Chapitre 30 : D’autres Horizons !

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Baigné dans la clarté douce des candélabres, le somptueux sanctuaire des Darck resplendissait. Les flammes d’or se reflétaient sur le velours des tapisseries, sur les trésors scintillants et les cristaux étincelants. Dominant l’immensité de l’espace, une table d’ébène s’érigeait, luxueusement garnie, cornucopie de mets exotiques, d’épices aux couleurs enchanteresses et de carafes débordant de liqueurs distillées depuis des mondes éloignés.

Nasëem, au charisme envoûtant, dégageait une aura de mystère hypnotique. Son sourire, espiègle et énigmatique, ajoutait des notes intrigantes à la symphonie de la conversation. Il dégustait avec l’indolence d’un dandy, son influence injectant une classe indéniable aux festivités.

À sa droite, Kaëlle imposait une présence aussi robuste et paisible qu’une montagne. Le feu de sa volonté se lisait dans sa posture. Sa franchise sans filtre et son dévouement inébranlable à ceux qu’elle aimait n’étaient que quelques facettes de son diamant brut de charme.

Gaïa, fleur vibrante de jovialité, greffait une touche d’exubérance contagieuse à l’assemblée. Son rire limpide et sa répartie retenaient l’attention des convives, la faisant briller tel le joyau le plus précieux de la soirée.

Aëgir dégageait une prestance à la fois tranquille et souveraine. Son esprit réfléchi était le miroir d’un visionnaire, toujours en quête de défis à relever et de rêves à concrétiser.

Alors que le banquet atteignait son apogée, la Créatrice se leva, puis déclara :

— Vous vous préparez à transpercer le voile vers la dimension d’origine de vos parents afin d’accomplir votre incertaine destinée.

À son tour, Enlil annonça :

— Cependant, avant cela, une épreuve solitaire face à votre élément vous attend au sein de l’Éterna, cette nuit même.

Sachant parfaitement qu’il s’agissait peut-être d’un au revoir déchirant, ils s’éclipsèrent pour permettre à la famille de savourer cet instant ultime. Malgré les protestations émises, Les Darck restèrent fermes dans leur décision de ne pas laisser Caïn et Ëlara quitter Khalarie, animés par la peur d’une éventuelle interférence. En guise de justification, ils révélèrent leurs multiples incursions dans les trames temporelles. Dans la majorité des cas, leurs présences s’avéraient la source d’échecs cuisants.

À minuit, ils traversèrent des vortex distincts pour se réunir au sein du sanctuaire monacal. À peine le quatuor eut-il émergé, que les saisons vinrent l’imprégner. Ainsi, de nouveau, l’Eterna se substitua au jardin.

Sur cette plaine magnifiquement désolée, l’Arbre à Régalia maudit créé par Dieu se matérialisa, répondant à une impérieuse convocation, un spectacle mis en valeur par la lune de sang. C’était le début d’une véritable odyssée, une promesse d’espoir, de défis et de mystères à résoudre.

Les trybrides se tenaient, droit, imposants. Intuitivement, ils surent qu’il était temps de le nourrir. D’un même élan, les paumes se tendirent et les essences primales se déversèrent. De vives flammes jaillirent, entourant ses rameaux, tandis que la branche prenait une consistance solide, transparente et teintée de rouge éclatant. S’ensuivirent des racines puissantes, qui l’encerclèrent. Des émeraudes s’incrustèrent le long des scions, symbole de force et de fertilité. Aëgir le borda d’une cascade scintillante, où les gouttes d’eau se condensèrent sur les feuilles pour former de minuscules cristaux fluorescents. En tant que composant liant, le pouvoir de Nasëem imprégna l’ensemble pour stabiliser ce glow-up.

Ses tiges s’étendaient en se drapant d’une écorce translucide, révélant un intérieur orné de particules. L’essence des quatre s’accumulait dans son tronc pour se diffuser jusqu’à ses extrémités.

Soudain, des poires de Karistal enrobées d’une brume obscure émergèrent. À l’instar d’Abel, il y a des éons de cela, ils en cueillirent chacun une. Alors l’Arche apparut.

Lorsqu’elle l’eut franchi, Kaëlle se tenait face à un brasier sauvage, un défi incandescent. Une résolution inflexible le baigna, elle était prête à démontrer sa domination sur son élément. Des vagues d’incendies dévastatrices roulaient, consumant tout sur leur chemin, créant une présence intimidante.

Son épiderme s’imprégnait de la chaleur ambiante. Paupières scellées, elle établissait un pacte intime avec l’astre solaire. La lave en ébullition aspirait à la submerger, à l’asservir, mais la jeune femme détenait une communion sans pareille avec le phénomène de la combustion. Enlil, lui aussi détenteur de ce pouvoir, avait forgé cette connexion jusqu’à la racine de son esprit.

Hélios rugissait au travers de ses explosions d’une furie indicible, mais la sorcière déployait une agilité de panthère et une grâce insoupçonnée. Sa maîtrise et son anticipation du courroux digne de l’enfer rendaient cette salsa mortelle presque poétique par son élégance.

