Salle de bain. Intérieur. Nuit.
Il a la langue bleue…
Et son corps est tassé.
Il a la langue bleue…
Et son corps est cassé.
Dans cette blancheur sombre,
Dans cette pénombre clinique.
Il a la langue bleue…
Et son bras découvert.
Les yeux sont grands ouverts,
Avec un regard fou.
Une traînée de bave sèche macule même sa joue.
Il a la langue bleue…
Ses grandes mains si mobiles se sont enfin posées,
Araignées décédées.
Il a la langue bleue…
Les cris les larmes coulent,
Et on le secoue.
Il a la langue bleue…
L’aiguille enfoncée dans sa chair
Disparaît pour être jetée loin,
Accompagnée d’un cri inhumain.
Il a la langue bleue…
Et les plaintes qui résonnent dans ce désert de faïence.
Il a la langue bleue..
Le visage une grimace.
Il a la langue bleue…
La grandeur n’est plus rien.
Il a la langue bleue…
Le ventre déjà rond appelle supplie et prie.
Le ventre déjà rond tire serre et caresse.
Il a la langue bleue…
Et c’est tout ce qui compte.
Sur le pas de la porte, à la lisière, à l’orée
L’enfant ne pense qu’à ça,
Spectatrice immobile et muette.
Il a la langue bleue…
Comme les paquets de cigarettes.
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