pourquoi m'attire-t-il autant ? Pourquoi je sens que ma magie veut s'activer ?
Une fois en bas des escaliers, je fais tout mon possible pour éviter tout contact avec ces inconnus. L'un d'entre eux propose que j'aille m'asseoir dans le canapé de l'autre pièce. Il tente de me guider vers le canapé, mais je refuse catégoriquement toute aide, ne supportant pas le moindre contact physique. Je ne veux pas qu'on me touche, je ne veux pas qu'on m'approche, j'ai besoin d'être seule. Le style de la pièce est épuré, minimaliste, et les murs sont peints dans des teintes de gris, de blanc et de noir. Il y a peu de décoration, seulement quelques cadres photos posés sur des meubles en bois et une horloge à rouages accrochée au mur. Je grimace en m'asseyant dans le grand canapé à cause de la douleur de mes côtes, mais je m'efforce de la supporter, comme j'ai l'habitude de le faire. Les deux garçons haussent les sourcils en voyant ma grimace, échangeant un regard chargé de signification. Ils prennent place chacun sur un petit fauteuil pour me faire face, et je me retrouve au centre de l'attention. Je déteste cette sensation, ces regards qui me scrutent, cette pitié qui transparaît dans leurs yeux et cette curiosité qui brille dans leurs pupilles. Je me sens vulnérable et exposée, et je me demande pourquoi je me suis retrouvée dans cette situation.
— On va commencer très simplement, commence le garçon aux yeux marrons. Quel est ton nom ?
Sa voix est grave mais douce. Elle me surprend un instant et je n'ose rien dire. Je les sonde du regard pour déterminer leurs intentions, méfiante. Comme je ne réponds pas, ils échangent un regard entre eux et celui aux cheveux châtains foncés se présente.
— Moi, c'est Mattias, tu es la bienvenue ici, dit-il avec un sourire bienveillant.
— Et moi, c'est Nolan, continue l'autre, sûrement pour me mettre en confiance.
Mon cœur cogne contre mes côtes. Je baisse les yeux puis les lève, joue avec mes doigts, je souhaite tellement prendre mes jambes à mon coup. Après quelques secondes de silence, je pince mes lèvres, nerveuse et décide de prendre la parole, ne supportant plus ce silence pesant.
— Je m'appelle Erika, j'ose dire timidement.
— Enchanté ! s'exclament-ils en cœur.
Un maigre sourire s'esquisse malgré moi au bord de ma bouche.
— Tu veux bien nous dire ce qui t'est arrivé ? demande Nolan soudain l'air sérieux.
Je mets un instant pour comprendre ce qu'il me demande. Mattias lui fait un coup de coude qui se veut discret mais que je remarque tout de même. Mon cœur s'accélère à nouveau et je dois me contenir pour ne pas montrer ma panique. Mes doigts se crispent sur mes genoux, mes ongles s'enfonçant dans ma chair. La cicatrice en forme de croissant de lune sur mon bras me picote, signe de mon anxiété grandissante. J'aimerais pouvoir effacer tous ces souvenirs qui me hantent, mais ils sont toujours là, ancrés dans ma mémoire. Je secoue vivement la tête pour chasser ces pensées et je me renferme sur moi-même, retenant les larmes qui menacent de déborder. Je veux reprendre ma vie à zéro, loin de tout ce qui me rappelle mon passé douloureux. Je veux tout oublier, mais j'ai peur que cela ne soit jamais possible.
— Je te conseille d'y aller doucement, me conseille sagement Mattias en voyant que je ne réponds pas. Tu as des côtes fêlées, il faut que tu te reposes. Si tu as mal, dis le moi, il y a des médicaments dans le tiroir de la cuisine et dans la salle de bain. En tout cas, sache que tu es en sécurité ici et si tu veux rester un moment ici, tu peux.
Je relève la tête pour m'assurer qu'il est sérieux. Il me lance un regard rempli de bonne volonté et bienveillant. Pourtant je continue de douter, je ne comprends pas sa gentillesse. Pourquoi m'accueillait-il ? Il ne me connaît pas.
— Tu es la bienvenue ici, répète-t-il en voyant ma réaction.
