Premières rencontres…
Avant de commencer, elle m’ouvre la couveuse et retire les différents tubes et appareils, puis me propose de prendre ma fille.
Lorsque j'approche ma main de la sienne et que, par un simple réflexe, elle vient serrer mon doigt, je ne pourrais jamais décrire ce que je ressens, et je n’ose plus bouger de peur de mettre fin à ce moment tellement émouvant.
Maladroitement, je prends l’initiative de la sortir de la couveuse et, sous les conseil de la sage femme, de la prendre contre moi pour un premier contact. J’en profite pour lui murmurer tout ce qui me passe par la tête à ce moment- là, tout ce que je ressens, mon bonheur, ma fierté…
Après l’avoir pesée, mesurée, prélevé quelques gouttes de sang, et toilettée rapidement, je lui enfile le pyjama rose que nous avions choisi, un petit bonnet trop mignon avec une licorne et un arc en ciel et nous pouvons enfin aller lui présenter sa maman, qui dort à poing fermés, pour une première tétée.
- Mon amour? T’es là?
- Hein? De quoi?
- Attendez, je vais vous aider à vous redresser légèrement, ne forcez surtout pas, vous risqueriez de faire sauter les points et de nous faire une autre hémorragie.
- D’accord, je vous laisse faire, de toute façon, j’ai pas la force…
- Voilà… Super… Je vous laisse tranquilles, si besoin je suis à-côté.
- D’accord. Tiens ma puce…
- De quoi?
- Ta fille a faim…
- Ma… Mon dieu… Mais… Ma petite chérie…
Je sens immédiatement son émotion, qu’elle laisse s’exprimer pour une fois, n’ayant pas la force de se contenir, et de retenir ses larmes de joie et de bonheur. De mon côté, je profite de ce spectacle si touchant, de ma fille et de sa mère les yeux dans les yeux, nouant leur premier lien, tandis que Chou m’imite en lui murmurant toutes sortes de paroles bienveillantes et douces.
Rapidement, sentant que le repas est à portée, Cécilia se met à gémir pour réclamer sa première tétée, j’aide Charlène à s'installer plus confortablement puis la laisse positionner notre rayon de soleil pour son premier repas. Elle ne met pas longtemps à comprendre le fonctionnement et les bruits de déglutition qui nous parviennent nous rassurent sur son état de santé et son appétit.
De mon côté, je contemple la scène de notre bébé tétant goulûment, tout en serrant dans sa minuscule main l'index de sa maman qui ne peut plus détacher le regard de la princesse, souriant niaisement de bonheur.
- Merci mon coeur… J’en reviens pas… Elle est tellement belle…
- T’as super bien bossé ma puce, je suis tellement fier de toi… Elle te ressemble… Je trouve…
- Je sais pas… Elle a ton regard… Tes yeux… Et ton appétit…
- Et ton magnifique sourire… Je suis le plus heureux des hommes… Grâce à toi.
- T’y es un peu pour quelque chose quand même…
- C’est vrai, je t’ai supporté pendant neuf mois… Mais ça en vaut largement la peine…
- Merci… Je suis tellement heureuse que tout se soit bien passé.
- Bien passé? Tu trouves?
- Ben on est en bonne santé toutes les deux, non? Ca a été un peu rock’n roll, mais au final on s’en remettra.
- Vu comme ça…
- Bon tu m’as pas dit. Taille? Poids?
- 3kg 940 pour 57cm… Un sacré beau bébé…
- Ah oui! Oh… Je crois qu’elle a fini… Aide moi à la changer de position, que je lui fasse faire le rot.
Après une arrivée mouvementée, la rencontre avec son papa, une auscultation plutôt désagréable, la découverte de sa maman, un repas copieux et un grondement sonore, Cécilia se pose tranquillement au creux des bras de sa mère, qui n’arrive plus à lutter et s’endort immédiatement.
