Le grand départ.
- Mon coeur, t’as refait un tour de l’appart pour etre sur qu’on ait rien laissé traîner?
- Ça fait dix fois que je le fais, je pense qu’on est bon…
- Bon, je te fais confiance.
- Allez-y les enfants, filez, c’est bon, je vous fais confiance… Si jamais je retrouve quelque chose qui vous appartient, je vous appelle.
- Merci Mme Dupuis, merci pour ces trois années, on va le regretter cet appartement.
- Bah… Quand même, vous serez mieux à la montagne, au grand air, qu’ici en pleine
ville… Au revoir les enfants.
- Au revoir.
- Passez me voir quand vous revenez dans le coin.
Après trois années de colocation, diplômes en poche, nous quittons notre appartement d’Aix en Provence pour prendre nos quartiers à la montagne. Nous quittons l’agitation et le bruit de la ville pour le calme et le silence de la montagne. Même si on avait eu du mal à s'habituer à cette vie, à cette foule, au final nous avions apprécié pouvoir sortir le soir, profiter de l’animation des terrasses en été, avoir toutes les commodités à portée de main.
Les aurevoirs sont un peu plus lourds pour moi, qui vais laisser ici Cécilia, même si mes visites se faisaient rares, je savais qu’elle n’était pas loin et que je n’avais que quelques centaines de mètres à faire pour aller lui rendre visite, mes amis, ceux de l’IUT avec qui j’ai passé deux années formidables, ceux du lycée qui sont un peu comme une seconde famille, ceux de mon village, même si nous avions pris nos distance depuis quelques années.
- Ça va aller bébé?
- Oui t'inquiètes pas… J’ai un peu de mal à quitter ma région, mes amis, ma famille.
- On va retrouver Sabrina, Gianni, Isa et les autres la haut, vous vous entendez bien?
- Je les adore, mais c’est pas mes amis, enfin si, mais, c’est pas comme avec Mel, Nana, Seb, Yoyo… On a passé nos années de lycée ensemble, et pour moi c’est un peu plus que des potes. Puis y’a cette putain de ville… Les bars, les restos, sortir sans se soucier de prendre la voiture pour rentrer, tout ce qu’on a vécu ici…
- Moi aussi ça va me manquer, c’est vrai que j’étais effrayée en arrivant ici, mais j’ai découvert la ville grâce à toi, on a passé de super moments ensemble, on a des super souvenirs, mais c’est la vie… On reviendra...
- Puis y’a Cécilia… J’ai l'impression de l'abandonner…
- Je te comprends… Mais on sera mieux là- haut…
- Je sais… Mais depuis trois ans, elle était là… Pas loin…
- C’est pas pour ça que tu y allais plus souvent… J’imagine que de savoir que tu pouvais y aller quand tu voulais ça te rassurait?
- Exactement… C’est juste ça qui me dérange…
- Ça passera, avec le temps… Allez, on lui fait un dernier coucou et on file?
- Yes...
Après avoir fait un crochet par le cimetière, nous prenons la route pour retrouver la montagne et notre studio, qui s’est déjà transformé en appartement depuis le printemps, avec l’ajout d’une chambre en attendant d’avoir le financement pour construire notre maison.
Quelques heures plus tard nous arrivons enfin à destination, et découvrons avec joie notre nouveau nid douillet, autrement qu’en photos. Le changement est radical, et la place gagnée avec la disparition du lit mezzanine et des placards, nous laisse un tas de possibilités pour l’aménagement de ce nouvel espace, table, chaises, canapé d'angle, table basse, et même un petit coin pour nos instruments de musique.
Six mois auparavant, j’avais décidé de laisser Mélodie prendre une retraite bien méritée après dix ans de bons et loyaux services, pour investir dans une guitare électro-acoustique, plus adaptée à mes besoins, ainsi que dans une guitare électrique, un vieux rêve que j’ai réalisé en profitant d’une très bonne occasion, un ampli et un pédalier multi effets.
Bien sûr, je n’ai pas abandonné Mélodie à son sort, je continue de caresser ses cordes régulièrement, à faire résonner son corps sous mes doigts.
Pour Charlène, l’investissement se tournait plutôt vers la partie percussions, un cajon, une stompbox, et quelques petites percussions d’ambiance, ainsi qu’un looper, quelques micros. Elle avait appris à improviser ses accompagnements sur nos chansons en quelques mois seulement, débutant simplement au cajon pour rapidement maîtriser une multitude de percussions, et donner plus de vie à nos bœufs.
