Une journée tendue… des aurevoirs plein d’espoir
« -Bon c’est quoi le programme aujourd’hui ?
Je pose la question en regardant tout le monde.
-Ben on range, on nettoie, et après on verra.
Me répond Sarah avachie dans les bras de son nouvel amant.
-Et si on voyait maintenant ? Comme ça, ça nous motivera un peu pour le reste…
-Ben vous nous faites visiter les grottes, y’a longtemps que vous m’en parlez et j’aimerais bien y aller...
Super l’idée à deux balles, du Sarah tout craché…
-C’est parti alors, lance son mec.
Et tout le monde approuve sauf moi.
-Si vous voulez, ça me soule un peu personnellement.
Je me résigne à les suivre, même si je connais l’endroit par cœur, m’y réfugiant régulièrement pour réfléchir, pleurer et écouter de la musique ou simplement faire le vide … »
Tellement déçu par cette idée, je n’ai pas vu Cécilia revenir parmi nous, elle ne semble pas emballée par l’idée, mais je pense que de toute façon, rien ne peut l’emballer maintenant, elle semble de nouveau triste, distante, perdue dans ses pensées, ses yeux rougis témoignent de larmes versées il y a quelques minutes.
Retour à l’intérieur, les hommes au rangement, les filles au ménage, chacun y met du sien et en vingt minutes, tout est en ordre et propre…
En fin de matinée, direction le village en moto, Cécilia en profite pour venir se coller une nouvelle fois contre moi, l’avantage, c’est qu’elle est assez légère et je ne la sens presque pas dans les courbes. Un saut au snack pour prendre les sandwichs, les autres nous les offrent, en retour du petit déjeuner et nous restons donc une nouvelle fois seuls tous les deux.
« -T’étais où ce matin ? T’as loupé le bœuf…
- Sous la douche puis au téléphone avec ma mère, ils me collent encore leurs problèmes sur le dos…
-Comment ça ?
-Ben comme ils n’arrivent pas à se mettre d’accord pour le lycée, si je reste à l’internat ou pas, si oui qui paye et pourquoi, c’est tout le temps à moi de choisir, et si je prends parti pour l’un c’est l’autre qui gueule…
-Dur… mais t’y es pour rien toi, merde…
-Je sais, mais ils assument pas… »
Elle fond une nouvelle fois en larmes, je la prends dans mes bras, l’encourageant à tout lâcher une bonne fois pour toutes, j’aimerais l’aider plus que ça, mais là je ne peux malheureusement pas faire plus que la réconforter.
Notre village a été bâti après le moyen âge sur une falaise creusée de grottes et de souterrains, qui permettaient un abri et une évacuation sûrs en cas d’invasion ou pendant les guerres
L’après-midi se passe donc à explorer les quelques grottes qui sont encore accessibles, je reste en retrait, les connaissant déjà par cœur, Cécilia semble vouloir oublier ses problèmes, jouant et riant comme une enfant. Je passe mon après-midi à la couver du regard, ne la quittant que brièvement des yeux pour discuter avec l’un ou l’autre.
Nos regards se croisent plusieurs fois, me procurant des frissons puissants, j’essaye de me contrôler, et je pense qu’elle ne se rend compte de rien. Même si l’envie est forte, je résiste à la volonté de lui montrer mes sentiments, jouant plutôt le rôle d’ami à qui on peut tout confier et qui est toujours là en cas de coup dur, comme avec les autres quoi…
‘Est ce qu’elle ressent quelque chose pour moi ? Qu’est-ce qu’elle pense de la situation ? Quelles sont ses intentions envers moi ? Que dois-je faire ? ‘
Je me dis finalement, déçu, que je ne resterai qu’un ami, un copain d’un soir, et pas plus, comme d’habitude, je me renfrogne un peu de cette situation, ayant encore une fois l’impression qu’on s’est servi de moi.
Tant pis, je m’éloigne un peu plus du groupe, et d’elle, le reste de l’après-midi, et ses clins d’œil n’y changeront rien.
Arrive la fin de la journée, et l’heure de nous quitter, et c’est le cœur gros que je leur dis au revoir à tous, on ne se croisera que très rarement jusqu’aux prochaines vacances, je ne LA recroiserai certainement pas de sitôt, ça me fait mal, nos au-revoir ressemblent à des adieux et comme à chaque fois, je me suis résigné…
Je reste donc étonné lorsqu’au moment de me dire au revoir, elle m’attire un peu à l’ écart.
« - Tu fais la gueule de puis tout à l’heure, t’as un problème ?
- Possible, mais j’ai pas de problème.
- C’est ça ouais…
- T’en a pas assez avec les tiens ? Laisse les miens ou ils sont…
- Tu fais chier, pour une fois que…
- Que quoi ? Que… »
L’énervement prend le pas sur la tristesse, si seulement elle savait.
« - C’est bon, ta gueule maintenant.
Elle m’a coupé et haussé le ton, tout le monde se retourne.
- Prend ça et quand tu seras calmé…
Elle me glisse un bout de papier dans la poche.
- Mais je suis calme, j’ai juste…
‘Non je ne dois rien dire, tant pis si elle pense que je suis un connard…’
- Oui…
- Pas envie de les quitter, de retourner à ma vie de merde sans vous…
- Sans eux tu veux dire ?
- Ouais c’est ça… »
‘ Putain mais quel con, t’es vraiment qu’un abruti, elle te file son numéro, et tu l’exclues de la bande comme ça… CONNARD VA !!! ’
Elle ne semble pas perturbée par ma réflexion, amusée même, et cela me soulage un peu. Je ne comprends toujours pas ma réaction, ma peur de lui avouer…
Avant de partir elle me serre une nouvelle fois dans ses bras, tout le monde est parti, seul Julien est resté, je savoure ce dernier contact, me penche pour lui déposer un baiser sur la joue, et c’est là que ça dérape…
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