Chapitre 9 : Entrainement

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Je suis tiraillé par l'angoisse, les trois jours avant la rencontre me paraissent interminables. Mon esprit ne cesse de se torturer à l'idée de l'affrontement imminent, et je ressens une pression écrasante sur mes épaules. Je dois trouver un moyen de me libérer de cette tension, mais surtout, je dois m'assurer que Mattias est prêt pour ce qui nous attend. Je me dirige vers son bureau, frappe à la porte et attends patiemment qu'il m'autorise à entrer.

— Coucou ! dis-je en pénétrant dans la pièce.

— Tout va bien ? me demande-t-il en se relevant de sa chaise, inquiet.

Je suis frappé par le chaos qui règne dans la pièce. Des piles de papier sont éparpillées sur le sol et des assiettes sales sont empilées sur le bureau. Il a grand besoin de prendre l'air et de nettoyer tout ça  !

— Oui pas de soucis, je le rassure. Prépare-toi et va dans le jardin, je lui dis avec un sourire en coin.

— Pourquoi ? répond-il en fronçant les sourcils.

— Tu verras, enfile de quoi faire du sport, je lui indique avec un sourire espiègle.

— Mais...

Je ne lui laisse pas le temps de protester et referme la porte avec un sourire. J'entends sa grogne étouffée mais il finit par sortir de la pièce quelques secondes plus tard. Je me dirige aussitôt vers le jardin alors qu'il monte à l'étage pour rejoindre sa chambre.

— Qu'est-ce que tu veux faire ? me demande-t-il en sortant de la maison.

Je contemple sa chevelure brune, douce et soyeuse, encadrant son visage angélique. Il est vêtu d'un simple t-shirt et d'un jogging, sa beauté naturelle reste tout aussi frappante, même dans ce style plus décontracté.

— Je vais te préparer au combat, j'annonce fièrement.

— Mais je sais me battre, dit-il en plissant légèrement les yeux et en haussant les épaules.

— Justement je veux voir ton niveau ! dis-je avec énergie.

— Je te préviens j'ai fait des années d'escrime et de préparation à la guerre. C'est une formation nécessaire en tant que chef de clan.

— Super alors. Tient.

Je lui lance l'épée de bois d'un geste vif qu'il rattrape sans difficulté. Il se positionne face à moi, arborant un sourire espiègle et un regard déterminé. Je suis également prête à l'affronter, mes jambes légèrement fléchies, prête à bondir ou à esquiver. Dès qu'il me lance son attaque, je réagis avec rapidité et parviens à l'esquiver de justesse. Il recule d'un pas et je profite de l'opportunité pour le charger à mon tour. Cependant, il bloque mes coups avec une aisance déconcertante. Je me résous à reculer pour ne pas gaspiller mon énergie inutilement. Je tiens mon épée en bois à deux mains, mon corps aligné avec l'arme, prête à parer ou à attaquer. L'équilibre est crucial dans ce type de combat, je garde mes pieds légèrement écartés pour assurer ma stabilité. Je tente d'identifier les points faibles de Mattias tout en analysant sa technique. Ses attaques sont puissantes, mais je remarque une faiblesse dans sa position de retour. Je suis étonnée que personne ne l'ait remarqué plus tôt. Lorsque j'identifie le bon angle d'attaque, je fonce sans hésitation et réussis à le toucher à l'abdomen.

— Tu te débrouilles vraiment bien, j'avoue toute transpirante. Mais tu as un sacré défaut.

— Je croyais être parfait, répond-t-il en riant.

— Lorsque tu te replaces, décale-toi de manière à ce qu'il n'y ait aucun angle mort. Et si jamais tu en laisses un, anticipe pour pouvoir parer l'attaque et contre-attaquer. Et surtout, n'oublie jamais que le premier coup est le plus important.

— Je le sais, un combat à l'épée est généralement déterminé par le premier coup.

— C'est exact ! Bon reprenons.

Nous continuons l'entraînement à l'épée et nous nous perfectionnons tous les deux. Nous avons à peu près le même niveau et remportons chacun trois combats. Je dois avouer qu'il a beaucoup plus de force que moi et que plus le temps passe, plus j'ai du mal à me défendre.

