Bonus : Le Ciel des cétacés
Dans le ciel où flottaient les cétacés, la lente avancée des baleines bleues balayait les nuages pluvieux. Les sœurs baleines, par leur chant, entraînaient les cieux vers le couchant. De temps à autre, elles ouvraient grand la gueule et buvaient les nimbus. À leur suite, les orques croquaient les orages et crachaient les arcus ; les bélugas libéraient les bourrasques des giboulées ; les marsouins coursaient le mistral et la mousson, en fuyant le perfide zéphyr des vifs dauphins.
Les orques et les marsouins se méfiaient des demi-sourires du Sieur Dauphin, lequel affolait les gobeurs d'étoiles au ventre empli de soleils, sans s'offusquer de leurs soupirs effrayés. Sur le point de défaillir, les poissons phosphorescents relâchaient mille lucioles et filaient vers le firmament sous les rires fleuris du farceur dément.
Les oiseaux, de ce temps-là, faisaient leurs nids dans le ciel, où les marcheurs ne les atteignaient pas. C'était sans compter, ma foi, sur les mammifères incommodants qui y nageaient allègrement. Aussi ce jour-là, et c'était la fois de trop, Dame Oiseau vit s'approcher l'ombre d'un cachalot chassant le crachin, lequel chahuta son nid de plumes, là-haut dans les altostratus.
Un narval précédé de rafales tâchait de réduire la distance avec les cétacés, et le pauvre logis de Dame Oiseau fut secoué, culbuté, et si bien chambardé que depuis, c'est dans les arbres que les oiseaux font leur nid.
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