Un léger poids se retire de ma poitrine mais je continue tout de même de ne pas avoir confiance. Malgré cela, je décide de profiter de l'occasion pour me reposer un peu. C'est un endroit sûr, du moins pour l'instant, alors autant en profiter. Je ne compte pas y rester trop longtemps car je n'ai pas été assez loin, je ne veux pas être retrouvée. Je vais simplement attendre d'être suffisamment en forme pour pouvoir m'éloigner discrètement et reprendre ma fuite.
— Tu as besoin de quelque chose ? me demande Nolan avec un sourire.
e sais qu'ils essaient d'être gentils, de me mettre à l'aise. Mais malgré leurs bonnes intentions, j'ai l'impression d'étouffer. Incapable de soutenir leur regard, je me sens maladroite et confuse. Je me décide finalement à leur demander de prendre l'air, bien que ma voix soit rauque et presque inaudible. Ils ont l'air surpris mais acquiescent lorsque Mattias hoche doucement la tête.
Je me lève lentement et me dirige vers la baie vitrée, prenant appui sur le fauteuil pour ne pas perdre l'équilibre. Une fois dehors, je remplis mes poumons d'air frais, profitant de la sensation de l'herbe sous mes pieds pour me reconnecter à la réalité. Je sens leur regard sur moi, mais je m'en moque. Je prends le temps d'admirer les magnifiques fleurs, la piscine au centre du jardin, le cerisier géant et enfin, le petit muret en brique au fond qui offre une vue imprenable sur le paysage.
Une larme solitaire roule sur ma joue. Est-ce cela, la liberté ? Je peine à y croire, persuadée que je suis en train de rêver.
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Je regarde la jeune fille rousse marcher dans le jardin. Elle avance doucement vers la piscine en observant ce qui l'entoure en fermant parfois les yeux et en levant la tête vers le ciel. Elle a l'air étrange et perdue, je me demande ce qui lui est arrivé. Quand on l'a trouvée avec Nolan, elle était épuisée et blessée. Nous l'avons porté et amené dans l'une des chambres de la maison avant d'appeler un médecin d'urgence. Celui-ci l'a auscultée et a révélé qu'elle avait des côtes fêlées, de nombreux bleus sur le corps et de nombreuses cicatrices. Il nous a demandé de la surveiller et de l'appeler s'il y avait le moindre problème. Je ne sais pas qui est cette fille et pourquoi je l'ai trouvée à moitié morte. Je suis certain qu'elle s'est enfuie d'un endroit, les cicatrices que j'ai pu voir sur ses bras montrent des blessures infligées durant l'enfance et certaines me semblaient encore récentes. Qui lui a fait ça ?
Je suis irrémédiablement attiré par elle, il existe une certaine énergie entre elle et moi. C'est étrange, je n'ai jamais rien ressenti de tel auparavant. Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'elle cache quelque chose, quelque chose qui pourrait expliquer cette tension inexplicable entre nous. Avant de la trouver, j'ai eu des visions étranges qui semblaient indiquer où elle se trouvait et qu'elle avait besoin d'aide. Cette énigme me consume et j'ai besoin de savoir ce qui se passe et de savoir qui elle est.
— Qu'est-ce qu'on fait ? me chuchote discrètement Nolan en me regardant.
Je réfléchis un instant et dit :
— J'ai la certitude qu'elle est recherchée et qu'elle est en danger. Je pense qu'elle restera ici pendant un moment. J'aviserai ensuite.
— C'est peut-être une fugitive venant d'un autre clan, me fait remarquer Nolan. Si c'est le cas et que quelqu'un le découvre, tu risques de faire augmenter les tensions entre les clans. Elles sont déjà bien assez présentes.
— Je le sais. Mais que veux-tu que je fasse ? Je vais la dénoncer ? Je la mets à la porte ?
— Honnêtement je n'en sais rien. Imagine qu'elle soit une personne dangereuse, qu'elle soit envoyée pour te tuer ?
— Non, tu vois bien qu'elle n'est pas capable de se battre, je rétorque en jetant un nouveau coup d'œil à la fille.
— Pour l'instant. Qui te dit qu'elle n'attend pas d'être guérie et d'avoir ta confiance pour t'assassiner facilement ?
— Non j'ai du mal à y croire. N'oublie pas les visions, elles m'ont guidées jusqu'à elle.
