Janvier 2011 - Happy New Year !
Alexandre m’invite à passer l’après midi chez lui avant de retrouver le train train habituel de l’école. « Ce n’est qu’une simple après midi », je me dis. « Et s’il me fait mal, je n’ai qu’à lui dire non, et cette fois, je ne me laisse pas faire. » D’un pas décidé, je me lance vers mon bourreau. Eprise d’une angoisse anormale, le temps n’a pas encore effacé la blessure de notre dernière entrevue. Je me sens encore affreusement mal, affreusement sale.
Arrivée dans sa chambre, j’essaie d’éviter comme je peux le souvenir de l’autre jour. Mais j’ai beaucoup de mal. Je cache mes mains tremblantes en les occupant. J’ai peur du monstre qui sommeille en lui.
-J’ai un cadeau pour toi, murmure-t-il amoureusement à mon oreille.
Je ne l’imagine pas prendre des photos de lui nu. Pourtant, quelque part, j’aimerais en avoir moi aussi. Juste au cas où il montrerait les miennes, histoire d’avoir de quoi me venger et de ne pas être la seule à être humiliée face au monde.
Au lieu de quoi, il ouvre son placard et en sort une peluche de pas plus de 50 cm.
-Joyeux noël.
Tu parles d’un joyeux noël. J’ai juste l’impression de m’être bien fait rouler. Voilà, je lui ai offert mon corps en image, il m’a rendu une peluche. Mon corps ne vaut pas plus qu’une stupide peluche. J’ai envie de rire de moi et de ma stupidité.
-Alors elle te plait ? me demande-t-il.
Il se serait agit d’une peluche en or, j’aurais été contente, mais là elle n’a même pas dut lui couter 5euros. J’ai vendu ma dignité pour moins de 5euros.
-Fêtons notre bonheur. Entre.
Il me fait voir le placard. Je me demande ce qu’il veut qu’on y fasse.
-On va faire ça différemment aujourd’hui. Allez viens princesse, on va s’amuser !
Il enlève son maillot. Moi, je ne veux pas qu’il l’enlève. J’aimerais qu’on fasse autre chose pour une fois. Autre chose que coucher ensemble. Il n’y a que cela qu’on semble partager. Voilà à quoi se réduit notre relation. L’amour se résume-t-il au sexe au final ? Toutes ces histoires avec le prince charmant romantique n’étaient qu’un piètre mensonge pour faire rêver les petites filles avant de leur faire découvrir un véritable cauchemar ?
Son armoire est grande et spacieuse. Alors que j’entre prudemment, je l’entends rugir comme l’aurait fait un animal. Il entre avec moi.
D’un coup, il y a beaucoup moins d’espace. Il ferme la porte, il fait tout noir. J’entends le bruit de sa respiration. On dirait qu’il vient de courir un marathon. Je sais ce qu’il va se passer mais je n’ose pas m’imaginer quoique ce soit.
Je me demande pourquoi je n’ai pas envie qu’il me touche, pourquoi je n’ai pas envie de faire l’amour. Je sais que je ne suis pas normale, mais est-ce au point de transformer l’envie en dégout ?
Quand j’entends les filles autour de moi au lycée raconter leurs ébats sexuels, on sent à leurs voix qu’elles aiment ça, qu’elles ont du plaisir à le faire. Alors pourquoi, moi, je n’aime pas ça ?
-C’est excitant le noir, tu ne trouves pas ?
Excitant n’est pas le mot exact que j’aurais employé. J’aurais dit rassurant. Au moins, l’obscurité m’empêche de voir pour me souvenir incessamment de chacun de ces faits et gestes à venir. Je sais que je ne pourrais pas y échapper, que je devrais me laisser faire, alors moins j’en vois, mieux ce sera.
Je sens son souffle s’approcher dangereusement de mon visage. J’ai envie de lui crier de me laisser tranquille, mais j’ai l’impression d’avoir laissé ma voix à la porte du placard. Mes jambes tremblent tellement qu’elles ne vont pas tarder à lâcher.
