Mémoires d’ Eux
Tu me disais "je vais crever", moi sans voix, je te devais la vérité.
Tu étais leurs visages, leurs sourires. Tu avais leurs familles, leurs femmes, leurs enfants. Tu as eu les mêmes mots, les mêmes peurs, les mêmes pleurs. J’ai fait de mon mieux pour t’accompagner comme je le faisais avec Eux.
Ils étaient jeunes, vieux, de telle ou telle religion, de tel ou tel sexe, homme, femme, humain, ici ou ailleurs, c'était toujours le même regard, le même moment, le même silence juste une micro seconde, l'espace d'un instant, ce moment intime, privilège du partir. Le vivre avant de mourir. Seul ou accompagné, une dernière parole, un dernier baiser. Que tout soit réglé, que tout soit dit, avant de partir. En toute intimité. Mais quelle intimité ! Notre intimité, notre foyer, notre vie si semblable à la leur.
Tous, nous laissent une trace indélébile, dans nos souvenirs, nos gènes, nos murs, nos images où subsiste leurs images. Ton sourire immortel fixé sur le portait accroché au mur, comme un clin d'oeil à la vie. Profitez mes amis.
Autoriser l'Autre à mourir et le retenir. Et pourtant il faut bien vivre. Continuer malgré les maux, continuer à écrire ses mots. La douleur partagée, la douleur déchirée de perdre l'être aimé. Et continuer...l'absence, le manque, le silence et pourtant, continuer.
Ces visages, l'esquisse d'un sourire face à la certitude de leur finitude, ils se veulent rassurants, désespérants de souffrance, eux passent, nous restons.
Accepter l'inacceptable ? Vraiment ? Pourquoi ? Pour continuer, continuer à aimer. Théoriser le mourir pour mieux l'apprivoiser et recommencer.
Recommencer à accompagner, à vivre le mourir et aimer les vivants en te gardant, en les gardant Eux, en mémoire.
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