— Je pense qu'il serait judicieux d'en parler aux autres, tu ne crois pas ? me propose-t-il en caressant son front.
— C'est d'accord, dis-je en acquiesçant.
— Va les chercher. Je les veux tous ici dans trente minutes.
— Entendu.
Mon ami hoche la tête et s'empresse de sortir de la maison en enfilant rapidement sa veste en jean. Je prends une profonde inspiration pour me calmer, puis je cherche Erika du regard. Elle est assise sur le bord de la piscine, les pieds dans l'eau, ses longs cheveux roux bouclés dansant dans le vent. Elle se retourne lentement vers moi et plonge son regard dans le mien, comme si elle essayait de me sonder. Je ne peux m'empêcher de me sentir troublé par cette jeune fille mystérieuse. Je sors à mon tour du salon et m'approche d'elle, mes sens en alerte. Lorsque je m'approche, elle sursaute légèrement, comme si elle avait peur de moi. Si elle fait semblant d'avoir peur, elle est vraiment une bonne actrice.
— Tu es en sécurité ici, je lui rappelle gentiment.
Elle hoche doucement la tête et j'observe ses mains tremblantes. Je remarque son souffle accéléré. Je crois qu'elle va faire une crise de panique.
— Tu as besoin de quelque chose ? je demande, soucieux.
Il y a un long silence, mais elle finit par répondre.
— Non merci, ça va aller.
Elle se tourne vers moi pour m'observer. Désormais, elle plante son regard dans le mien et j'avoue être déstabilisé. Je n'arrive pas à lire ce qu'elle pense, je mords l'intérieur de mes joues, mal à l'aise. Elle semble s'apercevoir de ma gêne et détourne son regard en s'excusant.
— J'ai appelé des amies, elles vont arriver d'une minute à l'autre, je lui annonce.
La rousse tressaille de nouveau et me regarde d'un air terrifié.
— Pour...Pourquoi faire ? demande-t-elle paniquée en se décalant de moi.
— Ne t'inquiète pas, elles sont dignes de confiance. Elles ne parleront de toi à personne si c'est ce qui t'inquiète. Elles te tiendront compagnie.
— Je ne sais pas si c'est une bonne idée...
— Tout va bien se passer, je continue.
— Comment peux-tu le savoir ? me demande-t-elle, les sourcils froncés et la peur dans les yeux.
— Elles sont géniales tu vas les adorer, dis-je pour la rassurer.
— Je n'ai pas besoin de compagnie, rétorque-t-elle froidement.
— ça pourrait te faire du bien
Elle pouffe et dit :
— Ce n'est pas en ramenant des gens que je vais oublier tout ce qui m'est arrivé ! s'écrit-elle en pleurant.
Désormais elle est debout, elle se retourne pour ne plus me regarder et je l'entends pleurer. Elle se pince le bras et essaye de reprendre son souffle.
— Je sais que j'ai l'air triste et blessé, Je suis au courant merci.
Son ton est sec et tranchant mais se brise lorsqu'elle termine sa phrase.
— Justement, ça te fera surement du bien tu ne crois pas ? dis-je pour me rattraper, gêné.
— Tu ne peux pas comprendre, dit-elle en secouant la tête.
— Alors explique-moi, je l'encourage.
Pendant un instant, elle se retourne vers moi pour me fixer avant de détourner son regard. Ses mains tremblent et je repère quelques larmes couler sur ses joues. Elles les balayent d'un revers de la main. Il y a encore un long silence, lorsque je m'apprête à me relever, elle dit :
— Je suis désolée, je ne voulais pas être méchante. Je n'ai pas l'habitude de... de rencontrer et de parler avec des gens. Il va me falloir du temps. Je ne peux pas te raconter tout ce qui s'est passé dans ma vie, reprends elle. Mais je peux avancer.
— J'aurais dû te demander ton avis, désolé, je m'excuse en haussant les épaules.
— Après tout, tu es chez toi, tu peux inviter qui tu veux...
— Les voilà ! s'exclame soudain Nolan dans notre dos en entrant dans la maison.