Il s’approche de moi, toujours plus près. Ces lèvres ne tardent pas à trouver les miennes, ces mains ne tardent pas à me déshabiller. Il me touche et commente en touchant mon ventre :
-C’est que tu as pris du poids depuis la dernière fois !
J’essaie de ne pas me laisser avoir par cette remarque mais elle m’atteint malgré tout. Depuis que je suis toute petite mon poids m’est problématique. Je faisais de la gymnastique quand j’étais plus petite. C’est un sport que je trouve génial, mais qui demande quand même un certain poids plume. Quand j’ai pris conscience que je faisais partie des plus lourdes, j’ai commencé une sorte de régime qui m’a fait beaucoup maigrir, peut être même un peu trop. Maintenant, je n’en fais plus, mais les remarques sur mon poids m’atteignent toujours autant.
Ses mains parcourent mon corps de haut en bas, de droite à gauche. J’essaie de penser à des choses agréables mais je ne sens que ces mains qui me touchent et me font mal. Je me promets alors que c’est la dernière fois que je serai là, seule avec lui. Je me promets que c’est la dernière fois que je me laisserais faire. La dernière…
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Une éternité plus tard il me semble, le beau père d’Alexandre vient dans la chambre pour nous prévenir qu’il y a du gâteau pour le gouté. Pendant quelques instants, il nous cherche et ne nous trouve nulle part, ce qui déclenche l’hilarité croissante d’Alexandre.
Il ouvre la porte du placard, me dévoilant complètement nue à son beau père. Il ne dit rien et semble plutôt fier de son beau fils en me voyant ainsi.
A table, alors que sa mère distribue des parts généreuses de gâteaux à chacun d’entre nous, le beau père d’Alexandre lui apprend la grande nouvelle qui n’est pas tout à fait récente : son fils n’est plus puceau ! Alors elle dit :
-Le sexe est très important dans un couple.
Important oui et non. Pour moi, il ne l’est pas. Elle ne peut me comprendre elle non plus. Dans un couple, le plus important n’est pas le sexe, mais l’amour, et si Alexandre a été élevé avec cette idée, je comprends pourquoi il avait hâte de me faire l’amour…
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Le soir, après une longue après midi douloureuse, je retrouve toute ma famille chez ma grand-mère. Personne ne remarque que je suis à nouveau incapable de me tenir correctement, que j’ai si mal au ventre que je pourrais me plier en deux. Personne ne remarque que je suis sur le point de pleurer. Personne ne remarque que je me sens si mal, que mon cœur est complètement brisé …
Il m’a encore bien amoché. Je me demande si demain ça ira pour aller en cours. Mais personne ne remarque mon air maladif que j’essaie de cacher. Ils sont tous obsédés par ma peluche. Ma peluche tellement précieuse qu’elle m’a couté mon corps.
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Je m’étais promis que c’était la dernière fois que je me laissais faire, pourtant j’ai tellement peur de sa réaction face à moi que je ne fais rien et le laisse continuer.
Chaque dimanche, une voiture passe me chercher pour m’emmener à mon enfer personnel. Chaque dimanche, je loupe la messe également. Et au lieu de me rendre dans un endroit où je me sens parfaitement bien, je vais dans un endroit qui ne cesse de me salir.
J’aimerais ne plus me rendre chez Alexandre. J’aimerais être puni par ma mère pour que je sois obligée de rester chez moi. Mais plus le temps passe, plus je me sens mal, ce qui me vaut son attention constante. Alors qu’elle voit que ça ne va pas, elle m’encourage à aller chez mon copain me disant que ça me rendra mieux. Si seulement elle savait que c’est à cause de mes visites chez Alexandre que je me sens de plus en plus mal. Mais je ne peux pas me confier à ma mère sans qu’elle sache que je ne suis plus vierge. Et il ne faut pas qu’elle le sache, autrement je sais qu’elle le prendra très mal. Alors je me tais, et chaque dimanche, je fais comme elle me dit et vais chez mon copain.
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