Sortie de crise, début de ma résurrection…

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Elle, c’est Charlène, 19 ans, grande rousse aux yeux verts, un sourire magnifique, un corps élancé mais musclé, une jolie paire de seins, un beau petit cul bien ferme, mais ce n’est pas ce qui m’a frappé d’emblée chez elle.
C’est la cousine d’un ami avec qui j’avais un peu coupé les ponts, mais qui a été là quand j’en ai eu besoin, venue passer quelques jours chez lui, elle commence des études de psychologie en octobre près d’ici et cherche un logement.
Il est vrai qu’à cette époque, avec mes 17 ans, je suis le doyen de la bande, mais son arrivée a chamboulé l’ordre établi, elle s’est affirmée comme une véritable meneuse, toujours une bonne idée pour nous occuper, et l’avantage d’avoir permis et voiture.
Nous avons immédiatement sympathisé tous les deux, elle a compris que quelque chose clochait chez moi, elle était plus mature que nous, les événements m’avaient poussé à mûrir aussi, et rapidement je me suis confié à elle, je lui ai raconté dans les grandes lignes l’histoire des derniers mois, j’ai pleuré sur son épaule, elle m’a réconforté, m’a parlé de sa vie, de ses projet, j’ai trouvé à mes côtés une jeune fille d’une gentillesse inégalable, attentive, à l’écoute, et surtout positive.

Nous nous connaissons à peine, je sors d’un drame qui a ruiné ma vie, et pourtant elle m’a tout de suite plu, je me sens bien à ses côtés, je pense souvent à elle lorsque je suis seul, je ressors même ma guitare une semaine plus tard, lors de l’anniversaire de William.
J’ai senti qu’il y avait un truc entre nous, mais je ne me trouvais pas encore le courage et l’envie de l’aborder, de l’envisager autrement que comme une copine, surtout parce que son cousin me l’a demandé, mais tout commence à ce moment-là en fait.
Nous sommes début juillet, tous réunis chez lui, dans le jardin, la soirée bat son plein, mais je ne parviens pas à m'amuser car trop de souvenirs remontent à la surface.
Je reste à l'écart, mon taux d’alcoolémie commence doucement à monter et ça me rend triste, systématiquement. Je déprime un peu dans mon coin lorsque Willy coupe la musique et m’appelle, je sais ce qu’il veut et même si le cœur n’y est pas, je ne me fais pas prier, c’est sa fête et son cadeau, car je sais qu’il apprécie particulièrement les morceaux que je joue.

Donc je me lance et empoigne Mélodie, un petit encouragement et un baiser au creux de sa hanche droite et mes doigts volent de nouveau sur son manche et ses cordes.
Au milieu de ce petit bœuf, je sens un regard sur moi, je sais que c’est elle qui me regarde, de là-haut qui m’encourage et qui joue et chante avec moi.
Malgré sa présence à mes côtés, mon attention se porte rapidement sur une autre personne qui me traque depuis quelques heures maintenant, j’ai senti ses coups d'œil sur moi depuis le début de la soirée, et même si je décide de l’ignorer, je suis troublé par cette sensation.

Après une bonne demi-heure de gratouille, j’ai besoin d’une petite pause, je m’éclipse, un peu à l’écart je roule mon premier joint de la soirée, de la journée même, je progresse, je reviens rapidement vers le groupe et le fait tourner.
Le second est roulé dans la foulée, mais celui-là il est pour moi et je m’exile dans un coin calme pour en profiter pleinement, malheureusement, le calme aura été de courte durée, Charlène décide de venir me rejoindre.

« - Tu veux fumer?

- Non merci…

- Tant pis…

- Je sais que t’as vécu quelque chose de difficile, que t’as du mal à supporter ta tristesse, mais c’est pas une raison suffisante pour justifier toutes ces conneries. T’es déjà en train de te bousiller la santé…

- Je m’en fous, j’ai de comptes à rendre à personne… Je fais ce que j’ai envie, quand j’ai envie, je vis pour moi… Le reste… »

J’ai peur que ma réponse la fasse fuir mais ce n’est pas le cas, elle reste et continue à discuter avec moi, je termine mon pétard, et m’allonge sur la pelouse, fraîche en ce mois de juillet, même si la journée a été plus que chaude, la soirée est agréable.
Elle reste là, assise à mes côtés, je ferme les yeux après avoir admiré les étoiles, repensant à la dernière fois où je les ai contemplé ainsi. C’était avec ELLE. Les larmes montent. Coulent une nouvelle fois, je ne les retiens pas.
Charlène doit s’en apercevoir, mais ne dit rien, se contentant à ce moment-là de les essuyer sur mes joues d’un geste tendre qui me laisse encore plus intrigué par ses intentions.

