Une rentrée mouvementée…

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Nous profitons des quelques jours qu' il nous reste pour, enfin, nous rendre au sommet de la Sainte-Victoire, un an que Charlène en rêve, en lorgnant le sommet rocheux situé à une dizaine de kilomètres de nous, mais l’année qui vient de s’écouler ne nous a pas permis de nous y rendre.

Après avoir rejoint le parking de Roques-Hautes en voiture, nous enfilons nos chaussures, et, sacs sur le dos, nous entamons notre balade vers la croix de Provence. Le départ est une belle promenade, sur une partie plate qui mène jusqu’au barrage de Bimont en longeant le terrain militaire de Roques-Hautes et la zone de fouilles archéologiques où des œufs de dinosaures fossilisés ont été découverts.

Un peu plus loin, nous découvrons le lac de Bimont et ses eaux turquoises encaissées entre les falaises, où nous nous accordons une pause photos, comme deux touristes. Depuis le départ nous serpentons à l'ombre des sous-bois, sur une piste large et sablonneuse, mais après le lac, en empruntant le sentier Imoucha, nous commençons vraiment l'ascension, la pente est encore légère, mais permet de trouver notre rythme de marche, sous la chaleur encore bien présente.

Lorsque nous sortons du sous-bois, le sentier se pose sur la crête rocheuse qui mène jusqu’au sommet, la terre laisse place à la pierre, le sous-bois au ciel bleu de Provence, et la pente légère à une pente bien plus raide pour rejoindre le prieuré.

Le panorama le long du sentier est juste somptueux dans toutes les directions où se pose le regard, au sud, les massifs boisés de Garlaban et de l’Etoile, et le Pilon du Roi, à l'ouest, Aix, l'aqueduc de Roquefavour, le Mont Ventoux, au nord, entre le Luberon et les Alpes, le sommet de la montagne de Lure, avec le lac de Bimont au tout premier plan, à l'est la crête qui monte jusqu’au sommet et la croix qui se dresse fièrement dans le ciel azur, je mitraille à tout vas, dans tous les sens.

Sur notre droite le précipice est de plus en plus impressionnant au fur et à mesure que le sentier monte, sur la fin, il serpente en lacets pour gravir les derniers pourcentages jusqu’au prieuré. Nous en profitons pour nous installer à l'ombre et pic-niquer au frais puis, après cette pause bien méritée, nous escaladons le dernier rocher pour rejoindre le promontoire où trône fièrement la croix de Provence, point culminant de notre région.

La vue est à couper le souffle, d’ici nous surplombons le pays d’Aix et ses alentours, la vue s’étend jusqu’aux frontières de la Camargue, l’Etang de Berre, à l'ouest, les Alpilles, le Mont Ventoux, le Luberon et la plaine de la Durance, La montagne de Lure, les Préalpes du sud, vers le nord, le plateau de Valensole, les Lacs du Verdon, à l'est, la montagne de la Sainte Beaume, et les massifs Marseillais au sud, je lui nomme les différents villages autour de nous, les montagnes et massifs.

- Ecco… Conosci la Provenza e sei degno di viverci adesso…

- Grazie mille amore mio, c’est trop d’honneur…

- Bon ça manque de lacs, de torrents et de glaciers, j’en conviens, mais on est bien quand même?

- Magnifico… J’ai pas l’habitude d’une vue panoramique comme ça, chez nous, même quand tu es tout en haut, t’as toujours une montagne, un sommet qui te barre la vue, mais ici… Mi piace tanto… Grazie amore...

- Prego tresoro… Sono felice di farti scoprire la mia regione, come io sono stato felice di scoprire la tua... Di essere qui con te, soprattutto in questo periodo...

Après en avoir pris plein les yeux, nous prenons le chemin en sens inverse, jusqu’au pas de l’Escalette, où nous bifurquons à gauche pour descendre par le pas du Berger, jusqu’au refuge Cézanne et les ruines du hameau du Trou. D’ici, une piste DFCI nous reconduit jusqu’au parking après une bonne journée de randonnée sous la chaleur provençale.

Le jour de la rentrée me tombe dessus avec le poids d’une enclume, mes soucis personnels restent au premier plan, même si je fais l’effort de sourire pendant les journées. A ma grande surprise, ma promo est assez homogène, nous sommes une centaine dans l’amphi, moitié garçons, moitié filles à vu d'oeil, et pour mon groupe de TP nous ne sommes que 22 élèves, 10 mecs pour 12 filles, pour les TD le groupe est encore divisé en deux. Ils ont l’air tous assez sympathiques, même si au final, je me donne quelques semaines de délai avant de commencer à m'intégrer, je ne suis pas en état de faire “du relationnel” pour le moment, j’espère qu’ils comprendront.

Mon emploi du temps est assez chargé à première vue, cours du lundi au vendredi, de 8h à 18h, avec une demi-journée de libre dans la semaine, deux demi-journées de cours en amphi pour la promo entière, quatre de TP en groupe, et trois de TD en demi-groupe. Mais en dehors des révisions et de quelques exercices d’application, on nous promet une absence de “devoirs” le soir, ce qui me permettra de pouvoir bosser une paire d'heures tous les soirs chez Tonio.

Après deux semaines de cours, j’ai trouvé un certain rythme, même si le cœur n’y est pas, Charlène se plie en quatre pour me changer les idées et, en même temps, me préparer au procès, pendant lequel je sais que je vais devoir revivre les événements de la journée tragique. Mes nuits sont trop courtes pour me permettre d'être reposé et concentré en cours, mais les circonstances sont connues de mes profs et du personnel de l’IUT, ce qui me permet de passer entre les mailles du filet.

Je retrouve le bar avec grand plaisir après mes vacances, avec les habitués, curieux de connaître le contenu de mes deux mois de vacances, et rassurés de me voir de retour, pour quelques heures tous les soirs. Après un an, je me sens comme chez moi, ici, j’ai mes habitudes, mon rythme de travail, lorsque j’arrive, Tonio a déjà tout préparé et tout rangé à ma façon pour que je ne perde pas de temps et que je trouve mes marques, avant de partir je réinstalle le comptoir pour Tonio, range bouteilles et verres selon ses habitudes.

Être ici est comme une parenthèse où la tristesse n’a pas droit de cité, et même si la soirée peut être assez calme, il y a toujours quelqu’un pour discuter, plaisanter ou débattre sur les sujets de l’actualité ou la météo. J’aime ces deux petites heures, j’aime mes clients habitués, pour lesquels j’ai une certaine affection, qu’ils soient étudiants comme moi, venant prendre un verre après leur journée de cours, qu’ils soient ouvriers, venant se détendre avec quelques voisins ou amis après un journée de boulot, qu’ils soient retraités, venant prendre leur apéritif et trouver un peu de compagnie pour lutter contre leur solitude, tous ont toujours quelque chose à raconter, tous sont importants pour moi. Mais j’aime aussi ces clients plus occasionnels, ceux de passage, plus introvertis, qui s’installent généralement un peu à l'écart pour marquer leur différence mais pour lesquels j’ai autant d’attention que pour mes habitués.

Seuls ces moments où je suis au boulot, avec les quelques moments que je passe avec Charlène, me permettent d’oublier mes tracas pendant quelques heures chaque jour.

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