Au cœur du chaos, une créature vociférait, projetant des sphères de magma dans toutes les directions. Cependant, Kaëlle, toujours stoïque, les déjouait. Sa dextérité s’affirmait dans ses actions, qui illustraient la perfection de l’art de la guerre.

Au terme de cet affrontement d’une brutalité inouïe, elle parvint finalement au sanctuaire de l’astre, où régnait le Phoenix, resplendissant de majesté. Les plumes irradiantes invitaient notre héroïne à succomber à leur emprise dévastatrice. Pourtant, elle résista, demeurant immobile, s’opposant à l’ensorcellement. Une fois apaisé par la réalisation qu’elle ne cherchait pas à lui nuire, il se calma. Elle s’approcha, caressa doucement son bec. Bouleversé par sa bonté, l’Oiseau laissa une larme sur sa peau. Alors la légendaire entité se transforma en une spirale orangée et vint fusionner avec sa réincarnation humaine, comme la Créatrice l’eut promis. Désormais, le corps de notre guerrière portait la marque vive du phœnix. Émerveillée par le phénomène, elle fut surprise par l’éclat incandescent se révélant.

Une tige ornée de rubis, des étincelles dansaient le long de la Régallia. Sans hésitation, la Sorcière s’empara de son prix, une vague lénifiante la submergea. C’était plus qu’un instrument, il s’agissait d’une extension de son être.

Tenant fermement sa baguette, Kaëlle émergea du ventre de la Terre. Un sentiment de fierté indomptable et de gratitude sincère l’envahissait. Elle avait triomphé, prouvé sa valeur. Son cœur battait au rythme des flammes qui la caractérisaient. Alors, elle s’estompa du décor, et apparue dans l’immaculé de l’Eterna. Nasëem se trouvait devant un orbe en lévitation.

Elle s’y attarda – le test de Gaïa s’imageait.

— Où est ta Régalia, frangin ? Et comment s’est déroulée ton épreuve ? 

Aussi froid et impassible que l’acier, il la toisa :

— Je n’ai pas encore passé la mienne. Mais je te félicite. La tienne fut un spectacle à voir.

Kaëlle le dévisagea, puis son attention retourna à la sphère de Karistal :

Trônant au pinacle d’un sommet escarpé en qualité de Pythie, Gaïa se dressait, sa sombre chevelure en cascade tourbillonnant au gré des bourrasques indisciplinées. Elle percevait les soubresauts telluriques, chaque frémissement étant une manifestation émotionnelle de son attachement et de son harmonie avec le sol. Ses poings fermés résonnaient d’une persévérance latente, prête à braver les défis herculéens qui la guettaient.

Agitant la montagne d’une fureur réfractaire, les secousses s’intensifièrent. Des pierres s’échappèrent de leur antre séculaire, dévalant les abrupts dans un concert de désordre. Elle plongea dans une méditation abyssale, centrée sur le courant de vie qui palpitait en son sein. Sa silhouette, en parfaite symbiose avec le globe, scellait un pacte aussi ancien que le cosmos.

Alors que les spasmes du terrain se faisaient plus pressants, la Pythie leva les bras vers l’éther, exprimant une ténacité absolue. Polarisant son mana, elle conviait l’âme primitive de la planète à s’associer à ce mambo déchainé. Des crevasses se formèrent à ses pieds, menaçant de l’engloutir.

Pourtant, Gaïa demeurait inébranlable. Elle sollicitait la sagesse millénaire de la Terre, canalisant sa puissance brute. Sa peau irradiait d’une lueur verdâtre, témoignant de son alliance sacrée avec l’élément. Warren s’était assuré de sa pugnacité durant l’éducation onirique. Elle resta de marbre, même lorsque les tremblements atteignirent un pic dévastateur, refusant de céder.

Soudain, les secousses s’estompèrent. Le silence enveloppa à nouveau la montagne, et Gaïa rouvrit les paupières. Devant elle, un bâton d’émeraude scintillait, sa clarté prophétique attestant de sa victoire. C’était le gage d’approbation des esprits de la nature, une preuve irréfutable de sa maîtrise des forces telluriques.

Sa main vers la baguette, ses doigts l’effleurèrent. Une déferlante l’inonda d’une puissance sans pareille. Elle entendit le murmure de la flore, dévoilant ses secrets les plus cryptés, révélant les mystères nichés en son sein.

Équipée de sa Régalia, Gaïa s’effaça du décor.

Alors que Kaëlle et Nasëem observaient la boule de Karistal, une rafale d’enthousiasme se laissa deviner. La Pythie rayonnait de joie. Sans avertissement, elle se précipita vers son frère et sa sœur, ses bras largement ouverts.

L’accolade déborda d’affection et d’amour. Bien que surpris par l’arrivée soudaine, ils acceptèrent l’étreinte avec plaisir et rirent à son exubérance.

