Valyrion I (2/2)
[...]
— Où est ce satané garnement ?
Dragarion arriva en trombe dans le temple, les mailles de son armure accompagnant le bruit de ses pas. Il poussa un cri de satisfaction.
— Ah ! Te voilà !
L'interpellé se retourna, tout comme le moine. L'empereur les rejoignit en quelques enjambées, et prit un air contrarié.
— Depuis quand es-tu là ? Père Allafyn, combien de temps allez-vous encore remplir le crâne de mon fils avec vos idées farfelues. Je savais que j'aurais dû faire raser cette partie du château quand j'en avais l'occasion.
— Votre Majesté, s'écria le religieux en s'inclinant, raser le temple provoquerait la colère du peuple, vous le savez bien.
— J'ai l'impression que toutes mes décisions engendrent des problèmes en ce moment, se plaignit le souverain. Les récentes taxes que nous avons imposé ne leur conviennent pas non plus. Il faut bien remplir les caisses.
— C'est une mauvaise passe, Votre Excellence, je suis sûr que tout va rentrer dans l'ordre. Je prierai pour vous.
— Prier tant que vous voulez cependant éloignez ces choses de mon fils. Sa place n'est pas ici.
L'empereur voulut attraper le bras de Valyrion mais ce dernier recula d'un pas et prit la parole :
— Père Allafyn n'a rien à voir là-dedans. Je suis venu prier de mon propre chef, père. Il s'est simplement assuré que tout allait bien pour moi. Pardonnez-le de s'inquiéter pour son prince.
Dragarion s'avança et empoigna le poignet du jeune homme pour le tirer vers lui.
— Peu importe. Il me semblait avoir été clair. Ta cousine se marie bientôt à Kaaloss et nous avons de la route à faire. Donc tu retournes dans ta chambre immédiatement, tu me retires cet accoutrement et prépare ta valise. Si l'un des domestiques me prévient que tu es encore sorti, tu auras des soucis à te faire, et ils s'appellent Cinq Doigts.
Le prince comprit le sous-entendu de son père et ne moufta pas, il n'avait aucune chance de gagner cette bataille. Il lança tout de même un regard pour extorquer un peu de compassion de son professeur, mais ce dernier s'était rangé du côté de son maître, malgré les remontrances que ce dernier lui avait faites. En silence, Valyrion fut ramené dans ses quartiers et une servante lui présenta sa tenue pour la cérémonie : une armure d'or avec des épaulettes de couleur sang. Sur le plastron figuraient les armoiries de l'empire, qui, du fait de l'ascendance de son père, représentaient le clan des Crocs-d'Acier : un loup argenté dévoilant des crocs aiguisés sur un fond émeraude.
L'orc abhorrait cet emblème qui représentait tout ce contre quoi il se battait : la violence et la bestialité. Porter cette uniforme était contre ces principes, mais il n'avait pas le choix. Il devait se montrer correct pour cette union. Son oncle, chef du clan des Esprits-du-Temps, avait offert en mariage sa fille au prince de Kaaloss. C'était l'occasion pour les deux nations d'effacer leur profonde rivalité et d'installer une ère de paix sur le Continent.
Pour cette raison, Valyrion était prêt à certaines concessions.
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