En marche épisode trois… (suite)
Le lendemain, lorsque j’ouvre les yeux, le soleil n’est pas encore décidé à se montrer, je m’extrait en silence de la tente, enfile des vêtements chauds et commence à préparer le petit déjeuner dans un froid vivifiant tandis qu’à l’abri, on ronfle à tout va.
J’entends au loin les bêlement du troupeau qui se rapprochent tandis que les premières lueurs du jours m’honorent de leur présence et que je me dépêche de mettre fin au vacarme sous la tente.
- Ma puce… Debout…
- Putain mon coeur, tu peux pas me laisser dormir encore un peu?
- Je pensais que tu voulais profiter du lever du soleil…
- Quoi? Déjà?
- Ben ouais…
- Passe moi mes fringues, je veux pas rater ça…
Elle me rejoint quelques secondes plus tard pour venir se blottir contre moi, une grande tasse de café fumant entre les mains, les yeux rivés vers l’est, pour admirer l’apparition de l’astre solaire au-dessus des crêtes. Une nouvelle fois le spectacle est hallucinant, le paysage s'illumine petit à petit, la surface du lac s’embrase de mille feux, et les rayons viennent nous réchauffer immédiatement laissant s’élever quelques tourbillons de brume au-dessus de l’eau. Après un rapide brin de toilette, nous plions bagage, plus motivés que jamais après ce moment d'émerveillement.
- Désolée de t’avoir gueulé dessus toute à l’heure… Et merci d’avoir pensé à me réveiller à temps pour le spectacle…
- De rien, j’adore ces moments avec toi, quand tu viens te serrer contre moi pour avoir moins froid, et profiter du spectacle en silence… Ça change de cette nuit…
- De quoi cette nuit?
- T’as encore ronflé, je sais pas si y’a pas eu éboulement un peu plus loin…
- Bastardo!
- Moi aussi je t’aime, piccolo motore…
Je ne peux qu’éclater de rire devant sa mine renfrognée qui la rend tellement craquante, je doit me réfréner constamment quand l’envie me prend de la taquiner juste pour voir cette moue boudeuse s'afficher sur son si joli visage. Mais je connais aussi la meilleure façon de lui rendre le sourire.
- Ma puce…
- Quoi encore?
- T’es trop belle quand tu boudes…
- Sérieusement? Tu te crois drôle?
- Je te le jure… Tu me fais complètement craquer…
- C’est bon… T'as gagné, je te crois… Merci…
Après une tendre étreinte et quelques baisers sous les premiers rayons du soleil, nous levons le camp pour reprendre notre chemin, direction le lac Faravel. Nous avons passé le sommet de notre randonnée hier et nous entamons notre cheminement en légère descente au milieu de balcons rocheux naturels. Le sentier est cerné de plusieurs champs de cairns, et nous ne résistons pas à l'envie de laisser une trace de notre passage. Nous passons un trentaine de minutes à ramasser et empiler une bonne vingtaine de pierres pour obtenir un quelque chose de remarquable pour les futurs randonneurs, quelques coup de marqueur pour signer notre oeuvre et nous terminons notre première étape de la journée en arrivant au second lac, à peine plus d’une heure après avoir quitté le premier.
Le calme de ce second lac est propice à l'émerveillement et à la contemplation, il est plus encaissé que le lac Palluel, surplombé de toute part par des falaises et des crêtes rocheuses où se terrent les marmottes que nous nous plaisons à traquer pour quelques clichés.
Le retour vers Dormillouse est plutôt agréable, le départ depuis le lac Faravel un peu piégeux dans les pierres et les rochers, en bord de précipice, laisse place à un joli sentier traversant les alpages, avant de retrouver un pente plus marquée dans le sous-bois, jusqu’au hameau que nous rejoignons en fin de matinée pour retrouver notre place en terrasse et déguster un nouveau délicieux repas maison.
- Alors les jeunes, bien baladé?
- Évidemment, quelle question! C’est un régal pour les yeux.
- Vous avez dormi là-haut?
- Oui, au bord de Palluel, le lever de soleil de ce matin était magnifique.
- Vous m’en direz tant… Vous en avez du courage pour partir comme ça…
- Ça vaut vraiment le coup, et puis on n'est pas encore dérangé par les touristes.
- Je vous sers la même chose qu’hier?
- Avec plaisir.
- L’apéro, c’est pour moi, vous êtes tellement sympathiques.
- Merci beaucoup.
Après un bon repas et une petite sieste dans un pré, à l'ombre d’un immense pin, nous sommes tellement en forme que nous décidons de déroger à notre itinéraire initial pour terminer notre périple par le sentier des cascades, une bonne douche sous notre cascade préférée et un peu de bronzette avant de retrouver le confort de la voiture.
J'apprécie de plus en plus la vie ici, avec elle, toutes ces habitudes qui ont pris place dans notre quotidien, la chance de pouvoir déroger à notre programme à la dernière minute, les séances de sport le soir, notre sortie hebdomadaire au spa, nos randonnées suivant nos envies, cette vie à deux dont je ne pourrais plus me passer désormais.
- On reviendra avant l’hiver?
- Quand tu veux mon coeur, tu sais que j’aime particulièrement ce coin, et puis ces lacs, je me souvenais que j’avais apprécié y venir quand j’étais gamine, mais c’est encore plus beau que dans mes souvenirs…
- C’est vrai que c’est magnifique, à chaque fois qu’on vient ici j’en viens presque à regretter d'être obligé d’aller bosser tous les jours… Je crois que je pourrais vivre ici…
- T’es malade ou quoi? Tu te vois vraiment la haut en plein hiver? Et puis maintenant qu’on a les plans de la maison et qu’on attaque les travaux bientôt, tu comptes pas sur moi…
- Euh… T’as raison, l’hiver ça serait pas possible pour moi… Puis, pour faire du vélo, c’est pas pratique…
- Voilà une bonne raison de rester à Saint Crep’... Sinon je serais obligée de te supporter H-24 pendant presque cinq mois…
- Ça fait plaisir…
Dans un éclat de rire nous avons pris tranquillement la route de la maison, pour terminer paisiblement notre week end sur la terrasse, avec notre rituel: en chantant, autour d'une bonne bouteille de rosé et d’une succulente pizza, encore grisés par les souvenirs de ce superbe weekend au grand air et les images de ces paysages magnifiques en tête.
Annotations
Versions