Horreur sans nom (inspiré de "Heirate mich" de Rammstein)
Comme chaque nuit depuis un an, Abel ce rendait dans le cimetière de l'église du village. Il portait encore et toujours le deuil de sa bien aimée Mariette.
Chaque soir, il se glissait furtivement à la faveur de l’obscurité. Depuis l'enterrement de sa tendre moitié, l'homme c'était retranché dans sa maison et n'en sortait plus que pour faire quelques courses. Certains disaient qu'il était devenu comme fou et qu'il ne répondait pas aux appels, n'ouvrant jamais sa porte à quiconque. Il était seul et la tristesse l'avait fait sombré dans la dépression la plus totale.
Il avait troqué une vie diurne pour une vie nocturne. Il passait toutes ses nuits aux côtés de la pierre tombale de Mariette, la pleurant, priant peut-être d'être envoyé à nouveau au près d'elle. Lorsque le chant du coq retentissait, on le voyait rentré chez lui comme un vampire fuyant la lumière. Tel un animal solitaire, il retournait dans son antre, dans son malheur, attendant avec impatience la prochaine nuit où il pourrait retourner auprès de son amour perdu.
Un jour, il passa à un autre stade de sa folie. Il entra sans le cimetière au soleil couchant mais son besoin de revoir sa femme fut plus fort que toute la raison du monde.
Après avoir décalé la dalle de pierre, il commença par creuser à main nu la terre ensevelissant le cercueil. Il avait besoin de la voir, de reconnaître ce visage qui lui souriait autrefois.
Pour retrouver ce qui lui manquait tant, il alla jusqu 'à un point à peine imaginable pour un esprit sain. Il ouvrit le cercueil mais reconnut à peine ses traits décomposés. Il savait que c'était bien elle dans sa plus belle robe. Il commença tout d'abord par embrasser sa bouche froide et prit tendrement ses restes dans ses bras aimants. Sa peau, tel du papier se déchirait et des morceaux d'elle lui échappèrent. Encore une fois elle l'abandonnait.
La suite de ce qui s'est déroulé lors de cette nuit morbide entre dans un registre que d'aucun qualifierait de « faits divers », néanmoins, la dénomination appropriée serait « horreur sans nom ».
La nuit était chaude, il pleurait sur les restes presque éparpillés de sa douce Mariette. Lorsqu'il prit une décision qui allait marquer les esprits des habitants pour les décennies à venir. Il se déshabilla, nu sous les rayons lunaire accentuant la blancheur de sa peau parcheminée, fripée par l'âge et la décrépitude. Il dévêtit également son épouse défunte, dont le corps conservé par l'embaumement n'avait pas autant subit les affres du temps que ce qu'on aurait pu croire. Il s'allongea près d'elle et commença par la caresser. La suite de cette histoire n'a pas besoin d'être racontée pour comprendre l'horreur de son acte et le profond égarement dans lequelle il était plongé.
D'après le médecin légiste qui avait analysé la scène, Abel Müller avait eu un ultime rapport sexuel avec le cadavre de son épouse, Mariette Duchemin, avant de redéposer ses restes dans son cercueil. Deux coups de feu avait été entendu à l'aube. Le premier coup abattit le coq du fermier voisin de l'église, le second fut pour lui-même. Il s'était allongé dans le cercueil de sa femme et avait pressé la détente contre sa tempe pour enfin la rejoindre.
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