Envie II
Il m'avait tourné autour lors d'une soirée mondaine, dans la salle de réception d'un hôtel chic. Au delà du costume saillant et de sa quarantaine grisonnante, mais bien conservée, j'avais eu les yeux rivés sur son alliance toute la soirée. Je respectais l'engagement qu'elle impliquait. Il avait juré fidélité à son épouse, et pourtant, je le convoitais avec ardeur.
J’ai toujours eu du mal à me sentir désirée en tant que femme. Mes formes généreuses avaient toujours été un frein à m’accepter. Je me sentais mal dans ma peau et n'avait que peu de confiance en moi. Je ne m’autorisais pas à être désirée pour moi-même, mais je prenais pour défi toute femme qui laissait quelques instants de liberté à son mari. Et cet homme, bien qu'engagé avec une autre, me convoitait clairement et attisait mon désir. C’était toujours ainsi, j’avais besoin que l’autre soit engagé pour lui trouver un intérêt. Il m'avait conviée à le rejoindre dans sa chambre d'hôtel, et bien évidemment, piquée au vif, je l'y avais rejoint.
A peine entrée dans sa suite, il m'avait agrippée et avait enfoui son visage dans ma nuque. Tout en me dévorant le cou, il me déshabillait habilement. L’expérience parlait. Ma robe finit rapidement à mes pieds. Nue face à lui, je me livrais à ses caresses et à ses mains qui s'occupaient de ma poitrine opulente, de mes fesses généreuses et de mes cuisses charnues. Il me soulevait du sol et me porta jusqu'à son lit où il s'allonge sur moi. Je l’interrompis et prit le temps de lui dérouler un préservatif. Je ne connais pas sa femme, et je ne le connais pas non plus. Enfin protégés, sans ménagement, il s'enfonça en moi comme une épée transperce la chair. Ce fut douloureux, puis plus rien. Je me laissais porter par le rythme de ses va-et-vients. Comme à mon habitude, je l’imaginais avec sa femme, dans son lit conjugal en pareil situation. Il n’était pas avec elle, mais avec moi. C’était moi qu’il baisait, pas elle. Je prenais plaisir à sentir cette attirance en moi et le guidait plus loin encore. Il jouit presque de suite. Sans doute la surprise. Chaque giclée de son foutre m'arracha un cri de plaisir, mêlé de regret.
Pendant qu'il reprenait son souffle, je rêvassis. Je ne comprenais pas pourquoi les hommes allaient voir ailleurs. Pourquoi n’est-il pas heureux, au point de rompre ce serment sacré qu’est le mariage ? Je n’en suis pas mécontente pour autant, mais je ne comprenais pas. Avait-elle un problème ? Une maladie ? Peut-être est-elle tout simplement moche ? Ou désagréable et pas baisable ? Cela ne me regardais pas et je ne voulais pas gâcher ce moment unique pour moi. Je profitais que mon partenaire s'assoupisse pour me rhabiller et sortir de sa suite.
Je pensais ne jamais le revoir. C'est toujours ce que j'envisageais. Pourtant, je le croisais par hasard en ville, quelques semaines plus tard. Il tenait par la main un enfant d'une dizaine d'années qui donnait la main à une femme superbe. Des jambes de gazelle, un regard de biche et une crinière de lion. Typiquement le genre de femme qui sabordait chacune de mes initiatives amoureuses et dont je jalousais la vie si parfaite. Et aujourd'hui c'est moi qui lui passait devant. Malgré son engagement, il avait succombé, il s'était laissé aller dans mes bras. Cette femme magnifique était cocue, et j'étais la maîtresse, j'étais celle qu'on désire, celle qui fait perdre la tête au point de rompre ses engagements.
Nos regards se croisèrent, mais il passa rapidement son chemin. Je ne le retenais pas, ne lui parlais pas… Il était infidèle, c’était son problème. J'étais emplie d'un sentiment de fierté. Pas celui d'être la maîtresse, non. Mais celui d'avoir été l'espace d'un instant celle qui surpasse l'autre, celle qui est plus désirable, celle que l'on choisit. Si lui, pourtant marié à une si sublime créature, me choisissait pour son adultère, alors chaque homme, chaque femme pourrait m'appartenir. Si je le désirais, si j'en avais envie, je pouvais l'obtenir. Je ne savais pas ce qui l'avait poussé dans mes bras. Peut être était-ce mes seins ronds et fermes ou mes fesses généreuses… J'étais cependant certaine d'une chose : si je connaissais ce qu'il manquait à un homme, et si j’étais capable de lui offrir, je pourrais convoiter et posséder n'importe qui.
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