J’en profite pour récupérer la petite princesse, rassurer Charlène qui a sursauté, et, avec l’autorisation de la sage femme qui veille encore sur nous, sortir quelques minutes dans le couloir pour rejoindre nos parents qui piaffent d’impatience. Mes parents ont fait le trajet immédiatement après mon coup de fil et viennent juste d’arriver, je suis heureux de les voir, et fier aussi.
- Coucou, je vous présente Cécilia…
- Dio Mio!!! Che bellissima!!!
- Qu’est ce qu’elle est chou…
- Ecco Nonna Caro, et Mamie Adèle… A côté, Papy Patrick et Pépé Renaud…
- On peut faire une photo?
- Oui mais juste une, tous les quatre et elle file au lit… Elle a besoin de repos…
J’ai laissé les grand-mères se partager ma fille, les grands pères s’installer à leur côté, et vite fait quelques photos avec mon téléphone avant de les quitter quelques minutes pour reposer Cécilia dans sa couveuse, non sans avoir déposé un baiser sur son front.
La sage femme m’a remercié de ma rapidité, remis en place les appareils de surveillance, tandis que la puce s’est endormie immédiatement, et j’ai pu filer rejoindre nos parents dans le couloir après avoir déposé un baiser sur le front de Charlène qui dort profondement.
Je profite d’avoir les mains libres pour les enlacer un par un, remercier Caro de sa présence rassurante, et mes parents d'être venus immédiatement, même si ma première envie a été de les engueuler pour avoir fait la route si tôt.
- Alors? Comment tu te sens?
- Je sais pas vraiment… Heureux, fier, fatigué, déboussolé, soulagé…
- Et Cha?
- Elle dort paisiblement, elle a besoin de récupérer…
- Merci d’avoir si bien réagi Lou, je savais qu’on pouvait compter sur toi pour prendre soin de ma fille, t’as eu le bon réflexe en appelant le SAMU plutôt que de prendre la route…
- De rien, c’est la première chose qui m’est venue, quand elle m’a réveillé, que j’ai vu son état…
- C’est ce qu’il fallait faire…
- Et vous? Vous vous sentez comment?
- Notre première petite fille… Tu veux qu’on se sente comment?
- Et nous, on a pu la voir quelques minutes seulement après sa naissance, forcément heureux…
Je prends encore quelques minutes avec eux malgré l’impatience, pour les raccompagner jusqu’à leurs voitures, je donne les clés de la maison à mes parents, pour qu’ils s’installent et se reposent un peu.
Au retour, je me pose quelques minutes sur un banc, pour lancer quelques mots vers le ciel.
“ Coucou ma belle… Voilà… C’est fait… Tu as une petite fille de plus sur qui veiller et je sais que tu le feras avec attention. J’espère qu’elle sera digne de son prénom… Je suis désolé de pas rester plus longtemps, mais elle me manque déjà…"
Puis je rejoins Charlène et Cécilia juste à temps pour leur transfert vers leur chambre.
- Ça va mieux?
- Un peu oui, je pense que les effets de l’anesthésie commencent à se dissiper. Merci pour tout mon chéri, t’as assuré.
- De rien, j’ai fait ce que j’avais à faire, j’ai pas réfléchi en fait.
- Et?
- Et quoi?
- Ben je sais pas, t’es content?
- Plus que ça… Je sais pas comment te dire… Ému, ça c’est sur… Comme les grands parents…
- Ils sont tous là?
- Ils sont passés toute à l'heure, mais je les ai renvoyé se reposer, surtout mes parents, ils ont pris la route dès que je les ai appelé…
- Ils ont pas pu attendre…
- Bien sûr que non… Tu les connais…
- Et bon anniversaire mon chéri… Je suis désolée, j’ai pas eu le temps de m’occuper de ton cadeau…
- Tu parles, tu l’a couvé pendant neuf mois mon cadeau, tu pouvais pas trouver de plus beau cadeau…
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