Nous sursautons tous les deux et nous nous tournons vers le petit groupe. Nous nous levons pour les accueillir. Il est accompagné de Gaelle et de Chloé, mes meilleures amies. A eux trois, ils sont ma famille. Gaelle est assez impressionnante avec ses cheveux de jais et ses lunettes de soleil noires qui recouvrent ses magnifiques yeux vert émeraude. Elle mesure près d'un mètre soixante-dix, porte un jean noir ainsi qu'un croc top marron qui laisse entrevoir son nombril. Elle porte aussi une montre, un bracelet en argent et une chaîne en or avec des perles blanches autour du cou. Elle aime se faire voir par les autres et a un assez gros caractère, tout le contraire de Chloé. Je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi elles sont si proches toutes les deux puisqu'à première vue, elles n'ont rien en commun. En effet, Chloé a un style assez sobre et est gentille, sage et attentionnée. C'est la petite maman de notre groupe. Elle règle les conflits, elle nous écoute et donne son opinion sur des situations parfois complexes et elle est aussi extrêmement créative et talentueuse.
— Ravie de te rencontrer, dit poliment la jolie blonde alors que nous entrons dans le salon.
— De même, ajoute Gaelle avec moins d'entrain. Elle sourit un peu mais je la connais assez pour me rendre compte que quelque chose ne va pas.
— Enchantée, répond Erika, en se pinçant la lèvre, gênée.
Elle essaye de le cacher, je le vois.
— C'est pour elle qu'on est là ? me demande Gaelle, l'air profondément ennuyée en levant les yeux au ciel.
— Tout à fait, je réponds froidement pour la remettre à sa place.
Elle peut vraiment être une garce quand elle veut et elle a décidé que cette conversation allait être courte. Je lui lance un regard froid et je sens mon poing se serrer doucement, redoutant déjà les prochains instants.
— Ce n'est pas tout ça, mais je n'ai vraiment pas envie de me faire de nouvelle amie en fait.
Elle observe la rousse de la tête au pied, lassée.
— Gaelle, je dis fermement pour qu'elle se taise.
— On dirait un petit enfant perdu, continue-t-elle.
— Tu pourrais être sympa au moins non ? je la gronde, les sourcils froncés.
Je regrette déjà de l'avoir invitée. La rousse hausse les épaules, ne sachant pas où se mettre tandis que j'essaye de calmer la colère qui monte en moi.
— Non vraiment, pas envie. Tu as vraiment osé me déranger pendant ma sieste pour une brebis égarée ?
— Mais qu'est-ce qui te prend bordel ?! je m'exclame.
— Oh ça va. Je t'ai déjà dit que ce n'est pas parce que tu es chef de clan que je dois t'écouter et ramper lorsque tu m'appelles.
— T'abuses ! s'exclame cette fois Nolan en frappant dans sa main.
— Aie ! râle-t-elle en se la frottant.
— Je crois que j'avais souligné de faire bonne impression, ajoute Chloé, la mine déconfite.
— Vous allez vraiment me faire un cinéma pour ça ? Vous ne la connaissez même pas. Elle est peut-être une espionne. Tu y as pensé à ça sombre crétin ? renchérit-elle.
— Bien sûr que j'y ai pensé ! Et ne m'insulte pas !
— Ce n'est pas contre toi ma jolie, dit-elle en se tournant vers la rousse.
— Ne vous mettez pas en colère pour moi, intervient Erika pour nous calmer.
Nous la fixons tous désormais. Je suis surpris qu'elle prenne la parole, elle qui parait si méfiante.
— Je ne veux pas semer le trouble chez vous. Je vous promets que je ne savais pas que je me trouvais chez un chef de clan et je vous assure que je ne suis pas une espionne.
— Prouve-le, dit Gaelle en levant le menton.
— Comment ?
— Tu viens d'où en fait ? reprend Gaelle.
Je la fixe pour lui intimer de se taire tandis que la rousse s'immobilise. Je peux voir la peur dans ses yeux, elle ne sait pas quoi dire ni quoi faire, perdue.
— Bon, quelqu'un peut-il me dire d'où elle vient ? s'impatiente-t-elle.
— Elle ne nous l'a pas dit et nous ne la forcerons pas, explique Nolan, la voix remplie de colère.
— Et ça ne vous choque pas ?
— Gaelle dégage d'ici, j'ordonne méchamment.
Sans le vouloir, je fais trembler les murs de la maison. Tout le monde sursaute. Maudis pouvoir.
