Paresse. IV.
Je me réveillais, vaseuse, sur le canapé de Jessica. La tête me tournait, sans doute l'effet de l'alcool qui persistait. Le brouillard de mes yeux s'évaporait petit à petit, laissant place aux détails qui m'entouraient. La table avait été débarrassé de ses verres, pichet et plateaux. J'étais recouverte d'une couverture et quelques coussins avaient été glissés sous ma tête en guise d'oreiller. Je me relevai péniblement et tâchai de reboutonner mon chemisier largement ouvert.
Jessica était tout près, assise en tailleur sur un fauteuil voisin et vêtue d'un simple kimono. Une revue sur ses jambes, elle leva la tête vers moi.
- Ca y est, tu émerges, s'amusa-t-elle, un sourire se dessinant sur son visage.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? J'ai quelques souvenirs qui me reviennent, mais c'est un peu flou...
A vrai dire, le seul souvenir qu'il me restait, c'était la vue furtive du jeune homme sur le point de me prendre. Cette image réveilla de nouveau en moi cette flamme tout juste assoupie.
- Tu es venue, on a bu un verre. Tu étais malheureuse, alors tu t'es mise à pleurer. Je t'ai prise dans mes bras pour te consoler, et on a un peu dérapé. Et après, Rodrigue nous a rejointes.
- Rodrigue ? demandais-je d'une voix sourde et perdue, recollant les souvenirs qui remontaient lentement à la surface.
- Un ami espagnol, avec qui j'ai fait mes études. On passe un peu de temps ensemble en quelque sorte...
- Vous êtes ... ensemble ?, demandai-je sur le ton de la confidence. Tu ne m'en as jamais parlé. Qu'est-ce qu'il faisait là ? Je pensais que nous étions seules...
Jessica semblait gênée de ma question. Le rouge lui montait aux joues. Elle coupa court en revenant à notre sujet initial.
- J'espère que ce qui s'est passé tout à l'heure ne t'a pas ...
La question resta en suspens, inachevée. Elle semblait chercher ses mots, sans doute pour ne pas me blesser. Son regard, toujours aussi perçant, ne trahisait pas une once de doute ni de malaise. Durant ce silence, je me souvins de ses caresses, de ses baisers, de sa façon de découvrir mon corps, ses mains qui glissaient sur moi. Je sentais à nouveau cette fièvre s'éveiller et incendier mon bas-ventre. Je me sentais de nouveau femme. Infidèle, certes, salope, pourquoi pas, mais avant tout désirée et désirante. Pas juste épouse, mais femme et amante.
- Ne t'en fais pas. Je pense même que tout ira mieux maintenant.
Je me levais et tirais sur ma jupe pour la remettre en place. Je m'excusais et commançais à rassembler mes affaires. A l'autre bout du canapé, je retrouvais ma culotte si aisément abondonnée. J'avais un peu honte de ce qu'il venait de se passer, mais je me sentais vivante et guérie de ma torpeur. Mon Georges n'avait qu'à bien se tenir.
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