Explications…
Lorsque je passe la porte du studio, un ouragan vient à ma rencontre, et me saute au cou, mais je la repousse délicatement, dépose mes affaires, et m’installe sur le canapé.
- Mon cœur… Merci d’être revenu… Je suis tellement désolée… Pardon…
- C’est pas moi que tu dois remercier… Si Sab n’était pas aussi convaincante, j’aurais pas changé d’avis…
- Qu’est-ce qu’il t’a pris ? Pourquoi t’as réagis comme ça ? J’ai eu peur, mon bébé…
- Vous avez joué avec le feu… Tu me connais suffisamment pour savoir que je suis pas encore capable de gérer ma colère et ma frustration…
- Je… Tu… Désolée, j’ai pas réalisé… Je pensais pas que… Tu lui en as mis une belle… Le pauvre…
- Le pauvre ? Il m’a cherché, il m’a trouvé… Tant pis pour lui… Mais c’est pas à lui que j’en veux le plus…
- Je sais bien… Je… On est amis depuis si longtemps… Il a toujours été comme ça avec moi… Je pensais pas que… C’est difficile de tourner le dos aux gens… Surtout quand… On a été aussi proches…
- Je comprends, mais à un moment donné, il faut que tu fasses ton choix… C’est lui ou moi…
- J’ai déjà choisi, sinon tu serais pas là… Disons que quand il a repris ses esprits, il a eu droit à la deuxième vague quand j’ai su ce qu’il s’était passé… Heureusement que Wendy est discrète… Elle a tout entendu et m’a tout raconté…
- Merci Cha… Je sais que ma réaction a été… Déplacée… Mais j’étais tellement en colère après notre discussion, que quand il m’a débité ses conneries, j’ai vu rouge… Et quand j’ai réalisé… J’ai vraiment eu peur de ta réaction…
- Je suis fière de ton attitude en fait... Pas de la droite que tu lui as mise… Mais de ce que tu lui as répondu… Sur le coup, quand je suis revenue et que je l’ai vu KO par terre, j’ai compris ce qu’il s’était passé et je t’ai détesté… D’ailleurs n’écoute pas les messages que je t’ai laissés, efface-les de suite…
- J’espère que tu as été claire avec lui… Si je le croise encore, ça risque de très mal finir cette fois…
- Je pense pas qu’il se montre dans les jours à venir, vu l’état de sa tronche et vu ce qu’il a ramassé ensuite… On a tous vidé notre sac, à mon avis, on est pas prêt de le revoir… Et c’est pas plus mal… Et oui je lui ai fait la leçon sur son attitude de merdeux, je lui ai dit que c’était toi et personne d’autre, que je voulais plus le voir…
- Merci ma puce… Je suis désolé… J’ai réagi comme un gros con… Mais j’ai pas supporté de le voir te tourner autour… Et quand il m’a attrapé alors que j’étais déjà contrarié par notre discussion, j’ai dégoupillé… Je t’avoue, que j’étais vraiment prêt à me barrer pour de bon… Ou pire…
- C’est de ma faute… J’aurais dû t’écouter… Mais je voulais pas le vexer… Je l’ai déjà fait suffisamment souffrir…
- Je sais… Mais faut vraiment que t’assumes… Je reconnais que c’est pas facile… Mais t’es capable de le faire… Et tu peux remercier Sab d’être intervenu… Sans elle, je serai déjà loin…
- Je m’en doute… Y’a pas plus fidèle comme copine…
- Merci Chou, merci Mister Lou… Je préfère vous voir comme ça tous les deux…
- T’étais là ? Tu nous espionne ?
- Juste au cas où… Et puis vous êtes si mignons tous les deux…
Nous l’avons enlacée tous les deux, puis j’ai laissé les deux copines discuter ensemble, je faisais confiance à Sabrina pour remettre Charlène dans le droit chemin, comme elle l’avait fait pour moi. De mon côté, j’avais vraiment besoin d’un moment de méditation musicale, j’ai sorti Mélo de son étui, pris mon classeur de tablatures, la photo de Cess et filé dehors pour enchaîner des accords.
‘ Salut toi… Tu dois bien te marrer de là-haut en voyant le bordel que j’ai encore mis… Je sais que je suis loin d’être à la hauteur, mais je fais des efforts, j’essaie… Là, j’avais pas le choix, je devais réagir avant de souffrir encore une fois, je tiens tellement à elle que je pouvais pas laisser l’autre se mettre au milieu… Et après tous les efforts que j’ai faits, je suis en train de sortir la tête de l’eau et je voulais pas replonger… Tu me manques ma petite étoile, je t’aime plus que tout… À bientôt…’
J’en suis là de mes réflexions, lorsque deux jambes apparaissent à côté des miennes, deux bras viennent me serrer tendrement, un corps se colle derrière moi, sans entraver mon jeu, une joue se pose dans mon dos.
- Mon cœur, ça va mieux ?
- Un peu oui, mais bien secoué… Et toi ?
- J’ai vraiment eu peur qu’il t’arrive quelque chose ou que tu fasses une connerie… Je m’excuse Lou…
- J’ai compris ma belle, arrête… T’es pardonnée…
- Merci…
- Merci à toi de supporter ça…
- J’apprends le boulot comme ça… J’apprends à te connaître aussi…
- T’as pas choisi le cas le plus simple…
- Tu parles, c’est juste de la gestion des émotions, t’es pas autiste non plus…
Sa voix est venue se joindre à ma mélodie, comme par habitude, sur le morceau fraîchement appris, puis nous avons enchaîné sur des morceaux plus habituels, un peu comme si rien ne s’était passé jusqu’à ce que ‘ Doing!'
- Tu connais pas un magasin de musique dans le coin ?
- Gap, Briançon, y’en a surement, tu veux acheter quoi ?
- Des jeux de cordes pour Mélo, des médiators aussi, j’ai tout bouffé depuis que je suis là… Et…
- Et ???
- Non… Rien… Tu verras… Au fait t’as vu pour le vélo ?
- Je vais appeler mon père de suite.
- Rappelle Sab aussi, dis-lui de venir manger avec nous ce soir. On lui doit une fière chandelle…
- Bonne idée…
Je rentre, m’installe tranquillement sur le canapé, farfouille dans mon stock pour trouver la corde qui vient de me lâcher et la remplace rapidement, hors de question que je passe plusieurs jours sans pouvoir jouer, puis retourne dehors reprendre mes errances musicales.
Nous avons passé la soirée avec Sab, ravie de l’invitation, et soulagée de voir que la crise était terminée, même si nous savions que rien n’était vraiment encore terminé.
Le lendemain nous avons retrouvé mes parents, je leur ai fait découvrir notre vie, le centre, mes beaux-parents, Briançon. Ils ont été ravis de me voir, plus calme, plus apaisé, souriant et ont remercié Charlène et Patrick pour tout ça.
Émeline n’a malheureusement pas pu venir, mais je lui ai promis de passer la voir dès notre retour, d’ici deux ou trois semaines.
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