— Maintenant on passe aux choses sérieuses, je dis après notre pause.

— C'est-à-dire ?

— Utilise ta magie, je lui demande.

Je vois soudainement son expression changer, comme si je venais de toucher un point sensible.

— Je ne peux pas.

Comme d'habitude lorsqu'il est anxieux, Mattias se gratte les cheveux et penche légèrement la tête. Il a l'air perdu, et je ne sais pas s'il le fait exprès, mais il recule d'un pas, comme s'il était incapable de se surpasser et d'utiliser cette magie qui ne demande qu'à être libérée.

— Pourquoi ? je lui demande afin d'en savoir plus.

— Je...Je ne sais plus comment faire, hésite-t-il. Je te l'ai dit, je sens la magie seulement quand je suis en colère ou extrêmement heureux. Mes émotions dictent son utilisation.

— Il faut que tu apprennes de nouveau à l'utiliser. Je vais te donner quelques pistes pour t'aider.

— Non, s'il te plait ne me force pas à faire ça, me supplie-t-il avec détresse.

— Mattias je ne peux pas faire revenir ta magie en claquant des doigts, c'est impossible, dis-je doucement en m'approchant de lui pour poser ma main sur son épaule. Si tu pars du principe que tu n'y arriveras pas alors tu n'y arriveras pas.

— Je n'ai pas envie d'y arriver.

— Mais pourquoi ça ? dis-je d'une voix douce.

— Et merde, souffle-t-il.

Je remarque des larmes briller au coin de ses yeux, signe qu'il est submergé par l'émotion. Il hésite, comme s'il était sur le point de me confier quelque chose de très personnel, mais malgré tout le soutien que je peux lui apporter, il semble déterminé à garder le silence.

— Si tu n'en as pas envie alors nous ne ferons rien d'accord, dis-je doucement.

— Laisse-moi reprendre mes esprits, me répond-t-il avant de s'asseoir dans l'herbe et de s'allonger en regardant le ciel.

Ses cheveux bruns tombent presque devant ses yeux clairs. Je ne comprends pas ce qui lui arrive. Je suis consciente que la magie peut être dangereuse mais je ne crois pas qu'il soit capable de l'exploiter aussi bien pour me faire du mal. Je m'allonge à ses côtés et saisis sa main qui était posée sur l'herbe. Il tourne la tête vers moi en me lançant un petit sourire.

— J'ai du mal avec la magie. Depuis toujours. Certains rêveraient d'être à ma place mais je ne la vois pas comme étant un don mais plutôt comme une contrainte dont on ne peut pas se détacher. Elle est encrée en moi, me colle à la peau et j'ai l'impression que plus je tente de la cacher, plus je me sens mal.

— Elle te demande de lui faire confiance.

— Comment lui faire confiance alors que c'est elle qui est la cause de tous mes maux ? De nos maux ?

— Je l'ai détesté pendant un moment mais quand j'ai pris conscience qu'elle pouvait m'aider, j'ai décidé de lui faire confiance.

— Oui mais toi c'est différent, elle n'a pas tué tes parents.

— Elle a rendu fou mon père, il a détruit toute mon enfance grâce à elle et il nous menace aujourd'hui. J'ai autant de raison que toi de détester la magie mais j'ai décidé de ne pas la laisser en moi. Elle a besoin d'être exploitée, elle n'est pas faite pour ne pas être utilisée.

Il me regarde un instant et souffle en fermant les yeux.

— C'est d'accord.

— Vraiment ? dis-je en m'asseyant sur l'herbe en le surplombant.

Il acquiesce et se lève à son tour, il saisit ma main pour que j'arrive à sa hauteur.

— Alors professeure ! Que fait-on ?

— Toi qu'est-ce que tu fais plutôt, je le corrige. Je n'ai pas les mêmes pouvoirs que toi et donc les mêmes capacités mais je vais essayer de te guider.

— Je te fais confiance.

Je lui sourit et m'éloigne un peu de lui pour lui laisser de l'espace.

— Je ne vais pas abimer mon terrain quand même ? demande-t-il en fronçant les sourcils.

— Le but c'est que tu le détruises et que tu le remettes en place.