— Pardon ? je suis la seule personne censée ici ? s'exclame-t-elle sidérée.
— Tu es juste sans cœur, ajoute Chloé à son tour.
Gaelle nous fixe tour à tour avant de détourner le regard, l'air dégouté quand elle s'attarde sur Erika. Elle fulmine de rage et sort comme une furie de la maison en claquant la porte. Je m'apprête à la poursuivre mais Nolan m'arrête.
— Elle n'en vaut pas la peine.
— Qu'est-ce qui lui arrive ?!
— Son copain vient de la quitter, m'explique-t-il.
— C'était un con, dis-je la voix tranchante.
— Excuse-là, elle peut être vraiment idiote parfois, dit Chloé, l'air profondément gênée.
Erika baisse la tête, les larmes aux yeux.
— Et ne t'inquiète pas, je la rassure.
— Je ne veux pas vous causer d'ennui, dit-elle dans un murmure.
— Non ne t'inquiète pas, réponds Nolan en posant une main sur son épaule pour la soutenir.
Elle tressaille à son contact alors il retire sa main.
— Pardon, s'excuse-t-il.
— Ce n'est rien...répond-t-elle en baissant les yeux, comme si son contact l'avait brûlé.
— Tu as quelque part où aller ? lui demande Chloé.
Erika secoue négativement la tête en reprenant son souffle, pâle comme un linge.
— Je vais trouver un autre endroit s'il le faut, ce n'est pas grave, continue-t-elle poliment.
— Tu peux rester ici ne t'inquiètes pas, je lui assure.
— Tu es recherchée ? reprends Chloé gentiment.
Après quelques secondes de silence, la rousse décide de nous répondre.
— Sûrement, affirme-t-elle.
Je m'en doutais.
— Tu veux bien nous dire par qui ?
Elle lève les yeux vers nous et se met à sangloter. Je regarde Chloé et Nolan, inquiet. Dans quel pétrin nous venons de nous fourrer ? Je pourrais la mettre à la porte mais ma conscience me l'interdit.
— Ce n'est pas grave, tu nous le diras quand tu te sentiras prête d'accord ? Pour le moment je te conseille de ne pas sortir en ville. On ne sait jamais, dit Nolan.
— Merci, répond-t-elle en essayant de se calmer. Je suis désolée.
— Ne t'excuses pas, ça va aller, la rassure Chloé avec un maigre sourire.
— J'espère, murmure Erika en fermant les yeux.
Nous sommes désormais dans le salon depuis quelques heures, en train de parler entre nous. Erika semblait se mettre à l'écart de la conversation au début mais nous avons réussi à l'inclure. J'ai l'impression qu'elle s'amuse bien. Elle a souri plusieurs fois depuis le début de la soirée et nous avons même pu entendre son rire.
— Ça vous dit que l'on mange de la pizza ? je demande au groupe.
— Oui avec plaisir ! Répondent en coeur mes compères en souriant.
— Erika ? je l'appelle pour lui demander son avis.
— Je n'en n'ai jamais mangé, avoue-t-elle, gênée.
— Oh, échappe Chloé en mettant sa main devant sa bouche.
— Et bien tu vas goûter ! Je t'assure que c'est délicieux ! déclare Nolan pour éviter d'instaurer un malaise.
— Je vous fais confiance alors, répond la rousse en replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille.
Une vingtaine de minutes plus tard, nous nous retrouvons avec deux pizzas sur la table du salon. Nolan se lèche les babines, pressé de pouvoir les manger.
— Ça sent si bon ! s'exclame Erika en claquant des mains.
— Tu vas voir c'est super un délice !
Toute la soirée, nous dégustons nos mets délicieux en papotant entre nous. Erika reste tout de même en retrait et parle très peu, ce qui nous empêche d'en apprendre plus sur elle. Je ne veux pas la brusquer mais je voudrais tout de même savoir qui est la personne qui va séjourner chez moi.
— Bon je vais y aller ! nous avertit Chloé en se levant du canapé pour enfiler sa veste en jean.
— Oui moi aussi, il commence à être tard ! ajoute Nolan en regardant sa montre.
— A demain alors ! dis-je en leur faisant un signe de la main.
— Salut ! ajoute Erika timidement.
