J’ai quitté la grisaille parisienne. Finie cette ville merdique où je n’ai vécu que de désillusions ! Un mariage qui s’est terminé en queue de poisson, un travail… en eau de boudin. À l’aube de la quarantaine, j’avais tout réussi puis tout raté. J’ai décidé de ne pas m’appesantir sur mon sort ! Pour commencer ma nouvelle vie que je rêvais loin de la grisaille parisienne, je pris un vol sans retour pour un de ces paradis tropicaux, le hasard me conduisit au Mexique ! Sur cette langue de sable entre pyramides mayas et eau bleue du lagon. Mojitos et baignades le jour, discothèques la nuit… très vite je m’y suis ennuyée.

Mon bronzage était parfait, je ne me nourrissait que de pastèques, d’ananas, de poisson à la plancha et de cocktails alcoolisés… Ma taille était de guêpe, mes cuisses en béton. Pour oublier ma triste vie, je m’adonnais à mon sport favori, la natation. J’avais été médaillée des jeux d’Athènes, avant de me perdre dans des clubs miteux et des plans pourris… une blessure, ma non-titularisation en équipe de France quatre ans après… je m’étais mise à boire, à draguer tout ce qui avait un minimum de testostérone… Gorghio, m’avait sortie de cette mauvaise passe… avant de me rejeter à la mer ! Il avait repéré une championne de Rio, qui n’avait pas été sélectionnée pour Pékin… Bon prince, il adorait la veuve et l’orpheline en détresse !

Je m’abrutissais à nager… toute la journée… ne sortant de l’eau, que pour avaler un mojito ou une coupe de champagne, que m’offrait un Signor Ramirez, Garcia ou Paredes. Heureusement pour moi, ces trois tristes sires avaient fini sous les balles de concurrents.

Puis je l’ai vu, pas si beau que ça, mais, il avait de la classe ! Il me matait, mais me matait… Il était un peu lent à la détente…

À la sixième longueur il n’avait pas bougé, il allait se transformer en statue de sel c’était certain.

Alors je l’ai un peu aidé… j’ai fait le premier pas.

Je suis sortie de l’eau et j’ai adopté la démarche chaloupée de la bimbo en maillot une pièce rouge d’alerte à Malibu… il semblait mal à l’aise, voulait cacher quelque chose sous sa serviette…

je me suis approché de lui, comme si de rien n’était, je lui ai fait le coup des cheveux, son superbe polo était trempé, je me suis excusée… je me suis pressé tout contre lui feignant la maladresse il était encore plus mouillé, encore plus géné, et encore plus… Mmmm !

Je lui ai donné rendez-vous au bar une heure plus tard…

Pour une fois que je tombais sur un Européen qui n’avait pas le regard chafouin d’un narco !

Je me suis fait une beauté… il n’était pas mal non plus.

Le repas trainait en longueur…

j’ai accéléré le mouvement…

j’ai fait le tour de mon siège et je lui ai glissé dans l’oreille…

— Chambre 240, demande l’addition et rejoins moi !

Il ne traina pas, j’étais brulante… ça faisait longtemps… les locaux qui m’avaient draguée avant lui n’avaient pas vécu assez longtemps pour consommer, j’étais restée sur ma faim !

Il a été un amant convenable !

Je passerai les détails… j’ai un peu surjoué, ça fait partie du jeu, mais c’était plutôt agréable

Il m’a dit qu’il était écrivain…

et qu’il ne restait que quinze jours

je n’ai rien dit sur le moment

Mais la veille de son départ… j’ai joué non pas le grand jeu…. mais le très grand jeu… j’ai dit

— Tapis !

Il est sorti de ma chambre à quatre pattes

il a raté son avion

Je l’attendais sur le tarmac...je l'ai regardé comme un chien bléssé regarde son maitre !

J’ai caché son passeport, il m’a promis le tour du monde en voilier…

Je bronzerai sur le pont… lui tapera comme un damné sur sa machine à écrire!

il a intérêt à le sortir son best-seller !

Si… Il n’est pas prix Nobel ou Pulitzer…

il finira avec les crabes !