— Je n'ai jamais fait ça, râle-t-il.

— Alors c'est l'occasion d'essayer, je rétorque avec un sourire. Concentre-toi sur ta magie. Ressens-la au plus profond de toi. Quand tu la sentiras, tu feras trembler le sol afin de le détruire.

Il acquiesce en silence et ferme les paupières. La magie se manifeste aussitôt. Sa magie.. Elle est si puissante qu'elle me fait frissonner. Le sol se met à vibrer sous nos pieds, créant des fissures qui s'étendent en craquant. Le bruit sourd qui en résulte résonne dans mes oreilles. Mais brusquement, tout se calme lorsque Mattias ouvre les yeux.

— Ça va ? je lui demande en voyant son air perdu.

— Désolé j'ai dévié sur autre chose.

— Ne t'inquiète pas, ça arrive, c'est normal tu ne l'as pas utilisé depuis longtemps.

— À chaque fois que je veux utiliser mes pouvoirs je revois des scènes passées dans mon esprit. Je le vois hésiter. Les souvenirs jaillissent et défilent sans que je ne le veuille et me perturbent.

Je m'approche de lui et pose une main sur son épaule. Nos visages sont si proches que je peux sentir son souffle contre sa peau.

— Je sais que c'est difficile, j'ai eu une période comme la tienne et elle revient encore parfois aujourd'hui. Ton inconscient envoie ces souvenirs parce qu'il a peur de ton pouvoir, de ce que tu vas faire avec et de ta puissance.

— Je dois défier ma peur ? l'affronter ? me demande-t-il en fronçant ses sourcils.

— Tu dois faire abstraction de ces souvenirs ou des scènes que tu vas voir. Tu dois continuer de te concentrer jusqu'au bout, visualiser ce que tu veux faire et croire en tes capacités. Il faut passer au-dessus de tout ça.

— C'est plus facile à dire qu'à faire...

— J'en suis consciente mais je sais que tu peux y arriver.

— Je suis prêt.

Je hoche la tête et m'éloigne de nouveau de lui tandis qu'il referme ses yeux. Cette fois-ci, la terre commence à trembler presque immédiatement et les fissures s'élargissent pour devenir de petites crevasses, révélant les entrailles de la terre. Le silence s'installe de nouveau après quelques instants et il rouvre lentement les yeux.

— J'ai réussi ! s'exclame-t-il, la fierté dans le regard. Regarde !

— Tu arriverais à remettre ça en ordre ? je le défie avec un sourire narquois.

— Mais bien sûr mademoiselle, répond-il en souriant.

Il tend les mains devant lui, comme je le fais parfois pour m'assurer que ma magie sera bien canalisée et pour me concentrer. Il parvient à restaurer son terrain en un rien de temps, comme si rien ne s'était passé.

— Je suis fière de toi, je le félicite en souriant et en tapant des mains.

— C'est grâce à toi, me répond-il avec un regard qui me déstabilise.

— Le pouvoir est en toi, je te donne juste des conseils.

— Et tu es à mes côtés.

Il se rapproche de moi une nouvelle fois, et nous échangeons un baiser passionné. Ses lèvres sont d'une douceur enivrante, sa peau contre la mienne provoque des frissons qui parcourent tout mon corps. Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine, et je ferme les yeux pour profiter pleinement de l'instant présent. Je caresse tendrement ses cheveux, qui sont étrangement soyeux sous mes doigts. Une énergie magique puissante vibre entre nous, comme si elle s'unissait pour ne faire plus qu'un.

Après quelques instants, il se détache de moi et pose ses mains sur mes hanches, me regardant avec une intensité qui me fait perdre mes mots. Je me sens unique, comme si j'étais la seule personne au monde capable de lui apporter du bonheur, de lui permettre d'avancer dans la vie.

— Je t'aime, souffle-t-il tendrement.

— Je t'aime aussi, je réponds en souriant.

Nous nous embrassons de nouveau avant de nous détacher l'un de l'autre, heureux.

— C'est tout pour aujourd'hui, dis-je en frappant son épaule. Allons nous reposer, les prochains jours vont être difficiles.

Il acquiesce et nous entrons dans la maison, main dans la main.

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