— C'était une belle soirée ! je fais remarquer alors que mes amis viennent de franchir le seuil de la porte.
— Je ne m'étais jamais amusée comme ça avant ! répond-elle tout sourire.
— Vraiment ?
Soudain, elle se referme. Son sourire disparaît. Elle hoche la tête en haussant les épaules. Je suis vraiment un imbécile. Une seule question a suffi pour qu'elle se referme comme une coquille. Ne sachant pas quoi faire, je décide de reprendre la parole :
— Euh...Je vais ranger tout ça, tu peux aller te coucher si tu veux, tu dois être fatiguée.
— Oui je vais y aller, merci beaucoup pour cette soirée.
— Ravi de pouvoir rendre service.
Et je la regarde monter doucement les escaliers avant de tout ranger et de me coucher à mon tour. Le sommeil m'arrive difficilement. J'essaie d'imaginer ce que Erika a pu vivre. Je me demande si elle se méfie de moi ou si elle a simplement besoin de temps pour s'ouvrir. Mes pensées se bousculent et je sens une tension grandissante en moi. Les instincts de protecteur qui sommeillent en moi me poussent à vouloir la protéger, même si je ne connais rien d'elle. Mais je dois rester vigilant. J'ai été trahi par le passé et je ne peux pas me permettre de baisser ma garde, même si cette fille m'attire irrésistiblement.Je tente de me raisonner, mais je sens que mes pouvoirs magiques se déchaînent, attisés par mes émotions. Des questions se bousculent dans ma tête : pourquoi ressens-je cette connexion avec elle ? Suis-je en train de me faire des illusions ? Peut-être que mes amis ont raison et que je devrais me méfier d'elle.Je finis par sombrer dans un sommeil agité, hanté par des rêves confus où Erika est omniprésente.
Un cri strident me réveille dans la nuit. Je suis tétanisé, je n'arrive plus à bouger. Après quelques secondes, je reconnais la voix d'Erika qui hurle des « non » à répétition. Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine mais je me lève le plus rapidement possible en gardant mon sang-froid. Je déboule comme un fou furieux dans sa chambre, en panique. J'allume la lumière tout en m'écriant :
— Qui va la !
Mais il n'y a personne dans la pièce mis à part la rousse. Elle se débat dans son lit comme si elle voulait échapper à quelqu'un. Je mets quelques secondes pour bouger à nouveau et de l'appeler.
— Erika, réveille-toi, c'est un cauchemar !
Je m'abaisse à son niveau pour la secouer. Elle se réveille en sursaut en hurlant et plante son regard dans le mien avant de pleurer à chaudes larmes.
— Et ! tout va bien, je lui murmure pour la rassurer.
Je n'ai pas le temps de faire quoi que ce soit qu'elle m'enlace. J'essaye de la rassurer comme je le peux mais je ne parviens pas à la calmer. Je sens son cœur battre la chamade dans sa poitrine, j'ai l'impression qu'il peut sortir de sa cage thoracique à tout moment. Elle continue de pleurer pendant de longues minutes, j'ai l'impression que cela dure une éternité. Une fois à peu près remise, elle colle son dos contre le mur en prenant de grandes inspirations.
— Je suis désolée, souffle-t-elle, la voix complètement enrouée.
— Ce n'est rien rassure-toi, dis-je en la regardant, inquiet.
— Je ne voulais pas te réveiller, dit-elle dans un murmure en continuant de sécher ses larmes.
— Ne t'inquiète pas pour ça, ce n'est rien, je lui répète pour la rassurer.
Elle me fixe, ses yeux rougis par les larmes.
— Je...Je n'avais jamais fait de cauchemar comme celui-là, m'avoue-t-elle.
— Tu en fais souvent ? j'ose demander.
— Jamais aussi violent, finit-t-elle par dire, le regard dans le vide.
— Tu veux m'en parler ?
Elle souffle longuement et ne dit rien pendant un moment. Alors que je pense qu'elle ne me dira rien, elle finit par prendre la parole.
— J'étais dans une chambre dans laquelle j'ai passé beaucoup de temps. Je n'arrivais pas à ouvrir la porte. J'étais enfermée, je...je criais parce que je voulais absolument sortir. Quand j'ai enfin vu la porte s'ouvrir, j'ai cru que c'était quelqu'un qui venait m'aider mais c'était... Elle prend une pause avant de reprendre, le regard rivé sur un pli de la couverture qu'elle tient entre ses doigts. C'était quelqu'un qui tenait une ceinture. Il s'est approché de moi et a commencé à...
