Le drôle de monsieur
Quand j’étais plus jeune et que ma mère me conduisait le matin chez ma nourrice qui habitait près de la gare, j’aimais regarder à travers la fenêtre de la voiture. Et tous les matins, je voyais Maxence, et je demandais toujours à ma maman :
-Il va où le drôle de monsieur ?
Et comme d’habitude, dans sa routine, ma mère me répondait d’une voix fatiguée :
-Travailler comme moi.
Je devais avoir cinq ans, pas plus quand cette routine là a commencé. Et j’ai toujours trouvé cet homme spécial bien que je ne le connaisse pas du tout à l’époque. Et du jour au lendemain, je ne l’ai plus jamais revue. Alors imaginez-vous, à l’âge de neuf ans, lorsque j’ai enfin pris l’initiative de rentrer dans la plus grande bâtisse de la ville et que je le vois là, en aube blanche, souriant et me semblant tellement amical avec le monde qu’il y avait. Mon cœur s’est rempli d’une joie intense à cette retrouvaille. Et puis, depuis ce jour, je l’aime, c’est comme ça, c’est malgré moi et je n’y peux rien.
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