‘ C’est une jolie fille, gentille, attentive à moi, mais elle a 19 ans et je n’arrive pas à me convaincre que je puisse lui plaire.’

Je ne relève pas ce geste tendre, ou du moins je fais mine de rien, et c’est à ma grande surprise que, quelque minutes plus tard, ce sont ses lèvres qui viennent sécher mes larmes et se poser sur ma bouche.
Je lui rends timidement son baiser, sans insister plus que nécessaire, ses lèvres sont douces, sa bouche sucrée, et même si un frisson me parcourt l’échine, je décide de laisser venir les choses.

La suite de la nuit se poursuit plus légèrement, pour moi, je sens comme un poids qui s’est envolé, à ce moment-là, de mes épaules, grâce à ce baiser timide et innocent. J’essaye de m’amuser et même si c’est un peu difficile au début, petit à petit, l’alcool et la drogue aidant aussi, je me lâche un peu.
Au petit matin, nous n’avons pas dormi, bien bu, moi bien fumé, et je me retrouve enfin seul avec Charlène, je ne pense pas que quiconque se soit aperçu de quelque chose entre nous.

« - Merci pour hier soir, tu te rends pas compte du bien que ça m’a fait...
- Ne me remercie pas, je n’ai fait que suivre une envie, et j’avoue que c’était pas désagréable pour moi non plus.
- Embrasse-moi encore s’il te plait…
- Je suis pas sûre que ce soit une bonne idée… »

Elle ne peut qu’éclater de rire devant ma mine déconfite, sachant qu’elle m’avait vexé. Mais elle se rattrape bien vite en déposant ses lèvres sur les miennes, ce contact chaleureux fait accélérer mon cœur, juste un peu, mais…

« - Merci Chou, sincèrement merci.
- T’es bizarre quand même, tu peux être si adorable parfois, touchant, et tu n’hésites pas à te comporter comme un petit con. J’ai du mal à te comprendre.
- La perte d’un être cher, le chagrin, la douleur, peuvent nous amener à nous détruire, je cherche pas trop à comprendre, quand je suis déchiré ou défoncé, je ressens moins le manque, la tristesse, la peine… C’est tout, je divague, je change de planète et l’espace de quelques heures j’oublie plus ou moins ce qui s’est passé.
- J’ose même pas imaginer ce que t’as pu ressentir, ça doit être vraiment terrible…
- C’est pas peu dire, mais regarde, je lutte tous les jours pour elle, j’essaye de me relever pour elle, et j’arriverai à ne plus souffrir un jour. »

Il est plus que l’heure de rentrer faire un somme, et avant de nous quitter nous échangeons un dernier baiser et nos numéros de téléphone, même si nous avons prévu de nous retrouver quelques heures plus tard.
C’est allégé que je me retrouve sous la douche, puis dans mon lit, de nouveau avec un sourire qui montre enfin un peu de bonheur.
Je ne suis pas amoureux d’elle, je ne suis pas encore prêt pour ça, mais elle me rassure par sa présence, sa maturité, sa gentillesse…

Un peu plus apaisé que d’habitude, je trouve le sommeil pour quelques heures, loin de ces mauvais souvenirs, de cette vie de merde qui m’a ôté ce que j’avais de plus cher.
C’est la sonnerie de mon téléphone qui me réveille à deux heures de l’après-midi, m’indiquant qu’un message venait d’arriver.

‘ J’espère que t’as bien dormi, pense très fort à toi… A tout à l’heure mon Nounours… Chou ‘

Ne pas répondre, attendre quelques minutes, faire comme si j’étais occupé. Je quitte mon lit, enfile SON pull Metallica, un souvenir que SA mère m’a offert, mange vite un morceau, en saluant mes parents.