Erika pleure de nouveau. Je ne sais pas ce que je dois faire pour l'aider. Son cauchemar lui semblait si réel... Et si c'était une reconstitution de ce qu'elle a vécu ?
— Tu peux rester un peu ? me demande-t-elle doucement.
Je ne m'attendais absolument pas à ce qu'elle ose me demander ça. Je suis assez surpris mais j'accepte son invitation. Je m'assois sur son lit, juste à côté d'elle. Cependant, je fais bien attention à ne pas la toucher. Elle m'a enlacé tout à l'heure mais c'était sur le coup de la peur. Je ne veux pas risquer de l'effrayer encore plus en tentant quelque chose de stupide : par exemple lui prendre la main pour la rassurer. C'est banal mais j'ai peur qu'elle ne le comprenne pas.
Je m'approche d'Erika, qui semble gênée par mon regard insistant. Mais je ne peux pas m'en empêcher, elle est si belle. Sa chevelure est d'un rouge flamboyant qui me fascine, elle tombe en boucles parfaites sur ses épaules, et j'ai envie de la toucher. Je chasse cette pensée de mon esprit, je ne suis pas comme ça d'habitude. Mais quelque chose en elle me perturbe, comme si elle avait un pouvoir sur moi que je ne comprends pas. Je détourne finalement le regard, réalisant que ce n'est pas le moment pour des pensées futiles.
— Tu es donc chef de clan ? finit-elle par demander.
— Je suis le chef de clan de la terre.
La rousse me fixe un moment, comme si elle avait vu un fantôme.
— Quelque chose ne va pas ? je demande, étonné.
— Non rien, répond-elle en secouant énergiquement la tête. Je me disais que c'était étrange.
— Le destin peut-être.
— Surement, opine-t-elle en haussant les épaules. Et tu...tu maîtrises le pouvoir ?
— Non. Enfin pas exactement. Il apparaît seulement à certains moments. Souvent quand je suis en colère. Quand les murs ont tremblé avec Gaelle par exemple.
— Tu n'as jamais cherché à le maîtriser ?
— Si. Quand j'étais plus jeune. Mes parents m'aidaient à le contrôler et un jour, j'ai dû arrêter. De toute façon, je ne m'en sentais pas capable.
— C'est dommage...dit-elle d'un air rêveur. A priori la magie de chaque clan disparaît avec le temps. Il suffirait qu'un seul le maîtrise pour attaquer les autres.
— Personne n'oserait faire ça. C'est contre les règles ancestrales. Tu t'y connais beaucoup en magie ?
— Pas beaucoup, me dit-elle après une seconde d'hésitation.
Je suis sûr qu'elle en sait plus sur la magie qu'elle ne me laisse croire. En plus, elle vient de changer de sujet, comme si elle voulait éviter de parler des pouvoirs.
— J'ai passé une très bonne soirée, je te remercie.
— J'en suis ravi alors, dis-je comme si de rien n'était. Je m'excuse encore pour Gaelle. Elle peut parfois être idiote.
— Je peux la comprendre. Pas sa méchanceté mais son a priori envers moi. C'est vrai que vous ne savez rien de moi et vous ne me forcez pas à me dévoiler. J'en suis très reconnaissante.
— Qu'est-ce qui te fait peur ? j'ose demander, intrigué.
Elle me regarde de nouveau, des larmes apparaissent autour de ses yeux. Elle essaye de les essuyer avant qu'elles ne coulent sur ses joues, comme si elle avait honte de déverser sa peine.
— Je veux oublier.
— Écoute. Tu...Tu ne vas pas oublier. Ce que tu as vécu est ancré en toi. C'est ton passé.
— Je le sais mais... En parler, c'est renforcer le fait que ça a existé. Je n'arrive pas à l'accepter.
— Je comprends. Tu as l'impression que ça va te détruire, que si tu montres ce que tu ressens, tu souffriras encore plus. Mais tu te mens à toi-même. Tu te renfermes, tu te recouvres d'une carapace pour éviter d'être plus brisée que tu ne l'es déjà.
