Bien lunée
Le palefrenier hurlait sous la lune. Ces cris primaux résonnaient dans mon ventre, marquant le rythme sourd d’un antique tambour. La main égarée entre mes cuisses, je m’imaginais courant nue dans la forêt, la peau fouettée par les branchages, appelée par ces grondements rauques.
Lorsque je demandai à Agueï si ce loup-garou là était dangereux, il lança que s’il n’avait bouffé le cul d’aucune jument à ce jour, c’est que le risque devait être minime. Je ne pus que rougir devant de tels propos. Mais cela ne m’empêcha pas de lui demander ce qu’un loup pouvait attendre d’une femme. « Qu’elle se comporte comme une chienne », fut sa réponse. J’allais découvrir que ce n’était pas tout à fait exact.
Ayant cru comprendre par les propos d’Agueï que Loargann attendrait de moi que je lui signifie clairement mes intentions, c’est d'un pas décidé que je me dirigeai vers les écuries. Il faisait lourd, une chaleur étouffante et moite. Il faisait plutôt sombre à l’intérieur et je clignai des yeux avant d’apercevoir Loargann. Il rafraîchissait la couche des juments avec de l’herbe odorante. Son parfum se mêlait à l’odeur fauve des écuries. Il s’arrêta et me fixa. J’enlevai alors ma légère tunique et me retournai contre le mur d’un box. J’amenai mes cheveux, collés de sueur, par-dessus mon épaule, puis plaquai mes mains contre le mur. Cambrée, j’attendais. Pendant de longues minutes, il n’y eut que la respiration des chevaux, le piétinement des sabots. Le bruit de la fourche reposée, puis de ses pas.
Je le sens dans mon dos. Son visage effleure à peine mes reins, puis mon dos et mon cou. Il hume, il s’imprègne. Un loup ne prend pas en levrette, car un loup n’est pas un chien, il n’a rien de commun avec un lévrier. C’est dire la sauvagerie de son étreinte.
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