Nous avons pris possession des lieux rapidement, le fourgon, prêté par un de mes oncles pour notre déménagement est débarrassé en quelques minutes, la technique est simple: nous avons entassé toutes nos affaires au milieu du salon puis nous les répartissons dans leurs pièces respectives ensuite.
- C’est pas gagné chérie!
- Ouaip… Ça manque de rangements… On a pas de lit… Pas de chevets… Mais on a de la place pour une petite table et des chaises...
- Si on trouve, on change le canapé aussi?
- Oh oui!!!
- Bon, les instrus on peut les entreposer dans ce coin déjà, les valises, dans la chambre, et tu les vides de suite, je m’occupe de la cuisine et la salle de bains.
- Bien! Chef!
- Pour une future psy, t’es quand même vachement bordélique et désorganisée…
- Et toi t’es maniaque et perfectionniste…
- Déformation scolaire…
- Bon… Au boulot?
- Au boulot! Et en chanson s’il vous plaît.
En chantant faux et à tue-tête, sur les chansons de notre répertoire qui défilent sur le PC portable, nous entamons notre emménagement dans la joie et la bonne humeur, chacun son rôle, chacun sa pièce, mais en chœur…
- OH LES AMOUREUX!!! VOUS POUVEZ PAS ARRÊTER VOTRE BOUCAN!!!!
- HEY!!! MISS SABRINETTE!!!! MA PUCE!!!!
- QUOI?
- VIENS!!!!
- J’ARRIVE!!!
- ET SI PLUTÔT QUE DE GUEULER VOUS BAISSIEZ LA MUSIQUE?
- C’EST PAS SI CON!
- Merci… Vous êtes pas bien tous les deux? Je sais qu’on est en été, qu’il fait très chaud, mais c’est pas une raison pour appeler la pluie.
- Ma chérie… Tu m’as manqué… Viens faire un câlin…
- Toi aussi tu m’as manqué ma choupinette…
- Bon les filles, je vais vous laisser, ne me faites pas un gosse…
- Mister Lou!!! Tu m’as manqué toi aussi… Viens là…
Comme à son habitude, Sabrina ne nous laisse pas le temps de prendre nos marques, et débarque pour nous saluer, et venir aux nouvelles. Elle est heureuse quand nous lui annonçons que cet été, nous allons pouvoir profiter d’un mois de vacances avant d’entamer notre vie professionnelle, Charlène au centre avec Patrick, Mag et les autres, quand à moi, j’avais trouvé un poste de technicien contrôle qualité dans un petit atelier familial qui fabriquait des pièces métalliques et plastiques.
- Vous avez des trucs prévus du coup?
- Pas vraiment… Demain, on doit descendre à Gap pour acheter quelques meubles, passer au magasin de musique, et samedi on ramène le fourgon et je dois récupérer ma caisse, mon vélo, et quelques affaires chez mes parents. Mais je peux me débrouiller seul, si vous voulez passer la journée ensemble.
- Merci mon coeur… Pourquoi pas?
- Ben alors Loulou, t’arrive enfin à t'en séparer une journée entière? Tu progresses…
- Je vais pas en mourir… Et puis… Ça fait une semaine qu’on passe nos journées ensemble… Elle a le droit de souffler un peu…
- Toi aussi…
- Merci ma p’tite Sab, ça fait plaisir…
- Sinon, on descend tous les trois, on se fait un aprem entre filles à Aix, puis on se fait une dernière soirée, si tu veux voir ton équipe une dernière fois?
- Ça me va… Merci mon Amour.
Avec l’aide de Sabrina, le rangement de l’appartement est beaucoup plus rapide, et nous pouvons souffler, en musique, et lui faire découvrir notre projet, les morceaux appris avec nos réarrangements.
La journée se termine à Briançon, avec Patrick et Caro, balade dans la vieille ville, resto, et patinoire pour changer un peu. Je les retrouve toujours avec beaucoup de plaisir, je leur suis reconnaissant pour tout ce qu’ils ont fait pour moi, leur gentillesse, leur accueil à chacune de nos visites. Nous prenons des nouvelles du reste de la famille, d'Alicia qui devrait venir passer quelques jours cet été.
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