La rousse m'observe en silence. Elle m'écoute attentivement comme si j'étais la voix de la raison. Son regard est doux, réconfortant, bienveillant. Je me suis peut-être trop dévoilé.
— On dirait que tu as déjà vécu quelque chose d'horrible, murmure-t-elle, la voix légèrement tremblante.
— C'est pour ça que j'essaye de te convaincre de nous faire confiance, me faire confiance. Je sais ce que ça fait de se sentir seul, d'être face à ses problèmes et de ne pas arriver à les affronter.
Elle pose sa main sur la mienne. Son geste est tendre, elle me fixe, intriguée.
— Je ne suis pas prête à en parler, finit-elle par dire. Je suis désolée que tu ais dû vivre certaines choses.
— La douleur finit par disparaître avec le temps tu sais, mais pas...
— La haine et la colère, continue-t-elle en me coupant.
— Exact.
Nous restons immobiles pendant quelques secondes, nos regards verrouillés l'un sur l'autre. Je ne peux m'empêcher d'admirer ses yeux profonds et la couleur enivrante de ses cheveux. Lorsqu'elle bouge, je suis captivé par l'odeur de noix de coco qui s'échappe d'elle. Mon corps réagit instantanément, je suis attiré par elle de manière incontrôlable. J'ai envie de toucher sa peau, de la tenir dans mes bras et de sentir sa chaleur contre la mienne. C'est insensé, je ne connais rien d'elle, mais j'ai l'impression de tout savoir à son sujet. C'est comme si notre destin était lié. Je me sens détendu en sa présence, ce qui me paraît étrange et irréel. Je n'avais jamais ressenti ça auparavant. Et ce qui m'intrigue le plus, c'est la façon dont ma magie réagit en sa présence. Elle est perturbée, agitée, comme si quelque chose de puissant était en train de se produire. Mais pourquoi ?
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Je suis troublée par le regard intense que le brun pose sur moi. Il cherche à percer mes secrets, à découvrir ce que je cache. Malgré cela, je ne me sens pas mal à l'aise en sa présence. Je suis tentée de libérer ma magie, de la laisser s'exprimer, mais je sais que je ne peux pas me permettre cette imprudence. Si je cède à ce désir, il connaitra une partie de mes secrets. Je suis déterminée à les garder enfouis en moi. e veux oublier mon passé et même s'il m'a dit que ça n'arrivera jamais, je ne peux pas m'empêcher d'espérer. Et surtout, je sais qu'il est à ma recherche et qu'il veut me retrouver.
— Tu arriveras à te rendormir ? demande Mattias gentiment.
— Oui je pense que ça va aller, merci.
Il se lève de mon lit et se dirige vers la porte. Avant qu'il ne la ferme, je l'appelle.
— Merci d'être resté.
— Tout va bien, dit-il simplement avant de me souhaiter une bonne nuit, d'éteindre la lumière et de fermer la porte.
Je suis assise sur mon lit dans le noir., face à mes démons intérieurs. Mon cerveau ne veut pas se reposer, envahi par des questions sans réponse. Et si je m'étais enfuie pour rien ? Et s'il me retrouvait ? Comment se déversera sa colère ? Me battra-t-il ? Ou est-ce qu'il me tuera ?
Mes yeux se remplissent de larmes. C'est un soulagement, une libération. Je ne pleure presque plus depuis des années, car il ne tolérait pas mes faiblesses. Je devais être forte, sans faille. Quand mes larmes coulaient, il me battait sans pitié. Je ne pouvais plus marcher, la douleur était insoutenable. Je libère toute la pression, toutes les horreurs que j'ai vécues. Je ne veux plus jamais revivre ça. Ma douleur est immense. Personne ne peut la comprendre. Parfois, je me demande pourquoi je suis encore là, dans ce monde. Pourquoi je n'ai jamais osé disparaître pour de bon. Peut-être qu'un jour, j'oserai prendre ce geste qui me libérera. Surtout s'il me retrouve et me renferme. Je ne pourrais pas supporter de revivre cette vie, en ayant goûté à la liberté. Pour l'instant, je veux juste essayer de vivre, enfin, et de profiter de chaque seconde, chaque minute, chaque heure loin de lui.
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