Couloir mortel
Je marche dans ce long couloir sombre que j'ai toujours refusé d'imaginer.
Au bout, les ténèbres. Derrière, la lumière.
Je sens des présences autour de moi, m'entourant, m'étouffant. Comme moi, ils craignent ce qui nous attend après la porte noire. On aimerait faire demi-tour, repartir en arrière, tout oublier... mais on ne peut pas. On doit continuer d'avancer. J'entends leurs souffles saccadés, je sens leur peur, leur angoisse. Mais c'est la mienne qui me ronge de l'intérieur, qui me tue lentement. Le guilleret de notre guillotine tombera dès lors que nous aurons passé cette porte.
À mes côtés, quelque chose cloche, quelqu'un n'est pas comme nous. Oui, cette personne est confiante. Peut-être qu'elle ne mourra jamais, ou peut-être est-elle déjà morte. En pleine réflexion, je n'ai pas vu les portes s'ouvrir. La lumière s'en échappant me l'a fait comprendre. Le troupeau craintif que l'on était est désormais désorganisé, violent, se bousculant pour aller à l'abattoir. Ils veulent sûrement en finir plus tôt. Mais pas moi. Moi, je veux continuer à vivre tranquillement, paisiblement. Je suis poussé, écrasé, compressé. Je n'ai pas le choix, je me vois obligé d'avancer.
Je quitte enfin les ténèbres, abandonnant mon enfance, mes espoirs. La lumière m'éblouit. Toutes les places sont prises. Il n'en reste qu'une, la mienne. Je m'y rends, méfiant quand j'entends une voix, sortie de nulle part, qui dit : « Vous avez une heure. »
Annotations
Versions