14 mai 2021
Cette saleté de masque FFP2 me chatouille le nez. La crise sanitaire qui a sévit en France en 2020 laisse des marques. Entre autre, cette fichue mesure qui impose le port du masque dans les lieux publics, pour une durée encore indéterminée. Je soupire d’exaspération. Combien de temps devrons nous encore attendre..
Alexandre fait les cents pas dans la salle d'attente, ou la secrétaire du Colonel Foussot nous a demandé de patienter. Le bruit du ventilateur fixé au plafond me berce, et j'adosse ma tête contre le mur. Déjà 1h que l'on patiente .
La base militaire de Saint Malo, petite par la taille, mais grande par son centre d'archives , m'est totalement inconnue. Je n'avais encore jamais visité les lieux. Un de mes amis d'enfance, Loick, m'avait convié lors de sa remise de galons il y a 3 ans, mais je n'avais pu m'y rendre a cause de mes examens.
Je prends mon portable et entreprends de lire mes derniers mails, quand la porte du bureau s'ouvre dans un bruit fracassant.
_ « Vous êtes le commissaire De Valentin ? »
Je pouffe de rire quand je vois le colonel s'avancer vers Alexandre pour lui faire signe d'entrer .
_ « Euh non pas exactement » bafouille t-il.
_ « Bonjour mon Colonel, j'ai peur qu'il y ai confusion, je suis le commissaire Elisa De Valentin . »
Il me fait signe d'entrer et de prendre place sur la chaise face à son bureau.
- « Je n'ai que très peu de temps, commissaire. Expliquez moi les raisons de cet entretien. »
Antipathique. Désagréable. Ça commence bien.
Je sors mon portable, et lui montre mon ordre de mission signée du juge.
_ « Nous enquêtons sur un meurtre. Et plus exactement sur le triple meurtre de Saint Quay. »
Le colonel Foussot reste impassible. Il se tient droit comme un i dans son fauteuil. Ses décorations accrochées à sa veste d'uniforme, ne bougent pas d'un poil. Je l'observe attentivement, je guette ses respirations, tellement il paraît figé comme une statue de pierre.
Alexandre, lui, continue d'expliquer que nos investigations piétinent, mais que le légiste et la criminelle ont retrouvé l'arme dont le calibre est à l'origine des balles. Et que cette arme provient de la base ou nous nous trouvons.
Foussot écarquille les yeux.
- « Je ne suis sur la base que depuis 4 ans et demi. Et aucune arme répertoriée n'a disparu depuis que je suis au commandement. Vous faites fausse route j'en ai bien peur»
Cet homme est vraiment hautain , et son air me glace le sang.
- « Nous savons que cette arme à été fiché manquante dans les archives militaires. Nous avons sa déclaration de perte. Elle date de 1997. »
Le colonel éclate de rire. Un rire sarcastique, un rire moqueur.
Alexandre me regarde en coin, attendant que je mette fin au supplice de notre entrevue avec cet odieux personnage.
- « Ecoutez j'ai des obligations, je ne vais pas perdre mon temps avec une enquête de police, pour retrouver une arme perdue il y a plus de 20 ans.. »
Je me lève calmement et repousse ma chaise contre son bureau.
- « J'ai un mandat de perquisition qui nous autorise à fouiller les archives et à mener l'enquête au sein de la base. »
Je marque une pause et fait signe à Alexandre de me suivre.
-« Des officiers de la police judiciaire seront là dès demain à la première heure. Nous comptons sur votre entière disponibilité pour que tout se déroule au mieux. »
- « Mes respects mon colonel » ajoute Alex solennellement
Je referme la porte et me retiens d'éclater de rire.
Nous regagnons la voiture sur le parking coté aérodrome.
_ « Mes respects mon colonel ? Sérieux ? » je pouffe de rire et m'installe dans la voiture.
- « Eli.. te moque pas ! » grogne t il en ôtant son masque
L'air se charge d'un courant électrique.
- « Tu fais quoi ce soir ? » demandais-je.
Il attache sa ceinture et me fixe un instant.
- « Rien de spécial. »
Un silence s'installe, mais je sens les doigts d'Alex se poser sur ma nuque pour me caresser tendrement. Le contact me fait frissonner.
- « Reste avec moi » soufflais-je, en tournant la tête pour appuyer ma joue dans la paume de sa main.
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