Dans un élan de fébrilité, Gaïa se détacha et se trémoussa en une danse de la victoire, pivotant et tournant. En ricanant, elle présenta sa baguette d’émeraude.

Cependant, le Druide la réprimanda doucement. Un geste de la tête en direction de la sphère Karistal, où se déroulait l’épreuve d’Aëgir.

Le Mage affrontait une succession de vagues tumultueuses. Ce spectacle naturel testait sa maîtrise sur l’eau et son courage devant les mystères sous-marins. Son corps, modelé par le mouvement incessant de la mer, restait inébranlable, surplombant l’océan en furie depuis un promontoire rocheux. Les embruns l’aspergeaient de sel, pendant qu’il scrutait l’horizon qui générait de gigantesques raz-de-marée. Puis, dans un acte audacieux, il se lança dans le vide, s’enfonçant dans les remous. Ses bras fendirent l’écume à une vitesse stupéfiante, se mêlant à l’obscurité des abîmes.

Aëgir ne montrait aucun signe de peur. Une excitation sauvage montait face à ce défi. Ses muscles, taillés par un dur entraînement, réagissaient instinctivement, se propulsant avec habilité. Tel un atlante parmi les flots, il bondissait, plongeait, et resurgissait avec une facilité déconcertante, esquivant les assauts puissants de l’empire des ondes.

Les vagues se succédaient sans relâche, tentant de l’engloutir, de briser sa persévérance. Toutefois, il demeurait ferme, porté par la colère de la déferlante, surfant sur sa cime avec aisance. Petit à petit, une lueur bleutée imprégna sa chair, éclairant les abysses d’une douce célérité. Les eaux se calmèrent, apaisées par sa domination.

Un ultime tsunami. Aëgir se prépara. Élégant, il s’éleva, survolant la crête écumante. Le temps paraissait figé, alors qu’il flottait entre ciel et mer. Puis, avec une précision parfaite, il y atterrit, le domptant avec une grâce incomparable.

Au final, lorsqu’elle s’écroula, le Mage fut propulsé vers l’avant, son corps couvert de mousse marine. Des dauphins vinrent à sa rencontre, le guidant délicatement vers la surface. Aëgir remonta, une présence mystique se fit sentir. Il tendit la main vers cette source de laquelle surgit un sceptre d’une splendeur inattendue, brillant de la pureté et de la fluidité de l’eau. Un lien immuable se créa entre eux.

Un sentiment de paix l’enveloppa alors qu’il le levait vers le ciel. Le vent lui murmurait à l’oreille, portant les échos d’une sagesse ancestrale. L’océan se calma, et la tempête céda sa place à une mer d’huile ; conséquence de sa volonté. Il devinait les courants marins, les marées et les vagues obéiraient à son commandement.

Aëgir intégra l’immaculé Eterna. D’un moulinet du poignet, il remplaça son short de bain par un costard azur. Malgré son caractère taciturne, un battement de cil jovial fut sa réaction face à l’accueil de sa fratrie.

Il se tenait désormais face à l’orbe de Karistal, quand l’atmosphère évolua brusquement. La Créatrice surgit. Sa voix, à la fois harmonieuse et robuste, résonna :

— Nasëem, fils du vent, ta destinée se voit à l’orée de sa concrétisation. Ta Régalia, cette fontaine intarissable de puissance, se révélera en temps voulu. Lilith, ta grand-mère, la protège, mais ses veines sont infectées par l’ombre des ténèbres. Il te faudra user de sagacité et de prudence envers elle, car son rôle sera crucial dans l’accomplissement de ta quête.

Submergé par un tourbillon d’émotions contradictoires, il ressentit une vague d’angoisse mêlée d’excitation. Percevant son trouble, Kelly posa une main réconfortante sur son épaule, apaisant ses inquiétudes.

— Va. Trouve ta Régalia et surmonte les obstacles qui se dresseront sur ton chemin. Lilith pourra t’aider, mais souviens-toi de me demeurer fidèle. 

Tandis que le Druide acquiesçait, Kelly s’assit dans le vide et croisa les jambes élégamment, puis enchaina :

— Vous êtes les légataires d’une lignée ancestrale. Puissent votre courage et votre ténacité ne jamais faiblir, car votre destin est de triompher pour revenir un jour en ce royaume.

Observant le tourbillon doré apparu, les Quatre partagèrent une accolade chargée de confiance et d’amour fraternel, avant de rediriger leur attention vers leurs géniteurs. Dame Nature et Caïn les contemplaient depuis l’extérieur à travers une brèche, porteur d’une fierté empreinte de tristesse.

Retenant son amertume, la mère leva les bras et cria :

— Protégez-vous !

De son côté, Caïn, l’ombre de la dualité, déclara :

— Que la force qui coule en vous, puisée des ténèbres et de la bonté, soit votre guide et votre bouclier dans ce voyage périlleux !

Empli d’une résolution inébranlable, le quatuor s’éleva et s’orienta sans vaciller vers le maelstrom étincelant. Après une promesse muette de se retrouver, ils traversèrent le seuil du portail.

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