8 mai 2021
La sonnette de l'entrée retentit. Merde. Qui que ce soit, il ou elle attendra. Il est 7h du mat', et j'ai du sommeil à rattraper. Je fourre ma tête sous le traversin et campe sous ma couette.
Mais de nouveau, la sonnette se fait entendre. Je jure intérieurement. J'attrape mon peignoir et descends les escaliers en courant. J'ouvre la porte en ruminant que l'heure est inadéquate pour sonner chez quelqu'un, quand je rencontre les yeux noisettes d’Alexandre Delgado. Il me fixe, incrédule. Aucun son ne sort de sa bouche.
_ Quoi mon pyjama ne te plaît pas ? lançais-je sèchement
Bon c’est un peu mal venu de ma part, vu le short noir en coton et le t shirt XL des yankees que j'ai mis par dessus. Je dois avoir l'air d'une vieille fille déprimée.
Il me dévisage de la tête aux pieds.
_ Eli tu sais combien j'adore tes pyjamas, ce n'est pas le problème. Il est calme mais je capte un soupçon de malice dans ses yeux. Je rougis.
_ Mais je viens te voir pour autre chose..
Le ton solennel qu'il emploie mets mes sens en alerte.
_ OK rentre.
Je claque la porte derrière lui et l’entraîne jusqu'au salon.
_ Je te fais un café ? demandais je en me dirigeant vers la cuisine.
Il s'installe sur le canapé, face aux dossiers éparpillés ici et là.
_ On a trouvé quelque chose chez Pelletier.
Je ne sais pas si c'est vraiment la phrase qu'il a prononcé, ou si c'est l'intonation grave qu'il a mis un point d'honneur à respecter, mais je sais que ce quelque chose est important. Très important.
Je fais volte face, et me recroqueville sur le sofa à coté de lui, entourant mes jambes avec mes bras.
_ Dis moi. Je t’écoute.
L'explication fut assez courte. OK, Pelletier n’était probablement pas très net. OK, Pelletier couchait avec Isabelle Marques. Mais comment se pouvait il, que les policiers de la scientifique aient trouvé dans ses affaires , des articles sur les meurtres de Ploumancah. Comment se pouvait-il qu'il possède des photos des victimes, des photos de mon père ?
Je commence à m'embrouiller. Ils n'ont pas pu se connaître, Pelletier n'a que 45 ans. Il n'est même pas né dans la région. Je m'agite sur le canapé.
_ Il a fait des recherches sur les assassinats de Ploumanach ? C'est une coïncidence bizarre ! Qu'est ce qu'il pouvait bien vouloir chercher ? Ou trouver ? Je sens que l’appréhension me gagne.
_ Calme toi Élisa. On ne peut pas faire d'hypothèses encore. Il me prend la main, et le contact de sa peau sur la mienne m'apaise.
_ Vous bossez tous dessus j'espère ? Il ne faut rien laisser au hasard ! Tout éplucher de la vie de Pelletier ! Du jour de sa naissance à sa mort.
Je me lève, envahie par mes émotions, et gagne la cuisine pour allumer la cafetière. Alexandre me suit et s'adosse au montant de la porte.
_ Tu vas réveiller les vieux démons Eli. Tu vas forcément découvrir des choses, qui vont te faire souffrir, et même t'anéantir.
Je m'agrippe au plan de travail. Non ne laisse pas les larmes monter , Élisa. J’essaie de me contrôler mais je sens que je perds pied.
_ Tu aurais dû laisser l'affaire aux collègues. Il se rapproche de moi.
_ Quoi ? Hors de question ! C'est à moi de m'occuper de cette affaire !
Alexandre me rejoins et en une seconde je suis dans ses bras.
Je tremble de tout mon corps, je sens que je ne peux pas lutter, c'est trop douloureux.
_ Je sais combien tu as à cœur d'avoir enfin des réponses, de connaître la vérité après toutes ces années. Mais si c'est trop difficile Eli, il faudra prendre des distances avec l’enquête.
Je sais qu'il a raison. Et pourtant je ne peux pas abandonner. Je ne peux pas abandonner papa.
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