« - Tu souris enfin ?
- On dirait ouais…
- T’as l’air un peu plus en forme que d’habitude…
- Tu sais M’an, j’ai l’impression d’aller un petit peu mieux chaque jour, de relever un peu plus la tête chaque jour, mais j’ai peur que ça ne dure pas…
- Ben profites-en alors… Et arrêtes tes conneries…
- On verra bien… »

Un saut sous la douche et je réponds à son message.

‘ T’es méchante, tu m’as réveillé alors que je rêvais de toi… pense à toi très fort… Bisous ma Chou ‘

Je profite de cette éclaircie dans ma vie pour essayer de reprendre mes compos à la guitare et trouver quelque chose de joyeux à écrire, et bizarrement j’y arrive, bon c’est pas non plus la grande rigolade mais c’est un bon début.

Il est presque 17h lorsque Will vient me chercher.

« - T’es tout seul ?
- Ouais, faut qu’on aille chercher les autres…
Lui il a vraiment rien compris à l’histoire, m’en fout des autres, c’est de ta cousine que je parle gros bêta.
- C’est parti »

Je me roule un petit pétard, et nous filons récupérer le reste de la bande, on se fait péter un pack de bières, et Charlène n’arrive toujours pas.

‘ T’es où saucisse ? Je t’attends… ‘

‘ Bientôt là t’inquiète pas… Ne sois pas si impatient… ‘

Elle débarque dix minutes plus tard, esquive mon baiser, fait valser ma canette et mon joint puis tente de s’échapper...

Alors là, je comprends pas… Elle vient m’embrasser hier soir alors que j’ai rien demandé, et là elle me laisse à blanc, c’est elle qui me réveille avec son message et là même pas un bonjour…
Bien, ben prends moi pour un con t’as raison… Mais joue pas à ça avec moi ma belle, ou tu vas le regretter… Je ne veux pas être le genre de mec qu’on prend pour passer le temps une soirée et qu’on jette comme une vieille chaussette le lendemain. Que moi je le fasse pour essayer de L’oublier ELLE ça passe, mais j’ai jamais joué à ça moi…’

Je la chope par le bras et l’attire à l’écart, profitant d’une partie de cartes endiablée des autres.

« - Tu joues à quoi là ? Depuis hier soir je pensais que t’avais trouvé quelque chose qui te plaisais chez moi, et là tu débarque sans même me dire bonjour…
- Je joue pas avec toi si c’est ce que tu crois, j’ai bien réfléchi depuis hier soir, t’es craquant comme mec, un peu jeune mais plus mature que la majorité des autres. Oui j’ai trouvé des choses qui me plaisent chez toi, mais y’a un truc que tu dois comprendre, rien ne se passera si tu continues tes conneries…
Elle m’aurait gifflé directement que le choc n’aurait pas été aussi violent, je suis une nouvelle fois contrarié, mais ma fierté reprend le dessus rapidement.
- Tu me fais du chantage c’est ça ? Tu veux vraiment que je sorte de là ? Alors je marche, je vais avoir besoin de temps mais tu vas être obligée de marcher avec moi. Je le ferai pas juste pour te faire plaisir, mais parce que tu me plais vraiment, parce que je me sens bien avec toi, et que j’ai envie d’essayer d’aimer à nouveau. Seulement, il va falloir que tu me supportes jusqu’au bout, que tu me pousses, que tu me tires.
- Je prends. Et j’ai ma petite idée pour t’aider un peu plus.

- C’est-à-dire ?

- Écoute, mon père est directeur d’un centre de soins pour personnes dépressives dans les Alpes, je dois monter bosser là-bas à partir de la semaine prochaine. Si ça t’intéresse, je peux l’appeler et je vois s’il peut faire quelque chose pour toi, s’il est d’accord, on part dès que possible.

- Je suis pas sûr que mes parents aient les moyens… Et puis partir seul avec toi… Si vite…

- Pas de soucis pour l’argent, j’ai un petit studio là-haut, on partagera l’espace, et tu passeras les journées au centre avec les patients… Je m’occupe de tout. »

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